Lausanne, ville d’érudition
En 1536, lors de leur arrivée dans le Pays de Vaud, les Bernois imposent la confession réformée et, après la nationalisation des biens du clergé, créent une Académie dont l’une des missions sera de former des pasteurs. Elle portera le nom de Schola Lausannensis et comportera trois chaires: la théologie avec Pierre Viret, le grec et la morale avec Conrad Gessner et l’hébreu avec Jean Adoutot.
La Schola Lausannensis, nommée Académie dès 1547, occupe des locaux provisoires sur le terrain où, cinquante ans plus tard, sera édifié le bâtiment qui existe toujours, sur la colline de la Cité, entre Château et Cathédrale. L’Ecole acquiert rapidement une belle notoriété et, en 1558, compte déjà plus de 700 étudiants. En 1616, une loi sur l’Académie est mise en place à Berne sous le nom de Reformatio. Elle institue un Conseil académique (Oberer Schulrat) chargé de veiller sur toutes les écoles et de désigner chaque année un recteur.
Développement du corps professoral
Durant le premier siècle de son existence, le corps professoral provient principalement de l’étranger, sans doute faute d’une élite protestante locale suffisamment nombreuse. A partir du début du XVIIIe siècle, le nombre de Vaudois professeurs augmente de façon nette, tandis que dans le même temps l’enseignement s’enrichit de matières variées telles que les mathématiques (Jean-Pierre De Crousaz, 1700-1749), le droit (Jean Barbeyrac, 1711-1717), la médecine (Auguste Tissot, 1766-1797) ou l’histoire (François Durand, 1785-1816). Au début du XVIIIe siècle, l’Académie compte 7 chaires:
- théologie (2 chaires),
- hébreu et catéchèse,
- grec et morale,
- philosophie,
- éloquence et belles-lettres,
- droit.
Des lois pour l’enseignement
Le 28 mai 1806 est votée la Loi sur l’instruction publique du canton de Vaud, qui instaure un Conseil académique destiné à surveiller l’enseignement.
La Loi du 21 décembre 1837 révolutionne l’Académie en créant le système facultaire qui divise les matières enseignées en trois filières: théologie, droit, lettres et sciences. Cette loi institue également le gymnase, destiné à faire la transition entre le collège et l’enseignement supérieur. Le nombre de chaires passe à 17.
Finalement, le 12 mai 1869 une nouvelle loi donne à l’Académie le statut légal qui lui permettra de se transformer en université en 1890. L’Académie dispose alors d’un corps délibérant, ancêtre du Sénat, constitué des professeurs ordinaires et extraordinaires. Désormais elle se divise en cinq facultés (droit, théologie, lettres, sciences et médecine) et ajoute le grade de docteur à ceux de licencié et d’ingénieur.
Olivier Robert
Service des archives, Université de Lausanne