Etat des globes avant leur traitement
La construction et les matériaux utilisés étant pratiquement identiques, les observations et le constat d’état ne sont pas différenciés pour les deux globes. Dans certains cas, lorsque des différences sont observées, elles sont alors précisées.
Construction générale
La sphère du globe terrestre est légèrement descendue sur son axe métallique ; elle est donc décentrée par rapport à l’horizon de bois. La sphère du globe céleste présentait le même problème, mais sa position a été corrigée lors d’une précédente restauration par l’ajout d’un petit anneau métallique la rehaussant. Malgré tout, les sphères ne sont pas centrées, elles s’appuient et frottent contre l’intérieur de l’anneau de bois.
La pointe de l’axe métallique du globe terrestre est cassée.
Les méridiens sont oxydés et tachés. Lors d’une précédente restauration, ils ont de plus été vernis (principalement la tranche) de manière très irrégulière, d’où la présence de coulures.
Epreuves imprimées
Les segments de papier se décollent légèrement aux jointures, probablement à cause d’une tension importante dans les couches de vernis. Le papier décollé est fragilisé ; des manques sont constatés dans ces zones, mettant à jour la préparation de craie sous-jacente. La surface présente également quelques griffures, dont la majeure partie a été provoquée par l’utilisation des globes (déplacement du glissoir le long des latitudes).
Les couleurs sont dégradées ; elles ont perdu en intensité et les verts ont souvent viré au jaune-brun. Les usures peuvent être dues à l’utilisation des globes au cours du temps et à leur altération naturelle, mais elle peut aussi avoir été aggravées par le nettoyage du vernis lors d’une précédente restauration.
Surfaces
Le vernis extérieur, qui n’est pas d’origine, est en plutôt bon état mais oxydé ; il présente une coloration jaune marquée. De plus, par endroits, la surface est usée et le vernis a presque totalement disparu. Dans ces zones, la surface du papier, qui n’était plus protégée, s’est encrassée fortement. Ce vernis présente également des zones mates.
Les restes du vernis plus ancien sont très oxydés et forment des taches foncées dans les creux du papier.
Epreuves imprimées
La couche de papier collée à l’horizon de bois est fortement abimée, bien plus que celle des sphères. Cela s’explique par la position horizontale de cette surface qui facilite l’accumulation de saleté. Cette zone a probablement aussi été très sollicitée lors de l’emploi des globes.
En particulier le long des bords, le papier se décolle et gondole. Des déchirures et de nombreux manques sont à déplorer, allant parfois jusqu’à 6 cm2. La surface imprimée est aussi fortement usée et abrasée au point que l’encre a par endroits disparu et qu’il ne subsiste qu’une très fine couche de papier.
Des dégâts d’eau ont provoqué une migration de la saleté et des taches d’humidité.
Surface
Le vernis est fortement oxydé et bruni (bien plus que le vernis de la sphère). La surface de l’anneau est très sale, particulièrement dans la bande non vernie où la saleté s’est accumulée de manière extrême dans les fibres du papier, au point que le texte est souvent illisible sous la crasse. Cette couche est si épaisse qu’elle s’est détachée par endroits, emportant avec elle la surface du papier.
Des gouttes de peinture blanche tachent la surface, notamment celle du globe céleste.
Bois
Le bord en bois de l’anneau est usé, avec par endroits des usures plus profondes, des manques ou même des fissures. Ces fissures, parfois traversantes, ont été partiellement fixées à l’aide de petits clous (pas originaux). Pour l’instant elles ne présentent pas de risque pour la stabilité de l’anneau.
Les assemblages en queue d’aronde ne sont plus à niveau et se marquent souvent au travers de la couche de papier.
L’anneau, comme le socle, a été démonté puis remonté. Une queue d’aronde du globe céleste a été remplacée par une pièce métallique (pas originale). Le bord tourné a été surpeint à la peinture noire opaque. Cette couche de peinture recouvre parfois d’anciennes usures du bois.
Le bord tourné noir est taché de traces de peinture blanche et turquoise.
Lors d’une précédente restauration, les socles ont été démontés puis réassemblés à l’aide de colle, de tourillons, de clous et de vis et de pièces en métal. Pour ce faire, l’emplacement des colonnes a été marqué et numéroté de 1 à 4 à la craie rose.
Les tourillons, assemblant les colonnes à l’horizon ont été remplacés et les joints recollés. Cette restauration est peu respectueuse des assemblages originaux et le collage est grossier. Des bourrelets de colle débordent des joints et les pièces ne sont pas toujours à niveau, les planches de la base circulaire par exemple sont légèrement décalées. Les parties noires du socle ont également été grossièrement surpeintes. Il est difficile de savoir quelle était la couleur d’origine de ces parties, mais elle était probablement beaucoup moins épaisse et couvrante que l’actuelle.
Les socles présentent également des usures naturelles, particulièrement le long des bords et dans les coins. Une partie de ces usures se trouve recouverte par les surpeints noirs.
La couche colorée au motif rouge-vert est très réduite et des pertes jusqu’au support de bois sont à déplorer.
Les aiguilles des boussoles ont disparu, tout comme le verre qui les recouvrait probablement.
Sur la base circulaire du globe céleste, on trouve les restes de colle d’une ancienne étiquette.
Pour en savoir plus
- Les globes de Mercator de l’Université de Lausanne. Observations matérielles. Constat d’état. Rapport de conservation-restauration : Atelier et laboratoire de l’Institut suisse pour l’étude de l’art SIK-ISEA, N° réf. 141110 0002 : 01/02, octobre 2015, Margaux Genton, Zürich.