Influences et sources
Deux auteurs, Claude Ptolémée et Marco Polo vont largement influencer notre cartographe, sans pour autant l’asservir. Mercator sait les utiliser, mais aussi les rectifier et les dépasser pour intégrer dans son oeuvre des connaissances pragmatiques tirées de découvertes récentes.
Claude Ptolémée
L’Almageste de Ptolémée influence Mercator pour le pourtour méditerranéen, l’intérieur de l’Europe, les îles disséminées du Golfe arabique, les sources du Nil, les montagnes de l’Afrique, les cours d’eau qui se versent dans le Golfe persique ou dans la Mer Caspienne, ceux traversant l’Asie, les fleuves Indus et Gange en Indes et quelques autres en Chine ou en Sibérie.
Mercator a cependant considérablement agrandi le cadre posé par Ptolémée. Ainsi, il a représenté l’Amérique récemment découverte, fait émerger l’Afrique jusqu’au Cap de Bonne Espérance et l’Asie entre le Cap Comorin et la presqu’île de Malacca. Groenlandia Island, Norvegia, Livonia ainsi que beaucoup d’autres dénominations de villes et de royaumes sont aussi nouvelles, substituées à celles qu’avait utilisées Ptolémée en son temps.
On retrouve sur la sphère de Mercator la plupart des découvertes ou des reconnaissances géographiques inspirées par les navigateurs et les grands découvreurs de son temps. Ces indications ne figuraient évidemment pas chez Ptolémée. Ainsi Mercator contribue de manière significative au discrédit du géographe grec qui devient progressivement suranné. Il peut être considéré comme l’instigateur de ce changement et comme le fondateur de la géographie moderne.
Marco Polo
En 1271, Marco Polo quitte Venise pour découvrir l’Orient. En compagnie de deux autres marchands vénitiens, il traverse les hauts plateaux d’Anatolie, l’Iran, le Haut Afghanistan, le Pamir et le Turkestan chinois pour finalement arriver à Pékin. Durant seize ans, il séjourne en Chine, parcourant une partie importante du pays. Enfin, durant le trajet de retour, il visite l’Indochine, Ceylan, les côtes indiennes et d’autres régions jusqu’alors non visitées telles que les côtes de l’Arabie, l’Ethiopie ou le littoral africain jusqu’à Zanzibar. Ce périple de vingt ans est relaté dès 1298 dans le Devisement du monde, aussi appelé Livre des merveilles.
Mercator puise largement dans le récit du grand voyageur. On retrouve sur sa sphère une foule d’îles, de royaumes, de provinces et de localités situés à l’emplacement que leur avait donné Marco Polo, parfois même avec une orthographe identique.
Pour en savoir plus
- L’apport de Ptolémée : on pourrait dire du Grec Ptolémée qu’il est, à la fois, le dernier grand cartographe et astronome de l’Antiquité et le premier du monde occidental.