Notre projet « tvélargie » reçoit le prix Memoriav 2020 !

A l’occasion de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel du 27 octobre 2020, l’association pour la sauvegarde de la mémoire audiovisuelle suisse, Memoriav, décerne son « Prix Memoriav » à notre site web !

Speakerines. Archives de la RTS.

Memoriav explique ainsi son choix :

La recherche est un maillon important qui participe à une meilleure compréhension et prise en charge du patrimoine audiovisuel. Avec votre contribution, vous ouvrez la voie à de nouvelles possibilités d’appréhender le patrimoine audiovisuel dans le cadre universitaire. Memoriav souhaite souligner le caractère exemplaire de ce projet et vous en félicite !

Nous en sommes ravi·e·s et nous remercions Memoriav pour la reconnaissance de notre travail que nous poursuivons depuis 4 ans.

Pour en savoir un peu plus, vous pouvez consulter la présentation de nos usages pluriels des sources audiovisuelles, que ce soit dans le cadre de la recherche, de l’enseignement ou au sein de notre démarche de médiation avec un plus large public. Mais il est aussi possible de tout simplement naviguer sur notre site web!

BLM II: Black Is Beautiful, 1973 et Jetzt reden wir Schwarzen, 2020

A la lumière des violences policières contre la population afro-américaine aux États-Unis, et du mouvement international Black Lives Matter qui mène une lutte acharnée pour combattre ces violences, nous publions ici des documents issus des archives télévisuelles. Ceux-ci éclairent l’histoire des luttes anti-racistes et anti-impérialistes américaines et leur représentation à la télévision en Suisse .

Après l’entretien réalisé dans l’émission La Voix au chapitre en 1975 avec Angela Davis, nous poursuivons la série avec la présentation d’une émission réalisée en 1973 par la TSR sous le titre Black is Beautiful. En plus d’être une redécouverte d’une production télévisuelle largement oubliée, cette émission fait directement écho aux vifs débats qui ont accompagné très récemment l’Arena sur la SRF – la version suisse allemande d’Infrarouge. En porte à faux avec les déclarations de bonnes intentions de la part de ses producteurs, cette émission a permis la diffusion d’un discours discriminatoire et niant les problèmes structurels de racisme quotidien que les personnes de couleur rencontrent toujours en Suisse. Ayant ainsi trahi son objectif de donner la voix aux personnes concernées par le racisme, la SRF a programmé une deuxième discussion censée corriger le discours porté par le premier débat télévisé.

Black is Beautiful, 17 mai 1973: « Des Noirs parlent des Noirs »

Radio TV je vois tout, 10 mai 1973

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diffusée le jeudi 17 mai 1973 à l’heure du prime time, de 20h15 à 22h45, Black is Beautiful fait partie d’un nouveau format d’émissions promu sous le titre Grand Soir. Une première émission-test, dédiée à l’Irlande, a été diffusée en août 1972; Black is Beautiful est présentée comme la « véritable première édition de cette nouvelle émission ».

La spécificité de Grand Soir consiste à réunir des productions de genres divers – spectacle, variété, informations – autour d’une seule thématique. Celle-ci est ainsi explorée sous de nombreux angles pendant deux heures et demie. Chaque volet propose de mobiliser « plusieurs moyens de la télévision »: le reportage, le direct, le plateau… Le second volet de Grand Soir est diffusé le vendredi 2 novembre 1973 et est entièrement dédié au sujet de Folie, ma soeur; en avril 1975, la TSR se penche sur le sujet Vivre son corps, alors qu’en 1976, lors de la dernière mouture, une soirée est dédiée à la musique.

Le réalisateur de Black is Beautiful, Raymond Vouillamoz, revient sur les ambitions du concept quelque peu expérimental dans un article publié à l’occasion du second volet de Grand Soir, en novembre 1973. Il explique:

« Trop souvent, la télévision sert uniquement de véhicule aux moyens d’expression classiques tels le journalisme, le cinéma ou le théâtre. Or, nous pensons que la richesse technique et la souplesse horaire dont dispose la télévision lui permettent, tout en empruntant à des domaines connus, de rechercher un langage spécifique. Avec « Grand Soir », nous essayons d’explorer toutes ses possibilités. » (Radio TV – Je vois tout, 25 octobre 1973)

La première partie de Black is Beautiful mélange ainsi des débats en direct sur le plateau, des intermèdes de danse contemporaine, de musique folk et des performances de théâtre auxquels s’ajoutent des reportages enregistrés. Outre l’envie d’expérimentation qui caractérise l’émission et qui la rend précieuse d’un point de vue de l’histoire des programmes de la RTS, c’est sa thématique et sa mise en scène qui la rendent particulièrement pertinente dans le contexte actuel. Sur le plateau du journaliste Pierre-Pascal Rossi se réunissent des invité·e·s illustres: l’écrivain James Baldwin, le chanteur Richie Havens, Ernst Morgan, danseur et chorégraphe, Eleanor Hicks, consule des USA à Nice et première femme noire à avoir accédé à ce poste, Stanislas Spero Adotevi, philosophe, Albert Tevoedjre, sous-directeur général du Bureau international du travail, Jean-Pierre N’Diaye, sociologue, Maryam Maxim, comédienne. L’émission s’ouvre sur un gros plan de Maryam Maxim qui cite un texte de Stanislas Spero Adotevi tiré de son ouvrage Négritude et Négrologues :

Le nègre n’est pas une couleur, c’est une valeur. Le nègre qui n’a pas foi dans la réhabilitation de sa race n’est pas un homme. Black is Beautiful.

S’enchaînent ensuite des interventions en direct d’artistes et d’intellectuel·le·s présents sur le plateau ainsi qu’une série de reportages organisée autour des trois thématiques: servitude, choc de deux cultures et libération. Dans toutes ces réalisations, une large place est donnée aux personnes noires et à leurs expériences aux États-Unis et en Europe. Si certains éléments de l’émission nécessitent un regard critique – je pense en particulier à l’utilisation à des fins décoratives de l’art africain dans le studio qui rappelle l’héritage colonial des musées occidentaux – la réalisation de la TSR est remarquable dans sa manière de faire une place aux artistes, intellectuel·le·s et figures de la vie politique noir·e·s :

 

Arena, 12 juin 2020: « Jetzt reden wir Schwarzen »

A travers ses thématiques, Black is Beautiful aborde ainsi non seulement des sujets tels que le racisme ou les inégalités structurelles qui en découlent, mais honore également sa devise « des noirs parlent des noirs » en ouvrant le plateau à des femmes et hommes noir-e-s.

Le 12 juin 2020, suite au meurtre de George Floyd et au mouvement BLM qui prend de l’ampleur dans les villes suisses, l’émission Arena de la SRF emprunte ce même titre, « Jetzt reden wir Schwarzen », maintenant, nous les noirs parlons. Déjà en amont de l’émission, toutefois, de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux dénoncent la composition des invité·e·s qui ne respecte pas le slogan choisi, et dont la photographie de plateau rend compte au premier coup d’oeil:

Sur le devant de la scène discutent outre le présentateur Sandro Brotz (au milieu): Andrea Geissbühler, conseillère nationale UDC et policière; James Foley, représentant du parti des républicains américains et supporter de Trump; le comédien Kiko et la conseillère nationale PS Samira Marti. Placées sur les bancs du public (absent en raison du COVID-19) en arrière-fond figurent Angela Addo, membre de la JUSO et militante dans le mouvement Black Lives Matter et Gabriella Binkert, UDC. Manuel Obafemi Akanji, footballeur, intervient via un entretien enregistré. Ainsi, 3 des 4 interventant·e·s principaux sont blancs; la parole des personnes de couleur est littéralement reléguée à la marge. Au lieu de faire une place aux expériences des personnes noires en Suisse, on entend avant tout les voix privilégiées de personnes blanches niant tout problème de racisme ou d’inégalités structurelles. Ainsi, Andrea Geissbühler proclame qu’ « aucun membre de l’UDC n’est raciste ».  James Foley s’était déjà fait un nom en 2016 sur le site watson.ch lorsqu’il proclamait qu’Obama n’était pas américain puisque son certificat de naissance était falsifié.

A la suite de l’émission, 130 plaintes sont déposées auprès de l’Ombudsman de la SRF. Dans la presse et sur les réseaux sociaux, les critiques fusent quant aux nombreux problèmes soulevés par la conception même de l’émission. Face à ce désastre politique et institutionnel, Sandro Botz s’excuse publiquement de l’échec de son émission et organise une deuxième mouture le 19 juin 2020, avec cette fois exclusivement des invité·e·s de couleur.

L’émission Arena de juin 2020 représente ainsi un cas d’école à la fois des préjugés et discriminations racistes qui persistent en Suisse et de l’importance des résistances contre cette forme d’oppression. Le détour via les archives de la télévision suisse permet un éclairage historique de ces débats et nous fait découvrir une réflexion sur la représentation des questions raciales à la télévision qui, presque 50 ans après, n’a malheureusement en rien perdu de son actualité.

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Un grand merci à RTS Archives, et en particulier à Marielle Rezzonico, pour la mise à disposition du clip de Black is Beautiful.

 

BLM I: Entretien avec Angela Davis à la TSR en 1975

A la lumière des violences policières contre la population afro-américaine aux États-Unis, et du mouvement international Black Lives Matter qui mène une lutte acharnée pour combattre ces violences, nous publions ici des documents issus des archives de la RTS  éclairant l’histoire des luttes anti-racistes et anti-impérialistes américaines, ainsi que leur représentation à la Télévision suisse romande.

Nous commençons cette série avec l’entretien d’Angela Davis diffusé le lundi 9 juin 1975 dans l’émission La voix au chapitre. Cette émission culturelle d’une demie-heure, à l’antenne de 1971 à 1980, donne la parole principalement à des personnalités du domaine littéraire. L’invitation d’Angela Davis fait suite à la publication, en 1974, de son autobiographe, traduite l’année suivante en français et publiée chez Albin Michel.

Loin de l’entretien promotionnel accompagnant la sortie d’un nouvel ouvrage, Angela Davis propose ici une analyse de l’histoire des luttes des populations noires aux États-Unis, une réflexion sur les liens entre marxisme et féminisme et l’importance d’une analyse intersectionnelle de ces problématiques, ainsi qu’un bref retour sur son parcours universitaire, dont une partie s’est déroulé en Europe.

 

 

Un mois avant cet entretien, les lectrices et lecteurs de Radio TV Je vois tout, le magazine officiel de la SSR, publie un article d’une page accompagnée d’une photo de Davis au poing levé, geste iconique des membres du parti des Black Panther. Retraçant sa trajectoire de sa naissance en 1944 à Birmingham aux années révolutionnaires, l’article souligne également en quoi l’ (auto-)biographie de cette militante, intellectuelle et auteure afro-américaine demeure d’actualité – et ceci encore aujourd’hui:

 

Radio TV Je vois tout, 8.5.1975

 

Si le cas retentissant d’Angela Davis a pu faire oublier à l’opinion publique que les prisons américaines sont peuplées de prisonniers politiques noirs – qui y ont connu et y connaissent des sorts plus tragiques que le sien – elle se charge de le rappeler en les intégrant très largement dans cette autobiographie de militante. Ces condamnés s’ajoutent aux «frères de Soleda» qui font partie et sont à l’origine de «l’affaire Angela Davis».

 

Parution: Video Heterotopia

L’historien Dominique Rudin vient de publier en Open Access sa thèse de doctorat Video Heterotopia. Linksalternativer Videoaktivismusin der Schweiz 1970–1995.

Son travail sur l’utilisation de la vidéo dans le cadre des mouvements contestataires de gauche est un ajout particulièrement bienvenu – et richement documenté – à l’historiographie existante sur l’audiovisuel en Suisse.

 

 

Conférence de John Ellis: « How Television Used to be Made », 31.10, 17h15

Dans le cadre du cours  Dispositifs audiovisuels, industries de l’imaginaire et professionnels de l’écran, nous avons le plaisir d’accueillir Professor John Ellis de la Royal Holloway University of London pour une conférence intitulée How Television Used to be Made

Mardi 31 octobre – 17h15-18h45 – salle 4021

Conférence organisée par les Sections d’histoire et de cinéma

Ouvert à toutes et à tous

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« Massacre à la Tamedia », Le Courrier

Le groupe de presse Tamedia préparerait à nouveau « une restructuration radicale de ses quotidiens »: après un congédiement en masse en 2009 – 52 employé.e.s -, la menace d’une nouvelle vague de licenciement semble bien réelle. Le plan de restructuration proposerait d’introduire « un cahier commun à l’ensemble des quotidiens de Tamedia, c’est-à-dire que tous publieraient les mêmes textes dans leurs rubriques international, économie et culture. » A souligner que celui-ci intervient dans un contexte qui n’est finalement pas si défavorable aux grands groupes:

« Si les rédactions des journaux ont subi des coupes drastiques durant cette période, les actionnaires ont, eux, empoché 400 millions de francs. La direction et le conseil d’administration ont pour leur part touché 100 millions, loin de l’ancien modèle d’affaires qui investissait les revenus de la publicité dans le journalisme. Depuis l’arrivée de Martin Kall à la tête du groupe, la logique a changé: le juteux commerce en ligne a été séparé du fonctionnement des rédactions et les titres se sont vus obligés de se financer seuls. »

Lire l’article dans Le Courrier. 

 

 

Présentation du projet de recherche dans le dernier Uniscope

« Grand écrin pour le petit écran »: Merci à David Trotta pour la belle présentation de notre projet dans le dernier Uniscope !

« Résolument pluridisciplinaire, cette recherche constituera un précédent dans le monde académique suisse, de par le statut encore peu institutionnalisé de la télévision en tant qu’objet de recherche. »

 

Lire l’article.

 

« Des données à la pelle »: Swisscom verse les données de ses client·e·s à Admeira

Au service de quelques 80 marques de média en Suisse, Admeira est la plus grande régie publicitaire dans notre pays. Depuis avril, elle reçoit les données personnelles des clients de Swisscom, cofondateur de la régie avec Ringier et la SSR. Alors qu’Admeira clame se tenir « aux exigences légales », ce transfert massif d’informations sensibles souligne les faiblesses de la protection des données en Suisse: pour éviter que les données soient mises à disposition des publicitaires, les client·e·s de Swisscom doivent se manifester auprès de l’entreprise et demander explicitement d’être enlevé·e·s des listes. Sans quoi, ils recevront très prochainement une brochette de réclames ciblées.

Lire l’article dédié à ce sujet paru dans Le Courrier du 10 mai 2017

 

La CIA ou la télévision sur écoute

Wikileaks a publié des milliers de documents qui semblent montrer que la CIA a entretenu un programme secret de hacking, qui permet notamment à l’agence fédérale d’infiltrer les téléphones portables et télévisions. Les appareils numériques sont ainsi transformés en appareil d’écoute, qui apparaît éteint alors qu’il reste allumé, enregistrant les conversations à proximité.

« ‘Year Zero’ introduces the scope and direction of the CIA’s global covert hacking program, its malware arsenal and dozens of ‘zero day’ weaponized exploits against a wide range of U.S. and European company products, include Apple’s iPhone, Google’s Android and Microsoft’s Windows and even Samsung TVs, which are turned into covert microphones. »

Communiqué de presse de Wikileaks

Lire l’article dans Le Temps

Voir aussi notre article sur l’affaire Vizio

Récolte de données via le poste TV

Dans un article daté du 7 février, Le Temps revient sur l’affaire Vizio, fabricant américain de postes TV qui a récolté pendant des années les données de ses clients.

D’après les explications de la Federal Trade Commission Vizio a surveillé seconde par seconde ce qui se passait sur les écrans:

« What did Vizio know about what was going on in the privacy of consumers’ homes? On a second-by-second basis, Vizio collected a selection of pixels on the screen that it matched to a database of TV, movie, and commercial content. What’s more, Vizio identified viewing data from cable or broadband service providers, set-top boxes, streaming devices, DVD players, and over-the-air broadcasts. Add it all up and Vizio captured as many as 100 billion data points each day from millions of TVs. Vizio then turned that mountain of data into cash by selling consumers’ viewing histories to advertisers and others. »

En Suisse, la récolte des données semble courante chez les fournisseurs de télévision numérique tels que Swisscom, qui a modifié ses conditions générales pour pouvoir utiliser les informations transmises par les postes TV de ses client.e.s.

Lire l’article dans Le Temps.