L’Anthropole selon Claudia Renna

Les peintures de la série « UNIL »

Claudia Renna, série « UNIL », 2003, huile sur toile. Photo: © Lorena Ehrbar

Le Cycle UNIL est une série de peintures à l’huile réalisée en 2003 par l’artiste zürichoise Claudia Renna (1965) à l’occasion d’une exposition à l’UAC (l’Unité d’Art Contemporain, remplacée par le Cabanon en 2009), en collaboration avec le musicien André Décosterd (1967), qui met en écho les œuvres avec des sons expérimentaux. Les toiles représentent leur lieu d’exposition, c’est-à-dire le cœur du premier niveau de l’Anthropole.

Plusieurs étapes se succèdent avant la production effective des œuvres peintes: en 2001, Claudia Renna aborde le projet par une phase d’observation et d’imprégnation du lieu, des gens qui l’habite, de l’atmosphère qui y règne. Les œuvres de l’artiste François Burland épousent alors les murs de cet espace, on les retrouve peintes dans les pièces de Claudia Renna sous la forme de monochromes jaunes. Elle part ensuite plusieurs mois en Egypte, où elle se confronte aux paysages désertiques et à l’architecture du Caire. A son retour, elle peint les huit œuvres du Cycle UNIL – cinq grands formats, 110 x 140 cm, trois plus petits, 110 x 70 cm – et les inaugure en janvier 2003. Au terme de l’exposition, le Rectorat achète une œuvre, Claudia Renna fait don des pièces restantes à l’UNIL.

L’artiste explique qu’il est possible que son voyage en Egypte et son temps passé dans le désert aient influencé l’approche évanescente qu’elle a choisi d’adopter pour les peintures de l’UNIL. Travailler sur une idée d’évaporation et d’évanouissement par ces teintes jaunes et vertes rehaussées de blanc, lui a permis de retranscrire la sensation qu’elle avait du lieu, c’est-à-dire de discerner à la fois le rez-de-chaussée de l’Anthropole comme un lieu de passage, tout en suggérant l’idée d’un endroit permanent, statique, dans lequel les étudiants s’installent. Claudia Renna propose des représentations d’un temps suspendu dans lequel domine l’architecture, anonymisant les figures qui y circulent. Dans cette perspective, il s’agit aussi d’un jeu, entre passé, présent et futur : qu’est-ce qui a été, qui est et qui adviendra ?

Presque quinze ans après la réalisation de cette série, Claudia Renna évoque un autre point important de l’exposition de 2003 à l’UAC: exposer dans un lieu universitaire permet de créer des liens, de faire des ponts entre les disciplines, entre le monde académique, scientifique et artistique. Une œuvre n’est pas autonome, elle prend du sens lorsqu’elle s’inscrit dans un réseau plus large.

Cette volonté de communiquer, de réfléchir autour de l’œuvre et grâce à elle, de diversifier ses possibilités est un chemin qu’emprunte encore l’artiste qui, très active sur la scène artistique romande, a diffusé récemment une vidéo couleur sans son, Mission Voyager 87, à l’EPFL. Influencée par l’astrophysique, elle propose un voyage dans l’histoire cosmique. Si les œuvres réalisées depuis 2003 tendent à se différencier les unes des autres – se distinguant par des préoccupations et des techniques multiples – un intérêt peut relier la majorité d’entre elles, celui du rapport au temps et à l’espace, qu’il soit infiniment petit, construit, ou infiniment grand.

Lorena Ehrbar, assistante-étudiante en archives