Cheval de bronze, prêt du Département de la Justice, de la Police et des Affaires Militaires
Le cartel accompagnant la sculpture du cheval de type classique en bronze peut nous laisser sceptique. D’abord pourquoi le Département de la Justice, de la Police et des Affaires Militaires posséderait une sculpture en bronze d’un cheval classique et surtout, pourquoi l’aurait-il déposée à l’UNIL? Un entretien réalisé avec l’ancien Recteur de l’Université, Pierre Ducrey (vice-recteur de 1983-1987, recteur de 1987-1995) et le Professeur honoraire, Claude Bérard – aujourd’hui retraité – nous a permis d’en savoir plus sur l’histoire de ce prêt.
D’un point de vue descriptif, la sculpture représente un cheval fin et athlétique en mouvement. Sa patte avant droite est relevée et forme un angle droit tandis que le sabot de sa patte gauche effleure le socle. Nous voyons quelques nettes séparations de couleurs du bronze. Les pattes ainsi que la tête, plus foncées, semblent avoir été assemblées, soudées, à une partie originale, plus claire, qui aurait pu être antérieure.
En 1986, la sculpture est mise en vente, sa description officielle revendique son statut de sculpture originale classique d’époque. L’objet est alors au centre d’une escroquerie. Le Tribunal, dépendant du Département de la Justice, de la Police et des Affaires Militaires, demande une expertise de l’oeuvre. C’est un professeur d’archéologie classique de l’UNIIL qui s’en charge. Grâce à lui, les doutes éventuels sur l’authenticité de l’objet sont levés: il s’agit d’un vrai bronze, mais d’une fausse antiquité.
Selon la loi, les faux objets avérés lors d’une expertise doivent être détruits. L’Université propose alors de récupérer la sculpture afin d’éviter son élimination, lui trouvant une valeur suffisante pour lui épargner la fonte. Valeur décorative et valeur pédagogique: l’oeuvre a été utilisée à des fins pédagogiques dans le cadre de séminaire sur la question du faux et de la copie en relevant sur cette pièce ce qui permettait de la distinguer d’une oeuvre originale. En l’occurrence ici: sa patine, l’emplacement des soudures, et son format, trop grand. Le juge donne son aval et le cheval de bronze est déplacé à l’UNIL, puis installé dans les couloirs de l’Anthropole, au Niveau 4, et référencé comme « prêt » du Département. Mais cette dérogation comporte une condition stricte explicitée par le Tribunal: en aucun cas la sculpture ne devra faire l’objet d’une transaction financière, c’est-à-dire d’une quelconque vente. Le cheval de bronze échappe à sa sentence initiale, mais en revanche, semble écoper d’une condamnation à perpétuité sur le site de l’UNIL.
Lorena Ehrbar, assistante-étudiante en archives