Le rêve numérique face aux sources archivistiques

Le Festival Histoire et Cité se tient à Genève du 21 au 24 mars et propose un programme particulièrement riche sur le thème « Etre libre ». Parmi les multiples projections, conférences et expositions, nous avons notamment retenu une table ronde autour de la problématique des archives à l’heure du numérique. Elle se tiendra le vendredi 23 mars à 15h30 aux Archives d’Etat, qui la co-organisent avec Infoclio et Open Geneva.

Christine de Pisan, « La Cité des Dames ». Manuscrit 2nde moitié XVe s. BGE, Ms. fr. 180, f. 5 v°.

 

« Comment mettre en œuvre les beaux principes d’accès aux documents que défendent les institutions d’archives? Quelles sont les ressources à disposition? Que faire avec la masse des images numérisées? Cette table ronde questionnera l’écart entre les perspectives offertes par le progrès numérique et la réalité matérielle des centres d’archives. »

Intervenants: Jacques Berchtold, Pierre Flückiger, François Grey, Lorenzo Tomasin

Modérateur: Enrico Natale

Faire de l’histoire sur Youtube?

Pour sa 3ème édition, le Festival Histoire et Cité, qui se tient à Genève du 21 au 24 mars, propose un programme particulièrement riche sur le thème « Etre libre ». Nous y avons notamment remarqué deux événements autour de la transmission historique à l’heure des « nouveaux médias » numériques.

Une image de la chaine YouTube de vulgarisation historique Nota Bene, créée par Benjamin Brillaud et qui reçoit un immense succès.

Le jeudi 22 mars à 16h30, Benjamin Brillaud donne une conférence intitulée « La vulgarisation de l’histoire sur YouTube, alliée ou ennemie des historien.ne.es? Le cas de Nota Bene ». Il est l’auteur de cette chaîne qui réunit plus de 570 000 abonné.e.s avec des sujets d’histoire.

Autour du même sujet aura lieu le vendredi 23 mars 17h une table ronde sous le signe « Histoire 2.0 ». Benjamin Brillaud échangera avec Adrià Budry Carbó, journaliste au quotidien Le Temps, et l’historien des sciences Bruno Strasser. Il sera notamment question de la légitimité des nouveaux canaux d’information en comparaison avec les médias dits traditionnels.

Benjamin Brillaud était reçu à France Inter le mardi 13 février autour de la question: Propagande, stéréotypes, spectaculaire : les jeux vidéo font-ils du mal à l’Histoire ? Ecouter l’entretien.

 

No Billag: fin de campagne et nouvelle ère pour la SSR

Après une campagne intense autour de l’initiative No Billag, l’existence de la SSR est confortée plus que jamais avec le refus net de supprimer la redevance audiovisuelle, voté le dimanche 4 mars dernier. Mais dès l’annonce des résultats, Gilles Marchand, directeur de l’audiovisuel public suisse, annonçait des réformes et des économies. Parmi les nouvelles pistes que suivra l’entreprise de service public, on peut mentionner la priorité donnée au numérique, la fin de la publicité sur Internet et l’arrêt des coupures au milieu des films télévisés. Pascal Crittin, directeur de la RTS, était l’invité de l’émission Médialogues samedi 10 mars pour faire le bilan de la campagne et discuter de l’avenir de la SSR.

Ecouter l’entretien.

 

 

Transbordeur no. 2: exposer la photographie

La jeune revue annuelle Transbordeur, dirigée entre les Universités de Genève et Lausanne par les professeurs Christian Joschke et Olivier Lugon, a récemment fait paraître son deuxième numéro. Le dossier principal s’intéresse à différentes questions autour de l’exposition de la photographie.

Présentation:

Le dossier, au cœur de la revue, croise différents fils autour de la question de l’exposition de la photographie : la célébration du médium lui-même, depuis la divulgation du daguerréotype jusqu’aux premières présentations de la photographie numérique, en passant par la mise en scène de son histoire ; la photographie comme pédagogie par l’image, avec la statistique visuelle, l’astronomie savamment organisée par Aby Warburg, ou encore l’exposition de la Grèce par Fred Boissonnas au lendemain de la Grande Guerre. Les exhibitions d’architecture ou les expositions itinérantes du plan Marshall nous le montrent par ailleurs, la modernité de l’exposition par la photographie c’est de n’être plus ni temple ni sanctuaire, mais de circuler d’un lieu à un autre, d’un dispositif à l’autre. Et la photographie est encore là pour partager l’expérience de l’exposition au-delà des frontières et à travers le temps : les photographies stéréoscopiques prises à l’Exposition universelle de 1867 restituèrent aux millions de regardeurs l’immense bazar où le monde entier avait envoyé ses produits, tandis que des décennies de vues d’expositions artistiques sont aujourd’hui réinterrogées par des artistes, des commissaires et des chercheurs. Dans le Japon des années 1960-1970, auquel plusieurs textes de ce numéro sont consacrés, exposition et photographie ont poussé à l’extrême les utopies post-industrielles dans le sens d’une critique du médium photographique. Lorsque le dispositif se fait discours, que l’image se fait utopie, elle ouvre un nouveau champ des possibles aux multitudes rassemblées. Exposer, en définitive, c’est construire des publics.

Consulter le dossier de presse complet.

 

L’histoire mouvementée de la presse romande

L’historien et professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, Alain Clavien, a publié en octobre 2017 un ouvrage qui revient sur l’histoire de la presse en Suisse romande, des origines à nos jours. A cette occasion, il a été invité par deux émissions radiophoniques de la RTS: Versus du 11 octobre et Médialogues du 14 octobre.

Présentation du livre:

En combinant des approches diverses, cet ouvrage propose une histoire de la presse romande des origines à nos jours, en s’attardant sur les logiques qui mènent du journal politique sans but lucratif au journal d’information intégré dans le monde industriel des médias de masse, des petites maisons d’édition adossée à une imprimerie aux grands groupes multi-médias pour lesquels le journal n’est qu’un produit parmi d’autres. Alors qu’elle pouvait encore s’enorgueillir d’une richesse surprenante de titres il y a trente ans seulement, la Suisse romande est aujourd’hui en passe de voir disparaître sa presse… D’une part, l’esquisse d’une évolution générale aide à recadrer les questions, et à en suggérer de nouvelles. D’autre part, en un temps où la presse écrite traverse une période de troubles profonds, voire de crise existentielle à en croire les esprits les plus pessimistes, il n’est pas inutile de comprendre comment on en est arrivé là, en prenant du champ et en considérant une perspective large.

 

 

Le télévision publique au pied du mur, aussi en France

Le 6 février dernier, la plateforme Action Critique Médias publiait un article intitulé « Il y a près de 30 ans, la télévision publique (déjà) au pied du mur ». Le papier revient sur la mobilisation d’intellectuel.le.s français.e.s à la fin des années 1980, qui dénonçaient notamment l’emprise de la publicité sur l’audiovisuel public.

Logo de France 3 en 1988.

Extrait de la lettre signée Ange Casta, Jean Martin, Claude Marti, Christian Pierret, Max Gallo et Pierre Bourdieu, envoyée en mars 1989 au président de la République, au Premier ministre et au ministre de la Culture et de la Communication:

« La Télévision Publique en France est engagée dans une logique de décadence qui met à terme son existence en cause. Le moment est venu de prendre conscience de l’enjeu et d’en mesurer les conséquences. Trois chaînes commerciales de télévision ont été créées ou développées depuis 1986. (…)  La Publicité y dicte sa loi, le programme en est le support et l’audimat le juge suprême. Pour la satisfaction des annonceurs à qui l’on vend des spectateurs/consommateurs par paquets de 1000… Or la Télévision Publique pour ce qui concerne son financement, ses programmes et la recherche du taux d’écoute maximum comme critère unique d’évaluation de son audience, s’est alignée sur le modèle de la télévision commerciale. »

Sur la situation actuelle de la télévision publique en France, lire également l’entretien d’Acrimed avec Fernando Malverde, journaliste et syndicaliste à France télévisions, publié le 26 décembre 2018.

No Billag terrorise le cinéma suisse

A l’orée de la votation No Billag, le journaliste et critique de cinéma Pascal Gavillet expose les conséquences désastreuses qu’engendrerait un « oui » à la suppression de la redevance pour le monde du cinéma hélvétique. Extrait de son article publié dans le 24 Heures du 18 janvier 2018:

Un long-métrage comme «Ma vie de courgette» ou une série telle que «Quartier des banques» ne pourraient plus voir le jour en cas de oui à l’initiative, affirment ses opposants.

Du côté de Cinéforom, l’ex-producteur Gérard Ruey, actuellement secrétaire général de la fondation, ne raisonne pas autrement. «Un tiers du subventionnement des films provient de la télévision. Et c’est un coût par essence difficilement rattrapable. En cas de oui à «No Billag», c’est ce tiers qui passerait à la trappe. Qui pourrait compenser cette perte? Je ne vois pas. Personne, je pense. Donc si l’initiative passait, ce serait une catastrophe totale. Car si un volume de production s’effondre, c’est toute la production qui s’effondre en même temps, par un effet domino qui conduit vite à la précarité.»

 

Sur la question de la relation entre No Billag et le cinéma suisse, voir aussi:

No Billag: tous les articles du Temps

Sous le titre « La controverse No Billag », le quotidien romand regroupe sur une page de son site web toutes les contributions au sujet de l’initiative visant à supprimer la redevance radio et télévision.

Quelques exemples d’articles que l’on peut y trouver:

« Redevance radio-TV: les chiffres qui comptent », 9 février 2018.

« La Fédération suisse des sourds s’inquiète de voir disparaître les sous-titres avec la redevance », 31 janvier 2018.

« Quiz: Connaissez-vous bien No Billag? Un test à faire avant d’aller voter, le 4 mars », s.d.

« «No Billag»: les artistes entrent en guerre », 19 janvier 2018.

 

 

Information et actualité: une perspective historique

L’émission de la RTS Histoire Vivante consacrait la dernière semaine de janvier 2018 à la thématique « L’information en question, histoire et actualité ». Comme à son habitude, le programme se déclinait entre cinq émissions radiophoniques, du lundi ou vendredi, la diffusion d’un documentaire le dimanche soir sur RTS 2 ainsi que la parution d’un article en lien dans le journal La Liberté, intitulé cette semaine-là « L’info sacrifiée sur l’autel de l’argent ».

Lundi, mardi et mercredi, les auditeurs ont pu écouter un long entretien avec Michael Palmer, professeur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Paris III, autour de son ouvrage « Homo Informans: L’urgence des news au fil des millénaires suivi de Lexique subjectif de l’homme informant ». Jeudi et vendredi, l’émission d’histoire proposait une rencontre avec Frédéric Gonseth, journaliste, réalisateur et producteur indépendant, pour un état des lieux de l’information, des médias et du métier de journaliste en Suisse, sujets de son dernier film documentaire « Le printemps du journalisme ».

Toutes les émissions, le documentaire de Frédéric Gonseth et l’article de La Liberté peuvent être réécoutées, vu et lu ici.

 

 

La télévision et les artistes dans l’histoire

La Boîte Télévisuelle, le poste de télévision et les artistes. C’est sous ce titre que l’historienne de l’art Caroline Tron-Carroz publie un ouvrage qui interroge la manière dont de  nombreux artistes, dès les années 1960, ont utilisé le médium télévisuel au service de leur art. Le livre retrace, jusqu’aux années 1990, l’histoire de productions artistiques qui ont révélé, voir popularisé, les potentialités pastiques et polytechniques de la télévision. Il participe ainsi à renouveler l’histoire du petit écran.

Présentation:

Charlotte Moorman & Nam June Paik. Concerto for TV Cello and Videotapes. 1971.

Dès les années 1960, l’art contemporain inventorie un nouveau médium : le poste de télévision à partir duquel des artistes tels que Nam June Paik, Wolf Vostell, Edward Kienholz et bien d’autres, entreprennent des expérimentations ou opèrent des détournements. Pendant quatre décennies, de nombreux artistes vont être sensibles à la forme du poste, à son design cubique ou en boîte,  et attirés par les potentialités électroniques du tube cathodique. Cet ouvrage entend montrer un poste de télévision, un « objet boîte » qui a marqué les esprits, donnant naissance à des créations à plusieurs échelles, se situant du côté de la sculpture, de l’assemblage, des arts de l’action, de la création vidéo et des arts électroniques. L’étude du contexte médiatique et de la puissance que représente la télévision, notamment à partir des années 1970, sert de toile de fond pour comprendre les relations que certains artistes ont pu tisser avec le monde de la télévision, exprimant aussi des positionnements très critiques à son encontre.