Dies academicus virtuel

Le dernier Dies animé par Nouria Hernandez

Cette cérémonie a été marquée par l’incertitude, à l’image de l’année écoulée sous la pression de la pandémie. La Rectrice Nouria Hernandez, dont c’était l’ultime Dies academicus avant de remettre au professeur Frédéric Herman les clés de la maison UNIL, a tenu à rappeler le moment le plus heureux de son mandat, à savoir la remise du Prix Nobel au professeur Jacques Dubochet en octobre 2017. Elle a aussi estimé que l’UNIL avait «énormément appris de la crise Covid» et pouvait se réjouir de sa capacité de résilience et d’innovation au cœur de la tempête. Un bémol indépendant de la volonté des hautes écoles et des universités : la situation incertaine de la recherche suisse en Europe. Et une conviction personnelle : la nécessité de trouver, en collaborant avec d’autres, des «solutions durables pour une humanité qui vit au-dessus de ses moyens».

D’autres moments forts ont été évoqués, comme l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), l’inauguration du bâtiment emblématique Vortex, la création des centres interdisciplinaires, le Centre de soutien à la recherche pour répondre aux exigences toujours plus élevées envers les scientifiques, le Graduate Campus pour l’encadrement de la relève, l’organisation de l’enseignement et des examens en ligne, l’extension du télétravail, les collaborations interinstitutionnelles comme l’Agora, qui rassemble plusieurs acteurs lémaniques autour des nouvelles thérapies contre le cancer…

Cette cérémonie virtuelle marquait de manière forte et visuelle le passage d’une Direction à l’autre ; elle a vu sa remise de prix chamboulée par la pandémie, puisque la plupart des récipiendaires se sont exprimés brièvement par vidéo, comme Caleb Abraham (Prix de la Ville de Lausanne pour sa reconstitution de la bibliothèque de l’académie dans le contexte des grands débats intellectuels et religieux du XVIe siècle), Moctar Dembélé (Docteur en sciences de l’environnement, spécialiste du bassin de la Volta, au Burkina Faso, récompensé par le Prix de la Société académique vaudoise avec la mention Lauréat de l’Université) ou encore la professeure à l’Université de Californie, Berkeley, Madame Bin Yu (Docteure honoris causa de la Faculté des HEC pour ses recherches en statistique et en data science, et notamment sa contribution majeure au développement du domaine du machine learning).

La Rectrice a souligné que tous les DHC 2021 étaient remis à des femmes et deux d’entre elles ont pu faire le voyage : la professeure à l’Université de Princeton, New Jersey, Madame Gerta Keller, qui a évoqué son enfance dans une vallée saint-galloise où cette fille de famille nombreuse a été détournée des études auxquelles elle aspirait, avant de partir faire un tour du monde puis de s’établir en 1968 à San Francisco, un lieu alors plus propice aux carrières intellectuelles féminines. Gerta Keller a reçu le grade de docteure en sciences de la Terre honoris causa et s’est réjouie de cette reconnaissance helvétique via l’UNIL. Elle est connue pour ses travaux sur l’extinction de masse du Crétacé-Tertiaire, son éclairage sur la disparition des dinosaures et son analyse de l’ampleur et du rythme de l’extinction et des changements climatiques associés.

Également présente, la linguiste Jacqueline Authier-Revuz, professeure émérite à la Sorbonne Nouvelle, a reçu le grade de Docteure ès lettres honoris causa pour avoir renouvelé l’étude du langage et de la manière dont les sujets se constituent dans la langue et les discours. Elle a trouvé à l’UNIL une institution conjuguant excellence et simplicité, où «l’hypersérieux» ne signifie pas «se prendre au sérieux».

À signaler encore la présence du professeur honoraire de l’UNIL et administrateur du Collège de France, le bibliste Thomas Römer, qui recevait le Prix de l’Université et qui a dit vouloir lui-même remercier l’UNIL, où il a pu effectuer sa brillante carrière en profitant d’une «ouverture», d’une «liberté d’esprit» et d’une «incertitude joyeuse qui encouragent la recherche». Enfin, c’était la dernière année de remise du Prix de l’État de Berne, dont le fonds aura récompensé 19 lauréats depuis son lancement et qui est allé cette fois à La Gustav, académie pour les musiques actuelles et son travail auprès des jeunes musiciens et musiciennes en provenance de toutes les cultures nationales. – NR