30 ans déjà !

Le BFSH2 essuie très vite des critiques: les utilisatrices et utilisateurs ne s’y sentiraient pas à l’aise et s’y perdraient; les espaces seraient peu fonctionnels, voire inutiles ou inutilisables. Le bâtiment est vaste, d’une surface habitable très étendue. Pourtant, l’impression de gigantisme est évitée grâce à la modularisation intérieure et cette composition en unités distinctes, en « maisons », qui vise à renforcer la vie de section. En effet, le BFSH2 n’est pas purement fonctionnel, mais dénote un haut degré de recherche formelle et géométrique, une réflexion poussée sur les surfaces et les matériaux et un traitement soigné de la lumière.

Dans la Nouvelle Revue de Lausanne, Mario Bevilacqua confirme que la forme dépasse la fonction: « Si l’on relève parfois des décorations qui paraissent inutiles, il faut les accepter en tant que telles comme quelque chose d’ajouté qui n’est pas essentiel. Nous avons aussi désiré dépasser le fonctionnel pour apporter ce petit supplément qui se situe au-delà de la satisfaction immédiate des besoins ». Malgré les commentaires négatifs, ce sont certainement ces éléments, au-delà du fonctionnel, qui font que l’actuel Anthropole nous parle toujours en 2017.

Un dédale artistique

Parmi toutes les œuvres d’art présentes dans l’Anthropole, trois artistes ont été financés par un budget dédié à la promotion artistique appelé « pour cent culturel » et prévu par la législation vaudoise dans le cas de nouvelles constructions. Roger Gerster est nommé officiellement « conseiller artistique » des architectes du BFSH2. Ensemble, ils imaginent deux œuvres qui reflètent la collaboration entre artiste et architectes, et la relation entre art et architecture. Prises dans le béton, elles sont physiquement indissociables du support bâti – même si des céramiques se sont détachées à plusieurs reprises, heureusement sans causer de dommages – et elles sont insignifiantes hors contexte. À l’extérieur, des bandes en acier inoxydable ornent les têtes de l’édifice.

L’animation intérieure est constituée de triangles noirs couplés à des bandes de céramique bleue dessinant des lignes diagonales, des bandes de céramique rouge dessinant des lignes verticales ou des bandes de céramique jaune dessinant des lignes horizontales. En 1986, un devis fait état de 2232 mètres linéaires de bandes de céramique et de 732 triangles. Les trois couleurs (jaune, rouge ou bleu) auraient dû permettre la différenciation spatiale entre les facultés présentes en 1987, les secteurs verticaux de l’édifice possédant chacun sa couleur. Cependant, cette volonté théorique n’a pas pu être mise en œuvre pour des raisons pratiques.

La Grande peinture noire de Christiane Lovay est une commande de l’Institut suisse pour l’étude de l’art (ISEA), dont l’antenne romande s’installe début 1988 au BFSH2. L’artiste crée l’œuvre in situ (au niveau 2) pour le vernissage de l’ISEA et celle-ci n’a pas bougé depuis. Le tableau est ensuite acheté à l’artiste par le Rectorat. La fontaine de Pierre Oulevay est inaugurée le 30 juin 1994, sept ans après la construction du bâtiment. L’œuvre de bronze et de granit, qui orne la liaison entre les BFSH 1 et 2, s’insère donc a posteriori dans le campus, sans lien avec la construction des deux édifices. Elle est commandée par le Rectorat en accord avec le BUD, à l’issue d’un concours restreint auquel sont invités quatre artistes de la région.

D’autres œuvres hétéroclites parent l’Anthropole. Petit tour des lieux… Présentée en marge de cette exposition, la série « UNIL » est réalisée en 2003 par l’artiste zurichoise Claudia Renna en collaboration avec le musicien André Décosterd à l’occasion d’une exposition à l’Unité d’Art Contemporain (devenue le Cabanon en 2009). Le couloir de 76 mètres reliant l’Anthropole à l’Internef a été repeint en 1993 par Edwige et Elvira Dale (de leurs vrais noms Mélisse Lebon et Renée-Paule Danthine), suivant leur créativité spontanée et colorée. En 1976, le Comptoir suisse reçoit des moulages en plâtre de son hôte d’honneur, l’Égypte. À la fin de cette 57e édition du Comptoir, le retour en Égypte étant trop onéreux, certaines œuvres (réalisées par l’Institut des moulages du Musée archéologique du Caire) sont stockées à l’UNIL; en 1987, elles sont restaurées puis transférées au BFSH2. Le corpus d’une dizaine de moulages conservés à l’Anthropole comprend, entre autres, la pierre de Rosette (dont l’original est au British Museum, Londres).

Une variété de sculptures viennent aussi animer les sections: le buste en bronze de Rabindranath Tagore (Janak Jhankar Narzary, 2011) à la Section de Langues et civilisations slaves et de l’Asie du Sud; le cheval de bronze prêté par le Département de la Justice, de la Police et des Affaires militaires en 1986 (une fausse antiquité saisie par la justice) à la Section d’Archéologie et sciences de l’Antiquité; le buste de Platon (428-348 av. J.-C.), une copie du XXe siècle en poudre de marbre, à la Section de Philosophie (salle 5099).