LA FÊTE DES VIGNERONS DE VEVEY : LES ARTISTES À LA FÊTE ?
Par Joël Aguet
Célébration [1] de la vigne et de ceux qui la cultivent, la Fête des Vignerons de Vevey n’entre pas dans la catégorie des festspiele. Il n’est guère possible pourtant de parler de ces derniers sans parler d’elle [2], bien qu’elle ne commémore aucun haut fait guerrier, ni ne fête de centenaire patriotique et se recrée au contraire selon une certaine périodicité. Si les historiques de cette manifestation sont nombreux, le bref récapitulatif qui suit examine les diverses occurrences de l’événement sous l’angle de la place peu à peu accordée aux créatifs et professionnels du spectacle. Comment se sont fabriqués artistiquement les spectacles des Fêtes des Vignerons de Vevey ? La douzaine de grands spectacles organisés depuis 1797, une fois par génération, montre en effet une lente évolution dans la prise en compte des artistes sollicités parce que l’expression est leur métier et que l’on fit de plus en plus appel à leurs capacités créatrices. Malgré la nette tendance à l’augmentation du nombre de participants et de l’ampleur de chaque manifestation, le pouvoir de décision ne leur a pourtant été délégué que bien lentement.
Du cortège…
Au début du dix-septième siècle, il existe à Vevey une «Abbaye de l’agriculture». Appelée Confrérie des Vignerons dès le XVIIIe siècle, elle se voue au bon travail de la vigne et ses membres visitent régulièrement les parchets en se réservant le droit d’intervenir pour remettre en état des vignes mal soignées ou laissées à l’abandon : comme le fait comprendre Bertolt Brecht au dernier vers du Cercle de craie caucasien, la terre appartient à ceux qui la cultivent. La Confrérie organise un cortège estival qui s’achève avec un repas offert aux travailleurs par les propriétaires. D’abord annuelle, cette réjouissance collective devient biennale puis triennale. Le banquet se tient tous les trois ans, dissocié à la fin du XVIIIe siècle du cortège qui ne se déroule plus que tous les six ans. Les défilés sont de plus en plus enrichis de figures mythologiques. En 1778, le cortège compte deux cents participants. En 1791, un char présente les quatre saisons, comme en témoigne la gravure en boustrophédon éditée pour décrire le cortège [Fig. 2] dont cette année-là, un dessinateur anonyme croque, de surcroît, sur un long rouleau de papier les figures du défilé, l’une derrière l’autre, avec leurs costumes et leurs attributs. Ce leporello resté unique, trésor du Musée de la Confrérie, servira de modèle pour la présentation des fêtes suivantes.
… au spectacle
La transition du défilé à une forme de représentation plus organisée passe par une concentration en un même lieu des éléments spectaculaires visuels, textuels et musicaux. En 1791, des places assises sont installées devant l’hôtel de résidents que l’on cherche à ménager et pour lesquels, comme en d’autres points de passage du cortège, les divers groupes s’arrêtent tour à tour pour des chants ou des danses. Six ans plus tard, la grande place du Marché de Vevey s’impose comme lieu de la représentation. Élu abbé-président de la Confrérie des Vignerons le 11 juin 1797, le médecin et pharmacien Louis Levade organise en deux mois un défilé qui se déroule le 10 août 1797, débouchant sur cette place devant une estrade dressée pour des spectateurs. Levade prononce là le discours de couronnement de deux vignerons, ainsi récompensés de leur travail tout au long de nombreuses années de soins, avant que soient entonnés divers chants choraux mêlés de danses. L’enchaînement des séquences suit pour la première fois l’ordre saisonnier : d’abord le printemps avec comme figure centrale Palès, déesse qui apparaît pour cette occasion; puis l’été autour de Cérès, la troisième étant l’automne de Bacchus. L’hiver était dominé par le personnage biblique de Noé – le premier des vignerons – et s’achevait par la noce villageoise.
En 1797, les textes chantés rassemblés sous l’autorité de Levade sont soumis – comme d’ordinaire – à la censure organisée par Leurs Excellences de Berne. En 1791, l’un des textes imprimés sur le livret fut rendu illisible par l’encollage de deux pages sur tous les exemplaires déjà imprimés, mais le Bailli n’avait pas imaginé que la chaise à porteuses de Cérès assemblerait «innocemment» les trois couleurs révolutionnaires [Fig. 3]. En 1797, il est donc interdit d’arborer le «bleu – blanc – rouge» et la teinte des habits portés par les figurants comme la décoration des chars et attributs est donc très surveillée. En revanche, comme on retrouve dans plusieurs fêtes ultérieures le bleu et blanc pour les costumes de Palès et des gens de sa suite [Fig. 4], qui s’oppose au rouge et blanc de Cérès et de ceux qui l’entourent [Fig. 5], on peut raisonnablement supposer qu’elles furent adoptées ainsi en 1797 pour répondre à la proscription des trois couleurs conjointes. Quelques mois plus tard, en janvier 1798, le Pays de Vaud fait sa révolution, déclare son indépendance vis-à-vis de Berne, puis devient, en 1803, l’un des cantons suisses.
1819 : première Fête du XIXe siècle
Après les révolutions, les guerres napoléoniennes et les années de disette du début de la Restauration, une génération a passé, mais des temps meilleurs s’annoncent enfin qui ouvrent une période propice aux réjouissances. La Fête de l’été 1819 est organisée en six mois, à nouveau par Louis Levade qui est resté abbé-président durant toutes ces années difficiles. Publiés en un petit livret de vingt-quatre pages [3], les textes des chansons apparaissent pour la première fois signés d’initiales indiquant une demi-douzaine d’auteurs différents (deux d’entre eux écrivent plus des trois quarts des textes). La musique arrange des airs connus. Le Ranz des vaches est chanté pour la première fois, en patois gruérien. Le spectacle fut présenté, le 5 août [Fig. 6] avec six cents figurants, devant trois estrades de la Place du Marché offrant deux mille places assises. Il dura un peu plus que prévu : le cortège ainsi que les danses présentées lors des stations en ville furent renvoyés au lendemain 6 août. En annexe à la Description de la Fête des Vignerons […] 1819, un leporello formé de huit gravures se déplie sur trois mètres et demi, mais ni les auteurs de la publication, ni le dessinateur ne sont nommés [Fig. 6].
1833 : première émergence d’artistes
Décidée fin mars, la Fête de l’été 1833 fut préparée en quatre mois et demi.Les noms des auteurs du livret restent dissimulés derrière des initiales peu transparentes. On sait néanmoins que la Confrérie confia la conception de la musique à Constantin et Samuel Glady (père et fils), parce que ceux-ci publièrent leur musique et le firent savoir dans la presse. Des costumes restent les reproductions des dessins de Théophile Steinlen [4], désigné dans les journaux de l’époque comme coéditeur du « tableau de plus de 50 pieds » qui relie habilement et, par la grâce du dessin, presque sans hiatus, tous les groupes successifs du cortège qui apparaissent tour à tour sur trente planches gravées de 50 cm de long appondues, ce qui donne effectivement un leporello de quinze mètres [Fig. 7, 8 et 9]. On peut lui attribuer aussi la vue générale en aquatinte de cette Fête, avec deux bateaux à vapeur à quai, derrière les estrades contenant en tout quatre mille places assises placées devant un grand plateau carré où évoluent les figurants, avec sur les deux autres côtés, des estrades accueillant plusieurs rangées de spectateurs debout [voir Fig. 1]. Pixérécourt rapporte que « tous les danseurs de cette fête ont fait venir des maîtres de Lyon, pour prendre des leçons de danse et de chant, pendant plusieurs mois de suite.» [5] Quoique menacée par une mobilisation aux frontières, la Fête rassemble 780 figurants pour les deux représentations les 8 et 9 août.
1851 : première Fête dans le nouvel État fédéral
Après la révolution des Radicaux qui ont donné au pays une nouvelle constitution plus démocratique, Jules Mülhauser [6], auteur dramatique proche de ce courant politique, est désigné par laConfrérie comme poète officiel. Il rédige douze des vingt textes inédits. Cinq autres sont signés par le «poète populaire» François Oyex [7], l’épique Albert Richard [8], le cosmopolite Marc Monnier [9] et le bienveillant John Petit-Senn [10], qui complètent l’aréopage littéraire. La musique est composée par le seul Franz Grast [11] de Genève. Les costumes sont dus à Pierre Lacaze [12], de Vevey. Les estrades de huit mille places sont disposées en trois parties, et l’arène rectangulaire ainsi délimitée est fermée au nord par trois arcs de triomphe servant aux entrées des divinités et des groupes de leur saison [Fig. 10 et 11] : un dispositif qui sera repris par les Fêtes suivantes. Répartis en six troupes – une par saison [Fig. 12 et 13], plus la troupe d’honneur et celle des Suisses – les neuf cents figurants donnent trois représentations les 7, matin et après-midi, et le 8 août. La conduite des chœurs et des orchestres est confiée à Ernest Maschek, ancien directeur des concerts helvétiques et les danses ont été répétées selon les consignes du maître à danser genevois Benjamin Archinard.
1865 : dans la continuité
En 1865, le délai de réalisation de la Fête passe à une pleine année. La commission littéraire de la Confrérie lance un appel général aux auteurs de la région et, très vite débordée par le matériel reçu, nomme à nouveau Jules Mülhauser poète officiel. Le plan des sujets et de leur succession ressemble donc à celui de la Fête précédente, mais à l’exception des emprunts traditionnels, tous les textes sont nouveaux. Semblablement, désignés pour la seconde fois, Franz Grast, Pierre Lacaze et Benjamin Archinard conçoivent respectivement à nouveau une partition, des costumes et des ballets originaux. Disposés en U et conçus par Louis Taverney, les gradins contiennent dix mille cinq cents places entourant un vaste quadrilatère s’ouvrant au nord sur trois portiques [Fig. 14 et 15] dessinés par Ernest Burnat [13]. À partir de cette Fête, le dernier groupe des vingt-et-un couples des Amis de la noce représentent chacun le costume traditionnel de l’un des vingt-et-un autres cantons suisses entourant les mariés vaudois. D’autres références seront plus fugaces, comme la tenue et les casques des musiciens de la troupe d’Honneur rappelant l’imagerie dixneuvièmiste des guerriers Gaulois ou Helvètes [Fig. 16].
Les mille deux cents figurants donnent trois représentations dont la musique est dirigée par Henri Plumhof [14], Allemand installé à Vevey dix ans plus tôt et rapidement adopté pour son activité incessante en faveur des fanfares et chœurs régionaux. Le leporello de près de cinq mètres dessiné par Heinrich Jenny [15] est édité à Vevey, lithographié à Soleure. Il montre des groupes virevoltant, avec une circulation en boustrophédon de trois lignes sur chacune des seize planches appondues. En cumulant les deux traditions de représentation du cortège, il reste tout à fait dans le goût des descriptions de fêtes et cortèges alémaniques de ces années-là [16]. Les appareils photographiques sont encore réservés à une élite, mais deux douzaines de grandes photographies réalisées par Francis de Jongh [17] ont conservé, dans leurs gaucheries, les attitudes corporelles de l’époque [Fig. 17]. Il réalisa aussi en atelier d’intéressantes petites photos de clients ou d’enfants en costume [Fig. 18 et 19].
1889 : musique prépondérante
La nouvelle Fête est décidée en Assemblée générale le 5 février 1888 pour l’été de l’année suivante. Au cours du printemps, la Confrérie fait appel à Hugo de Senger [Fig. 20], l’excellent animateur musical, enseignant et compositeur allemand établi depuis vingt ans à Genève, maître de Gustave Doret* [18] comme d’Émile Jaques-Dalcroze*. Il accepte la commande et jette toutes ses forces dans la conception de cette partition. Il s’éteindra quelques mois plus tard, mi-janvier 1892, à 56 ans. Pour le livret, la Confrérie compte à nouveau sur plusieurs plumes, sans qu’un rédacteur officiel n’apparaisse. Le responsable dut pourtant être Alexandre Egli [19], qui enseignait alors le français au Collège de Vevey: il signe six des vingt nouveaux textes, dont l’introduction et l’Hymne final. Parmi les autres auteurs, apparaissent le satiriste vaudois Jules Besançon (Mémoires de l’instituteur Grimpion), Victor Buvelot, Antoine Carteret, Isabelle Kaiser, John Kaufmann. Enseignant alors le dessin à Vevey, le peintre Paul Vallouy [20] imagine des costumes dans un goût quelque peu opératique, avec des Égyptiens, par exemple, pour l’orchestre de Palès, semblant tout droit sortis de Aïda [Fig. 21]. La Confrérie fait à nouveau appel à l’architecte Ernest Burnat pour dessiner l’espace de scène et les portiques d’entrée [Fig. 22 et 23], au directeur des ballets Benjamin Archinard et à Henri Plumhof pour diriger l’orchestre. Les architectes veveysans Victor Chaudet et Henri Schobinger [21] sont chargés des estrades en U qui contiennent 12’000 places, devant lesquelles les 1’379 figurants donnent cinq représentations du 5 au 9 août. Fait par le peintre Ernest Vulliemin [22] sur les dessins de Vallouy, le leporello de six mètres est imprimé en sept couleurs à Paris, en chromotypographie [fig. 24, 25, 26]. Le développement de la sensibilité des plaques photographiques [23] permet à divers studios d’immortaliser leurs clients dans leurs beaux costumes de figurants.
1905 : la première Fête avec un seul auteur
Décidée le 16 mai 1903, la Fête de l’été 1905 bénéficie de deux ans de préparation. Né à Aigle, d’une famille originaire de Vevey, le compositeur Gustave Doret* est célèbre à Paris, notamment comme chef d’orchestre : il est désigné pour écrire la musique de la nouvelle Fête. Pour organiser le livret, on songe à un jeune auteur dramatique de Morges, de sept ans son cadet, que plusieurs grands succès publics ont mis en évidence depuis deux ans à peine : René Morax*. Alors que les fêtes précédentes déroulaient la suite des saisons du printemps à l’hiver, le jeune dramaturge juge scéniquement défavorable de terminer par la morte saison. L’Hiver devient donc la première partie, toute d’attente, avant le surgissement du printemps, le rayonnement de l’été et le triomphe des récoltes de l’automne, temps de l’accomplissement de l’année vigneronne. Poète de la Fête, Morax rédige seul – pour la première fois – tous les textes.
Le rapport de force artistique entre l’aîné et le cadet se trouve notablement renforcé en faveur du second par la nomination de son frère [Fig. 27], Jean Morax*, comme costumier (très précis et naturaliste), et décorateur imaginant colonnades et frontons antiques romains [Fig. 28, 29] pour les trois entrées des troupes, au nord des estrades de 12’500 places. Et si Doret prend aussi part à l’exécution du projet en assurant la direction musicale, René Morax n’est pas en reste, puisqu’il se charge comme auteur de la mise en scène (au sens actuel du terme, comme il le fait pour ses pièces de théâtre). Il prévoit artistiquement tous les déplacements et stations et diffuse ce travail particulier de conception par un descriptif de plusieurs pages de textes indiquant la suite des entrées et déplacements complété par des plans en autographie dessinés par l’architecte Adolphe Burnat (fils d’Ernest, vu plus haut) plaçant dans l’espace scénique disponible la disposition des différents groupes aux dix-huit étapes du spectacle [24]. Six représentations ont lieu du 4 au 11 août 1905 et trois cortèges défilent à travers la ville, impliquant les 1800 figurants. Les images photographiques de la Fête sont largement diffusées grâce aux cartes postales et photos stéréoscopiques publiées par divers éditeurs [25]. Plusieurs films furent réalisés dont la Cinémathèque Suisse concerve une dizaine de minutes, colorisées. Il n’y a pas de leporello cette année-là, mais le peintre Ernest Bieler propose un portefeuille de seize planches qui sont autant de tableaux dans le goût de l’École de Savièse sur des figures traditionnelles de la Fête replacées dans la nature, aux champs ou dans les caves, sans aucun lien avec le spectacle, ni ses costumes, chars ou attributs [Fig. 30, 31, 32].
1927 : ultime nostalgie ?
Au milieu de ces années 1920, la Confrérie fait une seconde fois appel à Gustave Doret pour la musique qui, cette année-là, est prééminente dans le spectacle. Le livret est confié au romancier et poète Pierre Girard. Les costumes, attributs et chars sont dessinés par Ernest Biéler [26] qui conçoit aussi le leporello de près de sept mètres [Fig. 33], comme le décor représentant une muraille de ville médiévale clos la vision des spectateurs en ne laissant qu’un minimum d’ouvertures sur le haut de la place du Marché et l’extérieur de la représentation [Fig. 34]. La mise en scène fut conduite par Édouard Vierne*, directeur du Théâtre de Lausanne. A la suite d’une cabale conduisant à son remplacement à Lausanne par Jacques Béranger*, il se verra également évincé à Vevey et remplacé deux semaines avant la première par Arsène Durec, metteur en scène français qui reprend et conduit à son terme le travail engagé. Les deux mille figurants évoluent dans une arène arrondie en fer à cheval contenant quatorze mille places. Aux six représentations annoncées du 1er au 9 août 1927, il fallut ajouter une supplémentaire le 10 août et il y eut aussi trois cortèges à travers la ville [Fig. 35].
1955 : l’Olympe parisienne descend sur Vevey
Après l’utile mise sur pied en 1944 d’une «Commission préparatoire pour études préliminaires en vue de l’organisation d’une prochaine Fête», la Confrérie choisit en 1947 deux artistes Veveysans pour porter cette création annoncée pour l’été 1955 : l’auteur Géo-H. Blanc*, directeur des programmes de création à Radio-Lausanne, grand soutien des auteurs dramatiques romands, et le compositeur veveysan Carlo Hemmerling*. Le premier déploie tout au long du livret un verbe actif d’homme de théâtre qui suscite le mouvement tandis que la musique d’Hemmerling, sans rompre avec le folklore, use abondamment des brillances des cuivres. En revanche, dans une quête de prestige international, le Comité de la Confrérie fait appel à diverses collaborations avec des institutions de Paris comme l’Orchestre de la Garde républicaine ou le corps de ballet de l’Opéra pour danser la Bacchanale, dans une chorégraphie de Nicolas Zwereff. De même, les costumes sont dessinés par Henry-Raymond Fost décorateur parisien [Fig. 36] déjà collaborateur des revues à grand spectacle du Municipal de Lausanne. Désigné en 1951, le metteur en scène romand Jo Baeriswyl démissionne à la fin de 1953 et, finalement dix-huit mois avant la première, la Confrérie fait appel au metteur en scène zurichois Oskar Eberle* (francisé à Vevey en «Oscar Éberlé»). Les arènes de 1955, contenant seize mille places, présentent un dispositif ovale entièrement clos [Fig. 37]. Les 3’857 figurants évoluent en partie sur un escalier scénique [Fig. 38] occupant le côté Sud, qui conduit à un portique réservé aux divinités, et surtout dans les arènes [Fig. 39] principalement réservées à la représentation des travaux des humains [Fig. 40]. La Fête se déroule du 1er au 14 août 1955, pour onze représentations et trois cortèges auxquels refusèrent de participer les danseurs professionnels, jugeant cela au-dessous de leur statut.
1977 : la Fête des quatre Vaudois
L’auteur et enseignant Henri Debluë* [27] est officiellement désigné en septembre 1973 comme Poète et donc concepteur de la Fête de 1977. Il reprend l’ordre traditionnel débutant au printemps, dote l’hiver d’une grande force festive et ajoute une cinquième saison au finale, celle du Renouveau, inscrivant le carré du cycle annuel et païen dans le pentacle humaniste et chrétien. La musique de Jean Balissat* [28] est une composition d’une grande modernité. Pour les costumes, Jean Monod* [29] favorise les argentés et les couleurs fauves. Il imagina aussi un logo solaire et riant qui promut heureusement l’événement [Fig. 41]. S’inspirant des parchets de vignes du Lavaux, il proposa des arènes de 15’776 places [Fig. 42] ouvertes et tournées vers le lac [Fig. 43].
Après des années de recherche partout ailleurs qu’en Suisse, le choix du metteur en scène fut reporté au-delà de toute raison parce que l’abbé-président d’alors, influent divisionnaire, s’était fait un point d’honneur de ne pas nommer celui que tout désignait pour cette tâche, mais qui était objecteur de conscience et réputé homme de gauche : Charles Apothéloz* [30]. Désigné à peine plus d’un an avant la première représentation, Apothéloz se surmena, subit une première attaque cardiaque, mais parvint à concevoir et organiser les mouvements scéniques [Fig. 44] et les répétitions de 4’250 figurants pour quatorze représentations du 30 juillet au 14 août, et trois cortèges les dimanches.
1999 : première Fête à imposer le primat du metteur en scène
Pressenti, François Rochaix* proposa au Conseil de la Confrérie un concept séduisant et obtint la direction du projet, dès 1991. Après avoir songé faire appel à plusieurs auteurs, François Debluë, neveu du précédent, écrivit seul le livret, mais il y eut plusieurs compositeurs. Jean-François Bovard* [31] conçoit la musique de la cérémonie matinale unique du couronnement des vignerons, et pour le spectacle, Michel Hostettler* et Jost Meier* [32] se répartirent les saisons. Le scénographe Jean-Claude Maret*, collaborateur artistique du metteur en scène depuis plus de trente ans, imagina un dispositif bifrontal, avec deux gradins de huit mille places entre lesquels s’écoulait le spectacle [Fig. 45]. Pour les costumes, Rochaix fit appel à Cathy Zuber [33], avec laquelle il avait travaillé aux États-Unis. Quant au personnage principal d’Arlevin – imaginé comme un Arlequin serviteur de tous les maîtres et fil rouge du spectacle –, il fut tenu par le comédien Laurent Sandoz* [Fig. 46] qui contribua à répandre la bonne humeur dans la Ville en fête, du 29 juillet au 15 août 1999. Clou du spectacle, la représentation du 11 août inclut une véritable éclipse du soleil.
Révision de l’histoire
Quand une nouvelle norme se met en place, une certaine vision des choses tend à recouvrir la précédente d’un voile d’oubli : ce qui « est » doit toujours « avoir été ». On donne ainsi l’impression que rien ne change jamais, que l’ordre actuel est immuable. Dès 1999, les récits officiels de l’histoire de la Fête des Vignerons de Vevey [34] avancent qu’il y a toujours eu un metteur en scène à la tête de l’organisation du spectacle. Lorsque l’appellation «metteur en scène» manque à l’organigramme – comme en 1865 – c’est le maître à danser qui est placé à la tête des artistes de la Fête, bien que le rôle de Benjamin Archinard se soit à coup sûr limité à transmettre des pas de danse aux participants et qu’il n’ait nullement été considéré à l’époque comme l’artiste dont dépendait tous les autres. Cette prééminence fut d’abord le fait du Compositeur ou du Poète officiel de chaque Fête. Le plus frappant à cet égard est le rôle de premier plan attribué au décorateur des fêtes en 1889, Ernest Burnat. Présenté dans le livret de 1889 comme le «directeur de la mise en scène» et cité le cinquième, entre le directeur des costumes et celui des estrades, il passe aujourd’hui au premier rang, devançant le compositeur Hugo de Senger. Or l’architecte Ernest Burnat n’a pas changé de fonction entre 1865 et 1889 : il a été chargé les deux fois de prévoir l’espace de la représentation et son titre de «décorateur» a simplement suivi les usages mouvants de l’époque [35]. En 1889, on lui doit certes le beau vert de la piste de danse en bois et les trois entrées des saisons, ouvragées dans le style des festivités foraines – mais rien de plus. En réalité, le sens actuel de «metteur en scène» – organisateur du spectacle auquel tous les autres corps de métier impliqués dans la réalisation reconnaissent le droit ultime de décision – vient alors à peine d’être théorisé [36] en France et la lente acceptation de ce nouveau poste dans l’organisation de la production théâtrale ne se généralise que durant l’entre-deux-guerres avec l’arrivée du théâtre d’art. Il devient la norme après-guerre pour la majorité des Théâtres et dès la fin du XXe siècle pour La Confrérie des Vignerons.
2019 : encore et toujours plus ?
Désigné metteur en scène responsable du spectacle dès 2012, Daniele Finzi Pasca a partagé la conception du texte entre deux auteurs Stéphane Blok et Blaise Hofmann [37] et ajouté une historiette devant servir de fil rouge. Pour la musique, il adjoint deux compositeurs, Jérôme Berney et Valentin Villard [38], à sa collaboratrice habituelle Maria Bonzanigo. Il travaille aussi depuis longtemps avec Giovanna Buzzi à laquelle il a confié les costumes et avec le scénographe Hugo Gargulio. La Fête de 2019 aura nécessité des travaux de consolidation inédits pour déployer les arènes de 20’000 places prévues pour vingt représentations du 18 juillet au 11 août. Des quatre cents mille places ainsi disponibles, nécessaires à l’équilibre d’un budget prévoyant des moyens techniques du dernier cri pour grands spectacles mondialisés, les trois quart trouvèrent preneur, laissant un lourd déficit.
Georges Renard, professeur à la Faculté des lettres de Lausanne soulignait dans sa contribution à la brochure officielle de 1889 la croissance des investissements consentis pour les différentes Fêtes : 3’227 francs en 1797; 16’254 en 1819; 27’007 en 1833; 64’850 en 1851; 144’460 en 1865 et plus de 200’000 en 1889, et ceci alors que les participants financent déjà leur costume. Force est de constater que l’expansion budgétaire n’a fait que s’accentuer pendant le XXe siècle, jusqu’aux faramineux 100 millions budgétés pour la Fête de 2019. Les éditions successives de ce spectacle ont toutes cherché à voir plus grand que la précédente [Fig. 47] – phénomène qui pose en somme une question fort actuelle : peut-on croître à l’infini dans un monde fini ?
Georges Renard, professeur à la Faculté des lettres de Lausanne soulignait dans sa contribution à la brochure officielle de 1889 la croissance des investissements consentis pour les différentes Fêtes : 3’227 francs en 1797; 16’254 en 1819; 27’007 en 1833; 64’850 en 1851; 144’460 en 1865 et plus de 200’000 en 1889, et ceci alors que les participants financent déjà leur costume. Force est de constater que l’expansion budgétaire n’a fait que s’accentuer pendant le XXe siècle, jusqu’aux faramineux 100 millions budgétés pour la Fête de 2019. Les éditions successives de ce spectacle ont toutes cherché à voir plus grand que la précédente [Fig. 47] – phénomène qui pose en somme une question fort actuelle : peut-on croître à l’infini dans un monde fini ?
[1] Le terme est choisi et développé par Charles Apothéloz dans Le Cep et la Vigne, histoire et mythe de la Fête des Vignerons (Paudex, Fontainemore, 1977), qui évite soigneusement celui de «festspiel».
[2] Ainsi Édouard Combe (“Le Festspiel”, in La Suisse qui chante, Lausanne, Freudweiler-Spiro, 1932, p. 197-236), après avoir clairement argumenté pour dire que l’événement veveysan récurrent ne peut être considéré comme festspiel, en détaille les caractéristiques sur cinq pages.
[3] Hymnes et couplets de la Fête d’Agriculture, célébrée par la Société des Vignerons à Vevey le 5 août 1819, chez Lacombe et Cie, 1819.
[4] Théophile Christian-Gottlieb Steinlen (1777-1847), peintre né à Stuttgart, s’installe et se marie à Vevey en 1820 après un séjour à Neuchâtel. En 1832, il est bourgeois de la ville et enseigne le dessin au collège (de ses neuf enfants plusieurs seront peintres et son petit-fils, Théophile-Alexandre, sera le fameux dessinateur du cabaret parisien Le Chat noir). (Voir la notice de Fehlmann, Marc, Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 10.01.2013, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/021963/2013-01-10/, consulté le 31.01.2021).
[5] René Charles Guilbert de Pixérécourt, Fragments de voyages, in Théâtre choisi t. 4, chap. XIX, p. 162.
[6] Jules Mülhauser (1806-1871), né à Genève, professeur de français au collège (Lausanne et Genève), dramaturge et poète proche des Radicaux qui viennent d’arriver au pouvoir en Suisse, comme dans le canton de Vaud. Il a publié un Guillaume Tell en vers français proche du texte de Schiller (1838, 1852). Depuis 1855 à Versoix, il se consacre uniquement à la littérature et fournit plusieurs pièces dédiées aux épisodes de l’histoire nationale, comme par exemple La Bataille de Sempach, poème dramatique (1855), Philibert Berthelier drame en 5 actes qui eut un succès de dix représentations aux Variétés, à Genève (1864) et encore L’Escalade ou Genève en 1602, drame national en 3 actes et 5 tableaux (1865).
[7] François Oyex (1817-1884), né à Bex, est enseignant, député radical au Grand Conseil vaudois (1840-1850) ; il exploite, surtout sous forme de chansons, une veine militaire et patriotique ; il est l’auteur du premier manuel de chant destiné aux classes vaudoises (L’Ecole musicale, 1876). (Voir notice de Maggetti, Daniel dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 21.12.2010. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/015956/2010-12-21/, consulté le 31.01.2021.)
[8] Albert Richard (1801-1881), né à Orbe, est professeur de français, sa poésie est vouée à l’éloge des héros de la Confédération, dans les Poèmes helvétiques (1835) ou Morat (1862) (Voir notice de Maggetti, Daniel dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 11.05.2012. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/016002/2012-05-11/, consulté le 31.01.2021.)
[9] Marc Monnier (1829-1885), né à Genève, professeur de littérature comparée à l’Université de Genève et auteur d’une Histoire générale de la littérature moderne (2 vol., 1884-1885), nouvelliste et romancier et auteur de comédies pour marionnettes. ((Voir notice de Tripet, Arnaud dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 27.11.2008. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/015950/2008-11-27/, consulté le 31.01.2021.)
[10] Jean-Antoine (dit John) Petit-Senn (1792-1870), né à Genève, auteur de satires, de contes et d’épigrammes, l’un des fondateurs du Journal de Genève (1826) puis créateur du journal satirique Le Fantasque (1832-1836). (Voir notice de Maggetti, Daniel dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 11.01.2011. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/015957/2011-01-11/, consulté le 31.01.2021.)
[11] François-Gabriel Grast (1803-1871), compositeur et musicien, né à Genève où il enseigna la musique au Conservatoire. (Voir notice de Puskás, Regula, dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 16.01.2007, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/020591/2007-01-16/, consulté le 31.01.2021.)
[12] Pierre-François Lacaze (1816-1884), peintre, né à Fribourg, formé à Paris (en particulier dans l’atelier d’Ary Scheffer) où il reste de 1839 à 1845. En 1848, il fonde avec son père une fabrique de cigares à Vevey, où il habite depuis 1847, fabrique qu’il cède à son comptable Louis Ormond, en 1852. Il s’installe à Lausanne en 1853. (Voir Colette Guisolan-Dreyer, «La bourgeoisie en représentation», dans Annales Fribourgeoises, n°73, 2011, pp. 83-96. [En ligne] URL : http://doi.org/10.5169/seals-817356].
[13] Ernest Burnat (1833-1922), né à Vevey où il exerce comme architecte de 1861 à 1881. Associé à Charles Nicati, il construit par exemple l’Hôtel du Lac à Vevey (1866) et le Kursaal de Montreux (1880). Député libéral (1875-1887), il fut ensuite conseiller municipal à Vevey (1889-1897). (Voir notice de Bissegger, Paul dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 13.03.2003. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/019401/2003-03-13/, consulté le 31.01.2021.)
[14] Heinrich Ludwig Christoph Plumhof (1836-1914), né à Hanovre, appelé à Vevey en 1855 comme organiste et chef de chœur, il y resta jusqu’à la fin de sa vie. (Voir la notice de Matthey, Jean-Louis dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 16.02.2010. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/047541/2010-02-16/, consulté le 31.01.2021, et Aguet, Joël, Histoire du Théâtre de Vevey 1868-2018, Lausanne, éditions MLM, 2019 ou le site www.editions-mlm.ch.
[15] Heinrich Jenny (1824-1891), né à Langenbruck (Bâle-Campagne), peintre d’histoire et de genre, illustrateur (en particulier pour le Charivari), installé à Berlin depuis 1866, il est peintre de bataille pendant la guerre austro-prussienne. (Voir Gürber, Thomas in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 10.03.2010, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/035035/2010-03-10/, consulté le 31.01.2021.)
[16] Theo Gantner, Der Festumzug, ein volkskundlicher Beitrag zum Festwesen des 19. Jahrhunderts in der Schweiz, Bâle, 1970.
[17] Francis de Jongh (1833-1912), fils d’une famille de photographes suisse d’origine néerlandaise, né à Naples, il revient en Suisse en 1861 et s’installe à Vevey en 1865. (Voir notice de Girardin, Daniel, dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 19.07.2007. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/028757/2007-07-19/, consulté le 31.01.2021.)
[18] L’étoile «*» indique qu’il s’agit d’une personnalité du monde du spectacle dont la notice peut être retrouvée dans le Dictionnaire du Théâtre en Suisse (Zurich, Chronos, 2005, ou en ligne sur le site de l’Institut d’études théâtrales de l’Université de Berne.)
[19] Alexandre Egli (1852-1919), né à Plainpalais (Genève), où il fit ses études de Lettres, fut enseignant durant 45 ans, d’abord au Collège d’Aigle (1874-1883), puis de Vevey (1883-1895) et enfin à l’École supérieure et au Collège de jeunes filles de Lausanne (1895-1919). Il a écrit plusieurs pièces pour enfants et des ouvrages pédagogiques. Son fils Charles, né à Aigle est le dessinateur et illustrateur Carlègle (cf Jacques Menétrey, Alexandre Egli, Lausanne, 2021 ; Joël Aguet, Histoire du Théâtre de Vevey 1868-2018, Lausanne, éditions MLM ou le site www.editions-mlm.ch).
[20] Paul-Aimé Vallouy (1832-1899), né à Genève, professeur de dessin au collège de Vevey.
[21] Henri Schobinger (1857-1937), architecte d’origine lucernoise, restaure l’Hôtel de la Gare en 1892 ; avec Maurice Schnell, il construit la brasserie du «Restaurant du Pavillon» de la gare. Victor Chaudet (1854-1921) s’établit à Vevey en 1882, entrepreneur, architecte, municipal puis député au Grand Conseil (1893). Souvent associé à Schobinger (son fils a épousé la fille de celui-ci). Il réalise par exemple l’Hôtel Continental à Montreux (1894). Voir Aguet, Joël, Histoire du Théâtre de Vevey 1868-2018, Lausanne, éditions MLM ou le site www.editions-mlm.ch.
[22] Ernest John Alexis Vulliemin (1862-1900), peintre, illustrateur né à Lausanne, † à Dinan (F); DBAS.
[23] Voir Pascale Bonnard Yersin et Roland Cosandey, L’Escopette de M. F. Boissonnas à la Fête des Vignerons Vevey – 1889, Vevey/Genève, Musée suisse de l’appareil photographique/Slatkine, 1999.
[24] La Fête des Vignerons 1905, Mise en scène René Morax, Plans dessinés par A. Burnat, architecte, s.l. n.d. [Vevey, 1905].
[25] Pour ne retenir que les séries les plus importantes, les photographies les plus proches du spectacle sont celles signées Fred Boissonnas, de Genève, qui en édite lui-même une cinquantaine sur papier baryté et en diffuse trente autres en phototypie via Alfred Ditisheim, de Bâle ; la série PVK/Z (Postkarte Verlag Künzli / Zurich) offre vingt numéros et celle éditée par Fischer Frères à Vevey en propose près de vingt-cinq différentes sur papier baryté, alors que les vues stéréoscopiques de C. Renaud à Vevey présentent quarante numéros pour le spectacle dans l’arène puis quinze pour le cortège dans la ville.
[26] Ernest Biéler (1863-1948), né à Rolle, fait après sa formation à Paris (Académie Julian) un premier séjour à Savièse (1884) avant de s’y installer en 1889. Avec quelques amis, il forme l’ «école de Savièse». Il sera membre de la commission fédérale des Beaux-arts en 1926-1927. (Voir notice de Bhattacharya, Tapan dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 25.10.2002, traduit de l’allemand. Online: https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/021982/2002-10-25/, consulté le 31.01.2021.)
[27] Henri Debluë (1924-1988), fondateur de la revue Rencontre, vit créer ave succès ses deux premières pièces, Force de loi par les Faux-Nez à Lausanne (1959), Le Procès de la truie par le TPR (1962), suivies de trop rares autres, l’auteur étant trop accaparé par sa thèse sur Bernanos puis son métier d’enseignant (voir Joël Aguet, Histoire de la littérature en Suisse romande, Carouge-Genève, Zoé, 2015, p. 931-932).
[28] Jean Balissat (1936-2007), né à Lausanne, compositeur, musicien et chef d’orchestre et directeur de fanfares, enseignant aux conservatoires de Fribourg, Lausanne et Genève. (Voir notice de Matthey, Jean-Louis dans Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 1, p. 104.). Durant toute sa carrière, il établit des ponts entre les musiciens amateurs et les recherches musicales contemporaine.
[29] Jean Monod (1922-1986), né La Chaux-de-Fonds, costumier et scénographe, notamment aux côtés de Charles Apothéloz au Centre Dramatique Romand depuis 1960, pour qui il conçoit aussi la statue géante de Gulliver à Expo 64 (voir notice de Aguet, Joël dans Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 2, p. 1262–1263).
[30] Charles Apothéloz (1922-1982), né à Lausanne, comédien et metteur en scène, il fonde la compagnie des Faux-Nez qui s’installe dans le caveau éponyme en 1953. En 1959, il dirige le Théâtre Municipal de Lausanne et rassemble les énergies théâtrales de la région sous le label du Centre Dramatique Romand. «Pour l’Exposition nationale suisse de Lausanne en 1964 (Expo 64), il réalise avec une équipe de sociologues une enquête nationale intitulée Un jour en Suisse, qui doit mener à un premier sondage d’opinion helvétique, finalement interdit par les autorités fédérales. Par ailleurs commissaire théâtral de l’Expo 64, il accueille de mai à octobre 1964 de nombreux spectacles représentatifs de l’activité théâtrale de toute la Suisse, dont trente-deux sont donnés sur la scène du Théâtre de Vidy construit pour l’occasion.» Il empêche ensuite la destruction de cette salle qu’il peut à nouveau ouvrir au public dès 1972 qu’il dirige encore jusqu’en 1975. (Voir la notice de Aguet, Joël dans Dictionnaire du théâtre en Suisse, Chronos Verlag Zurich 2005, vol. 1, p. 57–59).
[31] Jean-François Bovard (1948-2003), musicien, compositeur et tromboniste. Né à Lausanne, il fonde le BBFC avec Léon Francioli, Daniel Bourquin et Olivier Clerc. En 2002, il reçoit la commande d’une composition pour l’ouverture de l’Exposition nationale Expo 0.2 à Yverdon-les-Bains.
[32] Michel Hostettler, enseignant, musicien et compositeur, est né en 1940 à Avenches. Jost Meier, violoncelliste, chef d’orchestre et compositeur, est né à Soleure en 1939, il a dirigé de nombreuses formations en Suisse (voir notice URL : https://www.patrinum.ch).
[33] Catherine Zuber, costumière d’opéra et de théâtre, est née à Londres en 1951, elle a travaillé principalement à New York (Off-Broadway) où elle réside depuis 1960.
[34] Sabine Carruzzo-Frey, Patricia Ferrari-Dupont, Du labeur aux honneurs. Quatre siècles d’histoire de la Confrérie des Vignerons et de ses Fêtes, Vevey, Confrérie des Vignerons, 1998 ; Sabine Carruzzo-Frey, Fanny Abbott, La Fête des Vignerons de 1797 à 2019, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes “Savoir suisse”, 2019.
[35] Voir par exemple le site de la Confrérie des Vignerons, respectivement aux pages suivantes : URL : https://www.confreriedesvignerons.ch/les-fetes/du-xviiie-a-nos-jours/1889-2/.
[36] Louis Becq de Fouquières, L’Art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale, Paris, Charpentier, 1884.
[37] Stéphane Blok, poète et musicien, est né à Lausanne en 1971, Blaise Hoffmann, romancier et chroniqueur, auteur de pièces de théâtre, est né à Morges en 1978.
[38] Jérôme Berney, compositeur et percussionniste, est né à Vancouver, se forme à l’Ecole de Jazz et de Musique actuelle et à l’Université de Lausanne (il collabore à l’édition des romans de Charles-Ferdinand Ramuz aux éditions de la Pléiade) puis à Montréal. Etabli à Prilly, parallèlement à son activité de compositeur, il enseigne la littérature française au Gymnase de Chamblandes à Pully. Valentin Villard, compositeur et organiste, est né en 1985 à Lausanne et s’est formé à la Haute école de musique de Genève. (Voir URL : https://www.patrinum.ch/)