«Au-delà du service public: pour une histoire élargie de la télévision en Suisse, 1960 à 2000» propose une archéologie de la télévision en Suisse des années 1960 à 2000. Le projet se donne plus précisément comme objectif d’appréhender la multitude des pratiques, techniques et discours télévisuels avant la généralisation du numérique.
Dans l’historiographie courante, l’arrivée des Digital Media est souvent célébrée comme une «révolution» qui aurait transformé radicalement la télévision. Succédant à ce que certains ont appelé la paléotélévision, puis la néotélévision, ce troisième «âge» – celui d’Internet et de la convergence médiatique – aurait fait éclater l’identité de la télévision, média multiforme aux usages, images et économies dispersés.
Ce projet entend donc réviser une perspective, aussi schématique que finaliste, selon laquelle l’introduction des «nouvelles technologies» numériques marquerait un tournant radical. Il retrace l’émergence d’«anciens» nouveaux médias (Teletext, la télévision par câble, via satellite etc.) et se propose d’étudier les différents acteurs associés au développement des dispositifs télévisuels en Suisse, en prenant en compte les trois aires culturelles et linguistiques du pays. Il déplace ainsi l’approche centrée sur le service public pour englober les pratiques de production et de réception multiples qui coexistent, fécondent et se démarquent de la télévision institutionnelle avant 2000.
Les bornes chronologiques du projet – 1960 à 2000 – correspondent à la première ouverture du marché télévisuel via l’introduction du câble vers 1960 jusqu’aux débats menés au sein de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) sur le multimédia, au tournant du siècle, en passant par l’introduction de la télévision payante en 1984 et la multiplication des télévisions locales et privées dans les années 1990. S’inspirant des récentes discussions méthodologiques autour de l’archéologie des médias, le projet propose une analyse des dispositifs télévisuels multiformes, appréhendés dans leur dimension technique, textuelle et culturelle.
Les recherches menées au sein du projet s’articuleront autour de trois axes complémentaires et interdépendants. Il s’agira d’étudier premièrement le développement technologique et économique des «nouveaux médias» de la période considérée afin de comprendre le paysage audiovisuel suisse dans sa totalité. Deuxièmement, on se penchera sur les pratiques de production et de réception audiovisuelles en soulignant l’interdépendance et la circulation entre acteurs, techniques et programmes. Et l’on s’intéressera finalement aux discours «de» et «sur» la télévision en interrogeant plus particulièrement la remise en question du service public qui accompagne les transformations économiques, juridiques et culturelles du média en Suisse.
De par la nouveauté de son sujet et son approche innovatrice, le projet « Au-delà du service public : pour une histoire élargie de la télévision en Suisse » vient combler une lacune majeure dans l’historiographie et, étudiant la diversité de la télévision avant l’ère du numérique, éclairera d’un jour nouveau le média contemporain.
La bibliographie indicative du projet
Les sections affiliées de l’Université de Lausanne
Partenaires du projet
- Memoriav – Association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse
- FONSART – Fondation pour la sauvegarde du patrimoine audiovisuel de la RTS
- Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C²DH)