Bestiaire
Dans le domaine de la cartographie, les illustrations de monstres marins ou d’autres créatures exotiques semblent relever de plusieurs objectifs complémentaires ; pour le cartographe, il s’agit :
- d’animer l’image du monde par des éléments décoratifs,
- de remplir d’informations des espaces encore vides,
- d’attirer l’attention sur la vitalité des océans et la variété de ses créatures,
- de suggérer que les océans et les terres inconnues peuvent être sources de dangers,
- d’être la mémoire graphique de la littérature sur le sujet,
- de donner des points de repères dans une géographie du merveilleux,
- d’attirer l’attention sur le talent artistique du cartographe qui pouvait ainsi monnayer son travail à la hausse selon la qualité et la quantité des illustrations.
Bestiaire marin et terrestre
Pour les historiens, trois représentations de monstres marins sont prééminentes dans la cartographie de la Renaissance : la Carta Marina d’Olaus Magnus (1539), la carte Monstra Marina & Terrestria (1544) de Sebastian Münster, inspirée en partie d’Olaus Magnus, et la carte Islandia d’Abraham Ortelius parue dans les éditions du Theatrum Orbis Terrarum (1586) et inspirée des deux précédentes réalisations.
Gérard Mercator est particulièrement influencé par la Carta marina d’Olaus Magnus. Celle-ci contient la collection de monstres marins la plus vaste, la plus variée et la plus complète de son époque.
Le globe terrestre de Mercator est illustré de onze monstres marins dont sept sont tirées de la Carta marina d’Olaus Magnus, deux autres dérivent de l’ouvrage Historia general de las Indias de Gonzalo Fernandez de Oviedo (1535), un livre qui représente les toutes premières images d’animaux d’Amérique. Mercator a sans doute utilisé à la fois Magnus et Oviedo pour démontrer sa capacité à synthétiser les sources les plus récente. Aux monstres marins, il ajoute un seul et unique animal terrestre.
Au travers des monstres de la cartographie, on peut faire une visite détaillée des sources et inspirations de Mercator pour la réalisation de ses douze monstres marins et terrestres.
Pour en savoir plus
- Les monstres de la cartographie : visite de détails des sources et inspirations de Mercator pour la réalisation de ses douze monstres marins et terrestres.
- Carta marina : par Olaus Magnus, document numérisé, Bibliothèque numérique mondiale : Bibliothèque nationale de Suède.
- Cosmographey, das ist Beschreibung aller Länder : par Sebastian Münster, édition allemande de 1598, document numérisé, Gallica : Bibliothèque nationale de France.
- Theatrum Orbis Terrarum : par Abraham Ortelius, document numérisé de l’édition de 1570, Library of Congress.
- Duzer, van C. (2014) Sea Monsters on Medieval and Renaissance Maps, London : The British Library.
- Nigg, Joseph (2013) Sea Monsters. A voyage around the world’s most beguiling Map, Chicago & London : The University of Chicago Press.