RENÉ MORAX ET LE THÉÂTRE DU JORAT

René Morax et le Théâtre du Jorat

Par Gianni Ghiringhelli

Comment René Morax est-il devenu une figure de proue du théâtre populaire helvétique ? Pour aborder cette question, nous nous intéresserons d’abord aux milieux et aux personnes qui ont pu exercer une influence sur lui. Quel est le théâtre populaire que le dramaturge a conçu pour le Canton de Vaud dans son opuscule Un théâtre à la Campagne ? Au cœur de notre réflexion se trouvera ensuite la construction du Théâtre du Jorat qui doit être avant tout pensée comme la vérification pratique d’une idée. À partir de 1908, René Morax destinera la plupart de ses drames à la scène du Théâtre du Jorat. Afin d’illustrer l’importance de cette date, nous nous focaliserons enfin sur une pièce emblématique : La Dîme, pièce à succès qui a été commandée pour le centenaire du Canton de Vaud en 1903, et qui fut rejouée en 1908 pour l’inauguration du théâtre.

En 1873, René Morax naît dans la petite ville de Morges dans une famille bourgeoise bien établie. Son grand-père paternel a été syndic de la ville à l’instar de l’un de ses oncles. Le père de René Morax est médecin [Fig. 1] et occupera la fonction de médecin cantonal. Ce milieu familial aisé lui permettra de suivre des études de Lettres à l’Université de Lausanne.

Très tôt attiré par la littérature, qu’il choisit après avoir été aussi tenté par la musique, il profite de séjours à Berlin et à Stockholm en 1894 pour découvrir le théâtre wagnérien. Dès 1895, il séjourne régulièrement à Paris. Il retrouve dans cette ville Jean Morax, son frère aîné, qui s’y était fixé depuis 1889 [1]. Une autre personnalité vaudoise qui se révélera importante pour ses projets vit et travaille alors également à Paris : Gustave Doret [2]. C’est ce dernier qui mettra le jeune René en contact avec André Antoine [3], Romain Rolland [4] et Maurice Pottecher [5] entre autres.

Père de René Morax, vers 1900, carte postale, collection privée.
Fig. 1 : Père de René Morax, vers 1900.
Morax et le théâtre populaire

En 1890, le dramaturge André Antoine publie son livre Le Théâtre libre [6], manifeste qui défend une nouvelle idée du théâtre et qui relate son expérience parisienne d’ouverture à la jeune génération de créateurs.  En 1887, il a créé le Théâtre-Libre, un mouvement théâtral qui s’est installé la même année dans la salle des Menus-Plaisirs, dans le 10e arrondissement (la salle prendra le nom de Théâtre Antoine en 1894). À ses yeux, les institutions théâtrales qui lui sont contemporaines n’offrent au spectateur que des « pièces sans intérêt, dans des salles déplorablement agencées, à des prix exorbitants, avec des troupes sans cohésion. » [7]. Il se propose donc de présenter au public la création de pièces nouvelles, jouées par des troupes dans des salles confortables, aux places bon marché :« Là est le programme de la tentative qui fait l’objet de ces réflexions. »[8].

André Antoine s’emploie à dénoncer le théâtre de son temps comme une simple marchandise, la direction des institutions se limitant à une gestion commerciale. Quant aux salles, elles ne devraient pas être seulement un lieu de mondanités mis à la disposition des spectateurs aisés, mais être conçues de manière à contenter l’ensemble du public : « C’est ce millième auditeur qui doit nous occuper. Et non seulement nous devons lui donner un fauteuil où il puisse s’asseoir, où il lui soit possible d’arriver sans se briser les rotules, mais il faut que nous placions le spectacle qu’il vient voir, en face de lui, et non à sa droite ou à sa gauche. » [9]. Au Théâtre-Libre, les spectateurs sont en effet disposés de manière démocratique. Antoine promeut aussi un nouvel art du comédien, plus sensible à l’étude de la nature et à l’observation, à une recherche de la vérité : « Le style théâtral dans les ouvrages nouveaux, à serrer davantage la conversation journalière, l’exécutant ne devra plus dire, dans le sens étroit et classique du mot, mais il devra causer, ce qui ne laissera pas d’ailleurs d’être aussi difficile. » [10]. Il insiste sur l’importance du décor, à chaque spectacle renouvelé, qui permet aux acteurs d’élargir et d’adapter leur jeu au milieu dans lequel vit leur personnage. Morax rencontre souvent Antoine dont les visées inspireront ses projets vaudois de théâtre pour tous.

En 1903, Romain Rolland publie Le Théâtre populaire, un livre qui appelle à renouveler le théâtre et à rejeter les théâtres classique et romantique :

« […] je ne regarde qu’à la qualité, et point à la quantité. Je ne crois au théâtre que s’il a un idéal. Je me soucierais plus du peuple, s’il devait devenir une seconde bourgeoisie, aussi grossière dans ses jouissances, aussi hypocrite dans sa morale, aussi stupide et aussi apathique que la première. Peu m’importerait de prolonger alors un art qui ne serait qu’un néant sonore, et une humanité qui sent le cadavre. »

Romain ROLLAND, Le théâtre du peuple [11]

Rolland croit fermement à un théâtre éducatif et distrayant, à un théâtre citoyen où tout le monde, et pas seulement l’élite, puisse profiter d’un art « mobile par essence »[12]. Lui aussi insiste sur les dimensions concrètes de cette ambition :

« La première condition d’un théâtre populaire, c’est d’être du délassement. Qu’il fasse d’abord du bien, qu’il soit un repos physique et moral pour le travailleur fatigué de sa journée. C’est l’affaire des architectes du théâtre futur de veiller à ce que les places bon marché ne soient pas des lieux de supplice. C’est l’affaire des poètes de tâcher que leurs œuvres répandent la joie et non la tristesse ou l’ennui. » [13].

Morax reprendra deux autres idées fortes de Romain Rolland, pour les intégrer à sa vision :

« Notre théâtre populaire est ramené par la force des choses à l’optique du théâtre grec. De larges actions, des figures aux grandes lignes, vigoureusement tracées, des passions élémentaires, au rythme simple et puissant ; des fresques, et non des tableaux de chevalet ; des symphonies, et non de la musique de chambre. Un art monumental, fait pour un peuple, par un peuple. »

Romain ROLLAND, Le théâtre du peuple [14]

En effet, les pièces de René Morax témoigneront de la volonté d’épurer les personnages à la manière grecque. Il reprendra par ailleurs in extenso la formule de son mentor : « La joie, la force et l’intelligence : voilà les trois conditions capitales d’un théâtre populaire. » [15].

Romain Rolland vénérait pour sa part Maurice Pottecher qui osa réaliser le Théâtre du peuple à Bussang. Pour le centième anniversaire de la fondation de la République française, Le Médecin malgré lui y fut joué en patois vosgien. Fort de cette expérience, grâce à des appuis locaux et à sa famille, impliquée dans l’industrie régionale, Pottecher fit construire une scène et des tribunes couvertes afin d’accueillir deux mille personnes. Selon Romain Rolland :

« Tous les ans, depuis lors, le Théâtre de Bussang n’a cessé de donner, en août et en septembre, deux « journées dramatiques » : l’une payante, où l’on représente une œuvre nouvelle ; l’autre, gratuite, où l’on joue l’œuvre donnée l’année précédente. Le répertoire du théâtre est assuré par Maurice Pottecher lui-même, qui écrit chaque année une pièce nouvelle, parfois deux, et qui les joue, avec les siens et avec des ouvriers ou des bourgeois du village. Son talent, la noblesse de sa conscience artistique, et la persévérance inlassable de ses efforts, ont conquis le succès dont son œuvre était digne, et lui assurent dans l’histoire le haut honneur d’avoir été, chez nous, le fondateur du premier Théâtre du Peuple. »

Romain ROLLAND, Le théâtre du peuple [16]

Nous ignorons si Morax a assisté à une représentation à Bussang. Mais il est établi qu »il a souvent rencontré Pottecher à Paris. Morax reprendra l’idée de la construction d’un théâtre à un coût minimum et la liberté d’être à la fois un auteur et un directeur.

Morax l’auteur

En 1900, René Morax publie un recueil de poèmes Préludes et nocturnes. Mais son premier grand succès fut un ouvrage dramatique, La Nuit des quatre temps, joué à Morges en 1901. René Morax continue en 1902 avec Les Quatre Doigts et le pouce et La Bûche de Noël, créés par La Muse, une troupe lausannoise. En 1903, il reçoit une commande d’Émile Béranger, pasteur de Mézières, qui souhaite mettre en scène le drame de son collègue Martin, enfermé par les Bernois en 1791. La Dîme fut un grand succès joué plusieurs fois à Mézières dans le hangar des trams [Fig. 2], flambant neuf, de la ligne Lausanne-Moudon. Notons que cette ligne place Mézières à moins d’une demi-heure de la capitale.

Les débuts de René Morax sur la scène vaudoise vont lui permettre d’être rapidement un auteur reconnu et sollicité. Non seulement, il publie toutes ses pièces (car il souhaite être joué par les amateurs), mais il sera également désigné pour mettre en scène la Fête des Vignerons de 1905.

Hangar des trams à Mezières, 1903, carte postale, collection privée.
Fig. 2 : Hangar des trams à Mezières, 1903.
Morax théoricien : Un théâtre à la Campagne

Grâce à ses nombreux contacts à Mézières, René Morax imagine ancrer ses projets de théâtre dans le village du Jorat. Après avoir sillonné le canton de Vaud pour présenter ses idées sur le théâtre populaire lors de nombreuses conférences, il publie en 1907 un opuscule de vingt-cinq pages intitulé Un théâtre à la campagne.  De manière concise mais précise, René Morax décrit ses plans pour la construction d’une salle dédiée à la scène.  Il est convaincu qu’un lieu clos est nécessaire aux spectateurs pour vivre le drame qui se joue sans être perturbés par les intempéries ou distraits par le paysage. Morax s’inspire à l’évidence de ses amis français, Rolland, Antoine et Pottecher. Le Morgien croit à des œuvres de qualité : « Un théâtre populaire n’a sa raison d’être que s’il est plus beau que le théâtre bourgeois » [17].

Il annonce les deux drames qui seront joués lors de l’inauguration du nouveau théâtre : La Dîme [Fig. 3] en reprise, et une nouvelle pièce naturaliste, Henriette, un drame familial marqué par la problématique de l’alcoolisme. Son rêve prend ainsi corps, comme il l’annonce à sa tante Jeanne : « J’ai plusieurs projets qui grouillent dans ma tête, et j’entrevois sans anxiété la perspective d’un théâtre à Mézières : j’ai de quoi l’alimenter pour les premières années. Ensuite la baraque sera payée. » [18].

La Dîme, devant le temple, 1907, carte postale, collection privée.
Fig. 3 : La Dîme, devant le temple, 1907.
Le Théâtre du Jorat : sa construction et ses visées

Les habitants de Mézières créent un comité sous le nom « Théâtre du Jorat » [19] pour la création d’un théâtre sur un terrain communal. Malheureusement, il ne subsiste aucune archive des activités de ce comité (ni procès-verbaux, ni statuts, ni comptes). Quelques traces dans les journaux de l’époque permettent cependant de glaner quelques informations. Selon La Tribune de Lausanne du 10 novembre 1907 :

« Les travaux de construction du Théâtre du Jorat vont commencer incessamment. Le devis pour l’édifice, les décors et les costumes se montent à environ 60 000 fr. Jusqu’ici il a été souscrit pour 35 000 fr. de parts. 120 jeunes gens et jeunes filles sont inscrits comme acteurs et chanteurs. Les représentations commenceront en mai 1908. »

Le comité fera appel à deux architectes genevois, Chal et Maillard, qui venaient de construire une halle en bois pour une fête de tir à Fribourg. Morax imagine une construction provisoire qui limitera les coûts. Les autorités de Mézières mettent à disposition un terrain au loyer de cent cinquante francs par année et la fourniture du bois.  René Morax prévoit de revendre les tuiles et le bois si d’aventure le projet s’avérait déficitaire. [Fig. 4].

Morax réussit à créer un dispositif scénique nouveau. Le plateau permet grâce à des dégagements latéraux de manipuler des grands décors. De plus, sur les côtés, deux portes de plein pied sur l’extérieur permettent l’arrivée de bêtes. Surtout, la fosse d’orchestre est reliée à l’avant-scène par des gradins en hémicycle. Ce dispositif, inspiré par Adolphe Appia [20], laisse une place au chœur, ainsi qu’aux acteurs et figurants [Fig. 5].

Le Théâtre du Jorat, 1908, carte postale, collection privée.
Fig. 4 : Le Théâtre du Jorat, 1908.
Intérieur du théâtre du Jorat, 1911, carte postale, collection postale.
Fig. 5 : Intérieur du théâtre du Jorat, 1911.
Vers un théâtre national

Le 7 mai 1908, le Théâtre du Jorat est inauguré : « Qui connaît ce grave horizon de forêts et de montagnes, comprend la valeur pour une œuvre d’art d’un pareil cadre de lumière et de silence. » [21]. La première œuvre présentée dans cette salle, Henriette, ne rencontrera toutefois pas le succès espéré. Le sujet – un drame familial dû à l’alcool – rebute le public par son réalisme et peut-être par son actualité. Rappelons que le 5 juillet 1908 le peuple suisse acceptera l’interdiction de l’absinthe à plus de 63%.

La reprise de la Dîme [Fig. 6] permettra au contraire de recueillir la faveur des populations rurales et citadines. De nombreuses personnalités assistent aux représentations. Suite à une demande adressée en 1907 par la Société du Théâtre du Jorat au conseiller fédéral vaudois Marc Ruchet [22], le Conseil fédéral versera « une contribution exceptionnelle de Frs 2000.- pour la création d’un théâtre populaire à Mézières » [23]. Le Conseil fédéral sera désormais systématiquement invité aux premières. La tradition singulière de la présence in corpore des conseillers fédéraux donne une dimension nationale à ce projet régional.  La presse commence d’ailleurs à utiliser l’expression le « Bayeurth vaudois » pour désigner ce théâtre de campagne [24].

Fig. 6 : La Dîme, VIIe tableau.
Conclusion 

Grâce à son génie propre, Morax a imposé une vision du théâtre en terre vaudoise. Il a su acclimater et synthétiser les modèles français et allemands qu’il soigneusement étudiés. Il a également exploité les traditions du théâtre antique et du théâtre « religieux » du Moyen Age. S’il croyait en l’existence d’une identité helvétique, force est de constater qu’il n’était guère nationaliste, comme il témoigne en 1905 sa réponse aux questions que Gonzague Reynold avait posées à de nombreux artistes suisses : « La Suisse peut-elle selon vous posséder malgré ses différences de langue, une littérature ou un art national ? », et « Quelles seraient les traditions de cet art ou de cette littérature ? ».

Voici la lettre que René Morax avait adressée en guise de réponse (datée du 19.11.1905) :

Cher Monsieur,

Vous me demandez pour la Voile Latine mon avis sur l’art national.  Le voici sans réticence :

Le nationalisme me semble aussi fâcheux en art qu’en politique. Il est la marque d’une conception bornée de la vie. Art national cela n’a pas grand sens. Y a -t-il une science nationale, une morale nationale ? C’est surtout une étiquette commode que l’on colle sur les produits les plus hétéroclites, chocolats « au véritable cacao des Alpes » ! Ce qui importe pour un pays, c’est de créer des esprits originaux habiles dans leur métier et soucieux de la perfection avant tout. La Suisse en a. Elle aura davantage d’artistes lorsqu’elle sera moins bourgeoisement avare à leur égard et des écrivains lorsqu’elle ne prodiguera plus ce titre à des théologiens et des maîtres d’école.

La Suisse est composée de races trop diverses pour avoir une tradition unique et un même idéal ! Ce n’est pas une faiblesse. »

Revue Voile Latine, hiver 1906 [25]

[1] Jean Morax (1869-1929) a suivi des études de peinture chez Édouard Castres (1838-1902) à Genève. Édouard Castres est l’auteur, entre autres, du panorama des Bourbaki.

[2] Gustave Doret (1866-1943), né à Aigle, a étudié la musique à l’école supérieure de musique à Berlin en 1866 puis, dès 1867, au Conservatoire de Paris.

[3] André Antoine (1858 – 1943) est un comédien, metteur en scène et directeur de théâtre français. Considéré comme l’inventeur de la mise en scène moderne, Antoine est aussi le fondateur, à Paris en 1887, du Théâtre-Libre.

[4] Romain Rolland (1866 – 1944) est un écrivain français, prix Nobel de littérature en 1915.

[5] Maurice Pottecher (1867 – 1960) est un homme de théâtre, écrivain et poète français qui fonda, en 1895, le Théâtre du Peuple, établissement toujours en activité.

[6] ANTOINE, André, Le Théâtre libre, éd. Ressources, Genève 1979 [Paris, 1890].

[7] Ibid, p. 27.

[8] Ibid., p. 27.

[9] Ibid, p. 49.

[10] Ibid, p. 82.

[11] ROLLAND, Romain, Le théâtre du peuple, éd. Cahiers de la quinzaine, Paris : 1903, p. 99.

[12] Ibid, p. 102.

[13] Ibid, p. 103.

[14] Ibid., p. 114.

[15] Ibid., p. 105 et dans MORAX, René, Un théâtre à la campagne, Imprimerie du journal de Genève, Genève : 1907, p.19.

[16] ROLLAND, Romain, Le théâtre du peuple, éd. Cahiers de la quinzaine, Paris : 1903, p. 84-85.

[17] MORAX, René, Un théâtre à la campagne, Imprimerie du journal de Genève, Genève : 1907, p.18.

[18] Lettre à Jeanne Reymond, du 10 novembre 1906, cité par MEYLAN, Pierre, René Morax et son temps, éd. Cervin, Morges : 1973, p. 54.

[19] SAVARY, Ernest, « Un théâtre populaire » in La Revue du dimanche no 44, jeudi 21 février 1907, Lausanne, p. 4.

[20] MEYLAN, Pierre, René Morax et son temps, éd. du Cervin,Morges : 1973, p. 229.

[21] MORAX, René, Un théâtre à la campagne, Imprimerie du journal de Genève, Genève : 1907, p.14.

[22] Lettre de la Société du Théâtre du Jorat au conseiller fédéral Marc Ruchet, 15.12.1907, Archives fédérales suisses.

[23] Auszug aus dem Protkoll der Sitzung des Schweizerischen Bundesrats, 31.12.1907, Archives fédérales suisses.

[24] BIETRY, Léo, Le théâtre du Jorat. Une aventure culturelle au cœur de l’Histoire suisse, éd. Fondation du théâtre du Jorat, Vevey : 2018, p. 8.

[25] Revue Voile Latine, hiver 1906, p. 90.