Les femmes à la SSR: l’histoire d’une inégalité

Trop longtemps oubliées dans la mémoire collective et négligées dans les récits de l’histoire de la télévision ou du cinéma, les femmes ont pourtant toujours collaboré à la production audiovisuelle. Quelques initiatives tendent aujourd’hui à leur redonner la place qui leur est destinée dans l’histoire des médias.

A l’occasion de la grève des femmes de Suisse qui s’est déroulée le 14 juin dernier, la SSR a porté son attention sur l’histoire de ses collaboratrices. Les deux archivistes de la SSR, Irène Benz et Heidi Lüdi, ont déniché dans leurs fonds quelques contrats et documents iconographiques témoignant du statut particulier des premières professionnelles de radio et de télévision en Suisse et des inégalités qu’elles ont subies depuis la création de la SSR en 1931.

Présentation du texte rédigé par deux collaboratrices de la SSR, Irène Benz et Anna Sterchi :

« Licenciement en cas de mariage? Interdiction de prendre le volant? Un salaire maximal au moins deux fois plus bas que celui des hommes? Aujourd’hui, c’est inimaginable. Mais il n’y a pas si longtemps, c’était une réalité pour les collaboratrices de la SSR. A l’occasion de la grève des femmes nationale, le diffuseur national jette un œil dans ses archives. »

« Un salaire annuel de 6000 francs [représentait] une bonne rémunération pour une femme », estimait le directeur de la SSR dans les années 40. (SRG)

 

Lire le texte « Egalité à la SSR. Les femmes aux fourneaux plutôt qu’au bureau » sur Swissinfo.ch.

 

Cinéastes et féministes: Delphine et Carole, insoumuses

Callisto McNulty, petite-fille de la vidéaste Carole Roussopoulos, décédée en 2009, raconte dans son film Delphine et Carole, insoumuses l’amitié et l’engagement féministe de la réalisatrice et de l’actrice Delphine Seyrig, toutes deux Suissesses d’origine.

Callisto McNulty ainsi que les enfants de la réalisatrice, co-scénaristes du film, ont souhaité poursuivre le projet de documentaire sur la carrière et le féminisme de Delphine Seyrig initié par Carole Roussopoulos en 2007 et y intégrer la vision et la parole de la réalisatrice elle-même.

Ce documentaire produit par l’émission Histoire vivante de la RTS a obtenu le Grand Prix de Genève, Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) en mars 2019 ainsi que le Prix du Public, Festival International du Film de Femmes – Créteil (France) 2019.

 

 

« Delphine et Carole, insoumuses. Le film qui donne envie d’être féministe », RTS Culture, 14 juin 2019.

Voir le Grand Format de la RTS sur la carrière de la cinéaste « Carole Roussopoulos, militer, rire et partir trop vite ».

La réalisatrice a déposé en 2007 ses archives vidéo et la documentation qui les accompagne à la Médiathèque Valais-Martigny. En 2018, une exposition « Carole Roussopoulos. La vidéo pour changer le monde » lui avait été consacrée.

L’AlbOum: histoire du portrait photo à la Médiathèque Valais-Martigny

« L’AlbOum. Du portrait photo à la manie du «selfie» »:  la Médiathèque Valais – Martigny met en perspective ses collections avec une exposition sur l’histoire du portrait photo, de 1850 à nos jours. A découvrir jusqu’au 31 août 2019.

Présentation:

Portraits de personnes isolées ou en groupe, ces documents, mis en perspective avec les phénomènes audiovisuels contemporains, font surgir des questions: un visage bien cadré suffit-il à faire portrait ? Depuis quand fait-on des autoportraits – selfies – ? Jusqu’où ira le contrôle social induit par la photographie ?

Dans L’AlbOum, on croise des regards anciens pris aux rets de sels d’argent, on retrouve des silhouettes immortalisées dans des studios valaisans ou en extérieur, on observe l’évolution des poses, des tendances vestimentaires et des conventions sociales régissant les instants de vie dignes d’être saisis ou mis en scène.

En revisitant le passé de la technique photo jusqu’à nos jours, où les visages n’ont plus besoin d’un autre pour être photographiés, où les photos s’impriment sur des supports toujours plus improbables, une réflexion sur le visage infuse le parcours de l’exposition.

 

Pour s’imprégner de l’ambiance de l’exposition, plusieurs vidéos sont disponibles sur le web:

« #Le portrait photo »: où l’on apprend que le premier autoportrait a exigé plus de dix minutes de pose.

« # Le selfie »: où l’on apprend que plus de 1000 selfies sont réalisés chaque seconde…

« Portrait de famille, pratique du film amateur »: où l’on apprend que les frères Lumière faisaient des portraits filmés de leur famille.

 

Parution: Ecologie de l’attention et archéologie des médias

Yves Citton, professeur de littérature et médias à l’Université Paris 8, et Estelle Doudet, professeure ordinaire en littérature aux Universités de Lausanne et de Grenoble-Alpes, ont co-dirigé l’ouvrage Ecologie de l’attention et archéologie des médias publié en 2019 aux UGA Editions. Ce volume collectif est issu du colloque éponyme organisé en 2016 au centre culturel international de Cerisy. Cet ouvrage propose des pistes inédites pour aider à nous situer dans les nouveaux environnements de médialité instaurés par des technologies numériques devenues ubiquitaires.

 

« L’attention que nous portons aux divers objets constituant notre monde conditionne la façon dont nous nous comportons envers eux. Si les problèmes d’économie de l’attention sont aujourd’hui à la mode, il reste à comprendre les multiples écologies attentionnelles développées par les sociétés humaines.

Or un nouveau champ de recherche émerge depuis une vingtaine d’années sous le titre d’ « archéologie des media » : son ambition est d’apporter une lumière nouvelle sur les transformations les plus récentes (entraînées par la numérisation) de nos formes de médialités et de nos régimes attentionnels, en les éclairant par ce que nous apprennent des couches oubliées des pratiques matérielles, des appareillages et des imaginaires médiatiques du passé plus ou moins lointain ».

 

Consulter la table des matières de l’ouvrage.

 

 

CFP: Les femmes dans les industries du cinéma et de la télévision

La Conférence « Reclaiming the Screen: Addressing Overlooked Women in Film and Television » a lieu le 14 juin à l’Institut d’Histoire du cinéma et de la télévision de l’Université de Montford, à Leicester. Cette rencontre propose de discuter de la question de la sous-représentation des femmes dans la production, la culture et plus largement l’histoire de la télévision et du cinéma. Elle tend à fournir ainsi une visibilité à des femmes dont la valeur n’est pas reconnue aux sein de ces industries.

 

Portrait de la réalisatrice Agnès Varda derrière sa caméra sur le tournage du film ‘Sans toit ni loi’ en 1985 en France. (Photo by Micheline PELLETIER/Gamma-Rapho via Getty Images)

 

Dans le même registre, l’appel à communications est lancé pour la conférence « Doing Women’s Film and Television History: Forming Histories/Histories in Formation », qui aura lieu du 20 au 22 mai 2020 à l’Université de Maynooth, en Irlande. Il s’agit de la 5e rencontre organisée par le réseau Women’s Film & Television History UK/Ireland.

Extrait de l’appel (délai fixé au 11 octobre 2019):

The theme of this conference – ‘Forming Histories/ Histories in Formation’ – aims to foreground issues pertaining to the production, curation and archiving of women’s histories in film and television as well as the methods for, and approaches to, producing and shaping these histories as they form. More particularly, much can be learned from the diversity of practices, experiences and narratives of women’s film and television history as they pertain to:  national, transnational, world and global histories; neglected, peripheral or hidden histories; organisations such as museums, archives and universities; collectives, groups and movements such as #MeToo; local communities and community media; emergent forms and platforms; and historical approaches to women’s reception of film and television as well as historicising current practices and experiences of reception, fandom and consumption.

Saga des magazines d’information à la RTS : Temps présent

La saga des magazines d’information à la TSR/RTS se poursuit avec un article rédigé par le réalisateur de télévision Jean-Jacques Lagrange sur Temps présent.

« Saga des magazines d’information à la TSR/RTS 1958-2019 : Temps présent » 

« Le 50e anniversaire du magazine d’information de la RTS Temps Présent est pour moi l’occasion d’une réflexion dans une perspective historique sur les émissions des magazines d’information. Je voudrais souligner l’exceptionnelle continuité qui permet à la Télévision romande, depuis soixante et un ans, de faire découvrir les multiples réalités humaines, sociales, économiques, culturelles ou politiques de la vie des peuples en Suisse et dans le monde grâce à des reportages originaux tournés par les réalisateurs, journalistes, cameramen et preneurs de son de la TSR/RTS. »

Au Vietnam Y. Butler et cameraman C. Paccaud – TP 1974.

 

Le cinquantenaire du magazine phare de la télévision suisse romande, Temps présent, a été l’occasion d’une réflexion collective sur l’histoire du magazine menée conjointement par la Radio-Télévision Suisse (RTS) et le monde universitaire. Cette série d’articles sur les « 50 ans de Temps présent » valorise les résultats de l’exploration des coulisses de l’émission et prolonge cette collaboration avec des textes d’historien.ne.s de l’Université de Lausanne et de professionnels de télévision.

Lire l’article. 

« Television as new media »: un récent article d’Anne-Katrin Weber

Notre collègue Anne-Katrin Weber, historienne de la télévision, vient de publier un article dans la revue Necsus – European Journal of Media Studies. Intitulé « Television as new media: Raymond-Millet’s ‘Télévision: Oeil de Demain’ (1947) and the politics of French experimental TV », le papier propose une réflexion critique autour de la notion de « nouveauté » dans l’histoire de la télévision.

 

 

En s’intéressant notamment aux représentations futuristes de la télévision que véhicule le film du réalisateur français, Anne-Katrin Weber montre comment Télévision: Oeil de demain ne rend pas compte de l’histoire longue du médium et invisibilise les développements technologiques et institutionnels qu’il traverse dans les années 1940. Les discours sur la nouveauté de la télévision participent notamment à masquer ses liens avec le régime d’occupation nazi durant la guerre, et donc à façonner la télévision comme un « nouveau médium », débarrassé du poids de son histoire récente.

Pour découvrir les différents travaux et activités d’Anne-Katrin Weber, visitez son site web!

Saga des magazines d’informations : Continents sans Visa

Troisième volet de notre série « 50 ans de Temps présent » avec une réflexion du réalisateur de télévision Jean-Jacques Lagrange sur les magazines d’information à la TSR/RTS.

« Saga des magazines d’information à la TSR/RTS 1958-2019 : Continents sans Visa »

« Le 50e anniversaire du magazine d’information de la RTS Temps Présent est pour moi l’occasion d’une réflexion dans une perspective historique sur les émissions des magazines d’information. Je voudrais souligner l’exceptionnelle continuité qui permet à la Télévision romande, depuis soixante et un ans, de faire découvrir les multiples réalités humaines, sociales, économiques, culturelles ou politiques de la vie des peuples en Suisse et dans le monde grâce à des reportages originaux tournés par les réalisateurs, journalistes, cameramen et preneurs de son de la TSR/RTS. »

Equipe CSV en Argentine pendant le Coup d’Etat – 1966

 

Le cinquantenaire du magazine phare de la télévision suisse romande, Temps présent, a été l’occasion d’une réflexion collective sur l’histoire du magazine menée conjointement par la Radio-Télévision Suisse (RTS) et le monde universitaire. Cette série d’articles sur les « 50 ans de Temps présent » valorise les résultats de l’exploration des coulisses de l’émission et prolonge cette collaboration avec des textes d’historien.ne.s de l’Université de Lausanne et de professionnels de télévision.

Lire l’article. 

Archives audiovisuelles et droits d’auteur: comment ça marche?

Comment les institutions de radio et de télévision peuvent-elles ouvrir leurs archives au public et promouvoir leur utilisation dans l’enseignement et la recherche sans violer les droits d’auteur?

C’est à cette question que tente de répondre le dernier billet de blog d’EuScreen, consortium européen  d’archivistes de l’audiovisuel. Pour ce faire, ils ont  invité le spécialiste du sujet, Bartolomeo Meletti, qui travaille notamment au sein du projet Learning on Screen. Cette organisation se dédie depuis plusieurs décennies à l’usage du matériel audiovisuel pour l’éducation et la recherche. Pour aider les professeur.e.s et toute autre personne intéressée à mobiliser ce type de ressources, elle a créé en 2018 un Copyright Advisory Service.

 

Museums & Galleries – Original illustration by Sophie Natta for CopyrightUser.org

 

Extrait du billet:

« Making copyright accessible to researchers, educators and creators presents a number of challenges. The main one is the complexity of the subject itself: copyright is a complex and evolving subject, so it is difficult to explain it in a way that is both accurate and accessible. It’s important to try to make things ‘as simple as possible, but not simpler’ (allegedly a quote from Albert Einstein). Second, copyright in education is surrounded by a rather negative perception: teachers, students and researchers often see copyright as an obstacle to their everyday practice and what they consider acceptable behaviour. Ambiguity is another challenge: while teachers dealing copyright issues always look for black or white answers, the practical implementation of copyright law often turns on interpreting concepts that are inherently ambiguous and situational, such as ‘fairness’ or ‘substantiality’. »

 

Pour aller plus loin:

A l’occasion des 75 ans de l’association Learning on Screen, un colloque s’est tenu à Londres les 23 et 24 novembre 2018 consacré au film et à la télévision éducatifs ainsi qu’à l’histoire des pratiques pédagogiques liées à l’écran. Nous y avions consacré un article: « Enseigner avec l’image en mouvement »

 

DécadréE parle des femmes dans les médias

L’association « DécadréE : Un autre regard sur l’actualité » fondée en 2017 promeut une presse plus égalitaire qui ne réaffirme pas les stéréotypes de genre, de classe et racistes. Dans le cadre de son activité, DécadréE organise notamment des formations à l’écriture inclusive et des campagnes de sensibilisation aux traitements des violences sexistes.

Le web-journal de l’association dénonce le sexisme présent dans les médias et propose, via un large choix d’actualités sociales et culturelles et de réflexions publiées sous la forme d’articles ou de podcasts, une démarche constructive pour repérer les stéréotypes de genre et s’orienter vers une écriture plus égalitaire.

DécadréE a lancé en décembre 2018 la série de podcasts « Une héroïne dans ton genre ». Six podcasts sont actuellement disponibles et analysent les représentations des femmes dans l’audiovisuel ainsi que la place des femmes derrière les écrans.

 

Ecouter la série de podcasts:

Millenium et les Chatouilles : le viol au cinéma, 07 décembre 2018

The Princess Switch, The Holiday Calendar et A Christmas Prince – Les téléfilms de Noël, 29 décembre 2018

Sex Education, 4 février 2019

Rencontres 7e Art: où sont les femmes?, 20 mars 2019

Pearl: musclée et fière de l’être, interview de la cinéaste Elsa Amiel, 29 mars 2019

Female Pleasure: cinq héroïnes en combat contre le patriarcat, 02 avril 2019