Au printemps 1965, la décision politique de transférer l’Université et l’EPUL sur le site de Dorigny est prise. Le Grand Conseil vaudois approuve, en novembre de la même année, la constitution de la « Communauté de travail pour la mise en valeur des terrains de Dorigny » avec la mission de piloter le travail des experts chargés d’établir les plans directeurs.

D’emblée le périmètre d’étude est divisé en trois secteurs, répondant à des critères fonctionnels :

  • les terrains plats à l’Ouest pour l’EPUL (équipe du Prof. Pierre Foretay architecte)
  • le secteur Est, vallonné, paysagé et aménagé en parc autour du Château de Dorigny, pour les bâtiments de l’Université (équipe de Frédéric Brugger et Guido Cocchi architectes),
  • le secteur au bord du lac réservé au Centre sportif commun.

Les deux plans directeurs sont remis au Conseil d’État en 1968. Les différences de programme et de morphologie des deux sites conduisent d’emblée à des plans directeurs très spécifiques.

Le plan directeur de l’UNIL

Le plan de l’Université, assez abstrait, laisse le champ libre à une interprétation architecturale future; il est approuvé par le Grand Conseil la même année, ouvrant la voie à la construction du Collège propédeutique, premier bâtiment à être mis en service en 1970. Il est signé par Guido Cocchi, responsable du BUD (Bureau des constructions de l’Université de Lausanne-Dorigny), qui se charge par la suite de donner progressivement une image architecturale au plan directeur de 1968, sous forme de bâtiments isolés, disposés dans un parc et dans un environnement d’une qualité exceptionnelle, reliés entre eux par un axe piétonnier.

Le plan directeur de l’Université se précise donc au fur et à mesure de la réalisation du complexe universitaire, autour de quelques principes modulaires et d’implantation: sciences humaines à l’Est, équipements centraux dans la partie médiane face au lac, faculté des sciences à l’Ouest, au contact avec l’EPFL.

Le plan directeur de l’EPUL

L’histoire du plan directeur de l’EPUL, devenue EPFL le 1er janvier 1969, est plus mouvementée. Le terrain plat non arborisé, les exigences du programme des locaux, la mauvaise qualité du sous-sol et le souci d’interdisciplinarité conduisent à des bâtiments bas interconnectés et standardisés, avec une forte occupation du sol. Le résultat donne une image assez urbaine, très différente du plan de l’Université. L’étude de l’équipe du Prof. Foretay, plus concrète que le dossier de l’Université, n’est pas approuvée par le Grand Conseil en 1968 : en effet, le transfert de l’EPUL à la Confédération étant acquis entre-temps, le Canton ne veut pas brûler la politesse à la Confédération.

La reprise du dossier par les services de la Confédération se passe dans la douleur : n’ayant pas été associés à sa genèse, les responsables de l’Office des constructions fédérales mettent en doute la procédure, basée sur un mandat direct du Canton sans passer par la case du concours. Le dossier est finalement soumis à une Commission internationale d’experts, qui conclut à la qualité du travail fourni par « l’équipe Foretay », tout en regrettant l’absence de projets concurrents permettant de comparer le résultat à d’autres démarches. Face à cette impasse et après de laborieuses négociations, il est décidé d’organiser un concours sur invitation, sans anonymat, entre 7 bureaux représentatifs des différentes régions du pays, sur le thème du plan directeur, illustré par une 1ère étape de réalisation.

En automne 1970, pendant que l’Université inaugure le Collège propédeutique, le lauréat de ce concours est enfin connu, soit le Bureau Zweifel et Strickler et Associés (ZSA). Il propose un principe de planification basé sur un système modulaire tridimensionnel, avec quelques règles urbanistiques : localisation des fonctions principales, définition d’une typologie fonctionnelle de bâtiments (zones centrales, bureaux, laboratoires, halles), dessertes routières et tracés des transports, principe d’interconnexion des bâtiments par un réseau piétonnier couvert surélevé, mais sans fixer des choix architecturaux. Ces règles de planification se veulent évolutives pour permettre l’adaptation du plan directeur à l’évolution des besoins, ce qui se produira par la suite à plusieurs reprises. Le principe même du plan directeur vise une occupation dense du sol et un caractère architectural urbain, très différent des options de l’Université.

L’épreuve du feu de ce plan directeur se présente très rapidement : déjà au moment du concours, le projet de matérialisation de la 1ère étape de ZSA prévoyait la construction de 4 tours d’une dizaine d’étages. Lors de la mise à l’enquête publique en 1973, cette option, bien que conforme au règlement de la zone, soulève un tollé populaire. Compte tenu de ces résistances et pour ne pas perdre encore plus de temps, le maître de l’ouvrage décide de supprimer les tours pour arriver à l’image actuelle de l’EPFL, opération menée à terme en quelques semaines, grâce au « mécano » du plan directeur, indépendant de toute option architecturale.

A consulter également: Guido Cocchi, le père du campus (article paru dans l’Uniscope 554)

Sébastien Oesch
Archives de la construction moderne, EPFL


Impliquer le corps enseignant

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Le corps enseignant a été largement sollicité pour construire une Université adaptée à ses usagers.
Durée : 1,5 min.

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