Monumentalité ou fonctionnalité ? Les choix du XXe siècle

Les universités reconstruites durant l’Entre-deux-guerres reprennent souvent des modèles traditionnels (la forme du couvent par exemple) en les traitant dans des formes monumentales. Par leur emplacement dans la ville et par leur architecture, elles se placent en continuité, même si les références historiques se font plus discrètes qu’auparavant. La place de l’art continue à être importante (sculptures, peintures, mosaïques), revendiquant toujours un idéal élitaire. Le Kollegienhaus de Bâle (Roland Rohn, 1939) et l’Université Miséricorde de Fribourg (Denis Honegger et Fernand Dumas, 1941) en sont de bons exemples.

Une rupture s’opère dans l’après-guerre. Avant et après 1968, la vague de démocratisation des études supérieures provoque l’explosion du nombre d’étudiant.e.s ainsi que la refonte des facultés et des branches enseignées. Autrefois repliée sur elle-même, l’université se prend à rêver d’expansion et délaisse les limites cantonales qui, souvent encore, déterminaient la provenance de la plupart de ses étudiant.e.s et enseignant.e.s. L’architecture va souligner cette étape fondamentale par une rupture complète avec les modèles anciens.

Délaissant le formalisme classique, elle se tourne vers des modèles américains et le type du « campus ». Située hors de ville, elle se constitue de pavillons conçus de manière organique, pouvant se multiplier. Au luxe des colonnes et des fronton, elle préfère l’espace, la nature, l’usage raisonné des matériaux modernes et met en valeur le métal, le béton, le verre. Dans ce domaine, la Suisse fait part d’une inventivité remarquable. Dorigny, qui constitue l’un des principaux sites de cette nouvelle tendance, n’en est pas le moindre des exemples.

Dave Lüthi
Architecture & Patrimoine
Section d’histoire de l’art – Faculté des lettres

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