Kürzlich verkündete der Blick, dass Bundesrätin Doris Leuthard nach gewonnener No-Billag-Abstimmung ihren Bundesratssitz verlassen werde. Und obschon eine offizielle Bestätigung aus Bern fehlt, fragt sich nun die NZZ, wie sich die CVP in Zukunft gegenüber der SRG SSR positionieren werde. Traditionsgemäss ist die Christlichdemokratische Volkspartei eng mit der Schweizerischen Radio- und Fernsehgesellschaft verbunden und besetzte innerhalb der SRG regelmässig wichtige Posten. Mit dem möglichen Abgang von Doris Leuthard und dem SRF-Kritiker Gerhard Pfister an der Spitze der Partei, könnten künftig in der CVP kritischere Töne gegenüber der SRG ertönen.
« Wie delikat das Thema SRG innerhalb der CVP ist, zeigt das Beispiel von Parteipräsident Gerhard Pfister. Der Zuger Nationalrat lehnt die No-Billag-Initiative zwar ab, hat sich aber wiederholt sehr kritisch zum öffentlichen Rundfunk geäussert. So twitterte er vor einigen Monaten, der SRG sei nicht mehr zu helfen, nachdem die «Tagesschau» und das «Echo der Zeit» unbedarfte und schönfärberische Abgesänge auf den kubanischen Stalinisten Ernesto Che Guevara ausgestrahlt hatten. In einem Interview mit der «Weltwoche» monierte er zudem, die SRG-Spitze habe die Schweiz mehr gespalten als geeint; er selber sei als Kritiker unter Druck gesetzt worden. Die Folge: interner Unmut und ein Parteipräsident, der sich bis zur Abstimmung vom 4. März in Sachen «No Billag» zurückhält. »
Der Souverän entscheidet im kommenden März über die Zukunft der audiovisuellen Medien. Die No-Billag-Initiative, welche die Abschaffung der Radio- und Fernsehgebühr zum Ziel hat, steht dann zur Abstimmung. Das politische Ringen um die Meinungen der Bürger tritt nun endgültig in die heisse und letzte Phase ein. Parteien und Verbände haben sich aufgestellt und ihre Parole bereits im 2017 gefasst, Komitees nehmen allmählich Stellung zur Initiative und stellen ihre politische Kampagnen vor, Medien berichten seit einer gefühlten Ewigkeit und mit hoher Kadenz über Wirkung und Konsequenz der Initiative, Experten beleuchteten Sinn und Unsinn des Textes und natürlich kamen auch die Direktbeteiligten immer wieder zu Wort – Die Zeitung « Le temps » etwa publizierte heute ein Interview mit dem neuen SRG-Generaldirektor Gilles Marchand und die WOZ ein Interview mit der stellvertretenden Generaldirektorin Ladina Heimgartner.
Gestern nun widmete sich die von SRF produzierte Polittalk-Sendung ‘Arena’ zum zweiten Mal dem Thema. Unter dem Titel « Jetzt redet das Volk » lud der Moderator Jonas Projer Andreas Kleeb, Kernteam No-Billag, Martin Candinas, CVP-Nationalrat, Silvan Amberg, Co-Präsident No-Billag und Laura Zimmermann, Co-Präsidentin Operation Libero in die Sendung ein.
Bundesrätin Doris Leuthard verkündete gestern, dass der Bundesrat gewillt ist, die Gebühren für Radio und Fernsehen auf 365 Franken zu senken. Die Schweizer Presse kommentiert diesen Schritt verschiedentlich, sie sind sich aber alle einig, dass es ein kluger, strategischer Schachzug des Bundesrates ist, um die No-Billag-Initiative zu bekämpfen.
Der Schritt kommt zu einem wichtigen Zeitpunkt, sieht sich der Bundesrat und die SRG mit Economiesuisse einen gewichtigen Gegner gegen sich. Dieser hat namentlich anfangs Oktober beschlossen, den Gegenvorschlag der SVP zu unterstützen. Wie die SVP zur Initiative steht, ist noch nicht bekannt. Klar ist, dass die Abstimmung über die No-Billag-Initiative am 04.03.2018 stattfinden wird.
« Die grosse Mehrheit der Bürgerinnen und Bürger kann aufatmen. Sie erfährt eine deutliche Entlastung. Der Zweck des bundesrätlichen Geschenks an den Souverän ist unübersehbar. Er soll milde gestimmt werden vor dem Urnengang zur No-Billag-Initiative, welche eine Abschaffung einer staatlichen Gebührenpflicht verlangt. Zu dieser Strategie passt auch die relativ frühe Ansetzung des Abstimmungstermins auf den 4. März 2018. »
Lesen Sie hier den Beitrag der NZZ und die Einschätzung von Medienjournalist Rainer Stadler.
Der Tagesanzeiger-Newsroom verlinkt die Information mit einem Video von Doris Leuthard, die in einem Interview mit der SDA Auskunft über den Entscheid gibt.
La création d’un nouveau centre médias sur le site de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) devait accueillir, dès 2020, les employés de la RTS du bâtiment La Sallaz à Lausanne. Pascal Crittin, directeur de la RTS, a annoncé, le mercredi 8 mars 2018, que le déménagement de la RTS était retardé et reporté au plus tôt en 2023.
La suspension du transfert n’est pas liée à la votation « No Billag » mais aux mesures d’économies prises par la RTS en raison de la baisse de la redevance annoncée par le Conseil fédéral pour 2019 ainsi que la baisse des revenus publicitaires.
Ecouter Pascal Crittin sur Radio Lac, le 7 mars 2018
Le 6 février 2018, le 24 Heures a ouvert sa rubrique « Carte blanche » à Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque suisse depuis 2009 et président de la Fédération internationale des archives du film (FIAF) depuis 2017. Le journaliste cinématographique et réalisateur suisse a retracé l’histoire des rapports entre télévision et cinéma en Suisse.
« Au début des années 60, feu la Télévision suisse romande (TSR) a véritablement accompagné les premiers pas du célèbre cinéma romand des Tanner, Soutter ou Goretta. D’une part en leur permettant de travailler pour la télévision, réalisant reportages, téléfilms ou dramatiques, d’autre part en cofinançant les premiers pas du Groupe 5, en 1968, et les films que ces cinéastes réaliseront ensuite. »
Si la relation entre les deux médias a été, dès les années 1960, active et prolifique en Suisse romande, le monde du cinéma alémanique n’a, quant à lui, pas toujours été très amical avec sa télévision. Un rejet ancien qui pourrait, dans le cadre de la votation sur No Billag, « entraîner la fin de ce partenaire essentiel de notre culture audiovisuelle ».
A la tête de l’audiovisuel public depuis le 1er octobre, Gilles Marchand a exposé le 6 octobre dernier ce que seront les lignes directrices de sa politique. Dans un contexte difficile, marqué par la menace de No Billag, le successeur de Roger de Weck compte notamment collaborer de manière étroite avec les médias privés, dont la presse. Dans cette perspective, cinq projets concrets ont été développé par la SSR. Un exemple relayé par 24 Heures le 6 octobre: l’entreprise publique « propose dès à présent des vidéos d’actualités gratuites aux médias privés, tant que ceux-ci ne les modifient pas et respectent la marque SSR. Les radios privées intéressées pourront reprendre les journaux horaires de l’entreprise. Elle a signé un accord en ce sens vendredi avec l’Union des radios locales non commerciales. »
Cette rubrique regroupe des contributions de notre cru. Nous nous y exerçons à la vulgarisation, au sens noble du terme: clins d’œil historiques sur des événements d’actualité, présentations de documents d’archive, partage de nos recherches sous forme allégée et synthétique…
Sait-on vraiment ce que l’on voit, quand on se balade sur la plateforme internet de la RTS ? Et si l’on y va cherchant une information, que trouve-t-on ? Quelques observations et certaines réponses en guise d’orientation.
Comment expliquer la polémique autour de la dernière saison de The Crown ? Pourquoi chercher à distinguer le faux du vrai alors que toute fiction audiovisuelle à univers historique consiste à réécrire l’histoire en des termes (un langage, une esthétique, une mise scène) qui lui sont propres ? Pourquoi faire, dans ce cas précis, le procès de la fictionnalisation de l’histoire ?
Si, à ses débuts, la télévision en Suisse est parfois vivement attaquée par certains acteurs du monde radiophonique, elle va bénéficier d’un soutien inattendu, celui de Radio-Genève à travers son émission le « Magazine de télévision ». Diffusé dès 1953, ce programme affiche clairement son ambition : promouvoir la télévision. Cette émission offre ainsi un angle original pour observer les premiers pas du nouveau média.
Dès 1971, le quartier grenoblois de la Villeneuve voit se mettre sur pied un projet audiovisuel participatif : on apprivoise la vidéo légère, produit un magazine et propose des stages de formation. L’initiative débouche sur une chaîne locale ouverte aux habitant·e·s et élèves du quartier. Retour sur l’expérience avec Logan Charlot, chargé de son archivage et de sa valorisation à la Maison de l’Image de Villeneuve.
Face aux révélations publiques de harcèlement sexuel et psychologique, d’intimidation et de gestes d’ordre sexuel à la RTS, nous aimerions intervenir dans ce débat par le biais de la perspective qui est la nôtre, à savoir celle d’historiennes de la télévision.
Au début des années 1970, la vague de contestations de mai 68 connaît un « écho tardif » en Suisse romande. En parallèle, le magnétoscope portable fait son entrée sur le marché. Le sociologue suisse Alfred Willener, professeur à l’UNIL dès 1970, verra dans cet outil un contre-pied aux mass media et un terrain d’expérimentation pour la démarche sociologique tant sur le plan de l’enseignement que de la recherche.
Après l’entretien d’Angela Davis dans le programme La Voix au chapitre en 1975, la série autour de Black Lives Matter se poursuit avec la présentation d’une émission réalisée en 1973 par la TSR: Black is Beautiful. En plus d’être une redécouverte d’une production télévisuelle oubliée, cette émission fait écho aux débats qui ont accompagné récemment Arena sur la SRF – la version suisse allemande d’Infrarouge.
Dans la 2e moitié du XXe siècle, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication attirent l’attention des scientifiques et institutions académiques. Les potentialités des dispositifs audiovisuels se rouvent au cœur des préoccupations de l’EPFL dès sa création en 1969, dans le but d’optimiser les méthodes d’apprentissage. Mais à quel point sont-elles en mesure de révolutionner l’enseignement académique ?
La presse helvétique traverse actuellement une crise profonde qu’on associe au tournant numérique et que l’on qualifie volontiers d’inédite. Cette chronique propose de l’inscrire dans une perspective historique au travers d’archives sonores des années 1970 et 1980 enrichies d’un entretien avec l’historien de la presse suisse, Alain Clavien, de l’Université de Fribourg.
Si la ville de Montreux vit depuis 1967 au rythme du jazz, la renommée du Montreux Jazz Festival a pourtant éclipsé un autre festival de six ans son aîné. En 1961 est créé sous la houlette de la Ville de Montreux, de la Société suisse de radiodiffusion (SSR) et de l’Union européenne de radiodiffusion (UER) le festival de télévision la Rose d’Or.
L’ouvrage collectif Une télévision allumée. Les arts dans le noir et blanc du tube cathodique dirigé par Viva Paci et Stéphany Boisvert est sorti en janvier 2018 aux Presses Universitaires de Vincennes. Marie Sandoz et Roxane Gray en ont rédigé le compte-rendu, publié dans la revue d’histoire du cinéma 1895 (n°86/hiver 2018). Notre site en partage un extrait.
La saga des magazines d’information proposée par le réalisateur de télévision et pionnier de la Télévision Suisse Romande, Jean-Jacques Lagrange, se poursuit avec une réflexion sur le magazine Temps présent. Le 50e anniversaire de l’émissionoffre l’occasion d’une réflexion dans une perspective historique sur les émissions des magazines d’information à la TSR/RTS.
Le 50e anniversaire de Temps Présent est pour moi l’occasion d’une réflexion dans une perspective historique sur les émissions des magazines d’information. Je voudrais souligner l’exceptionnelle continuité qui permet à la Télévision romande, depuis soixante et un ans, de faire découvrir les multiples réalités de la vie des peuples grâce à des reportages originaux tournés par les équipes de la TSR/RTS.
Le web-documentaire sur les 50 ans de Temps présent est le fruit d’une collaboration fructueuse entre la Radio-Télévision Suisse, l’Université de Lausanne et l’Académie du journalisme et des médias de Neuchâtel. L’équipe du web-doc est revenue dans les médias sur cette expérience originale.
A l’occasion des 50 ans du plus ancien magazine d’information de la RTS, Temps présent, notre équipe a participé à la réalisation d’un web-documentaire sur l’histoire de l’émission. Retour sur une collaboration fructueuse avec la RTS et l’Académie du journalisme et des médias de Neuchâtel.
Au début des années 1970, à l’ère du monopole de la Société Suisse de Radiodiffusion (SSR) sur l’audiovisuel en Suisse, une émission pirate est lancée à Yverdon-les-Bains. Retour sur cet épisode qui annonce l’émergence de la télévision locale et ses modes de production participatifs.
En plein essor dans la France des années 1950, les télé-clubs sont essentiellement utilisés à des fins d’éducation populaire. L’histoire de cette expérience permet d’appréhender la vision, réelle ou fantasmée, du nouveau média par ses premiers utilisateurs et de penser la figure naissante du téléspectateur dans une pratique collective de la télévision.
Liberté d’expression, création autonome, indépendance face aux institutions… Ces notions profondément actuelles à l’ère d’Internet ne datent pas d’hier. Elles ont été explorées dès les années 1970 au travers d’un modèle médiatique particulier : la télévision communautaire. Coup de projecteur sur cette utopie communicationnelle et l’une de ses mises en pratique actuelle : Canal29.
Helen Wheatley enseigne depuis 1998 au Département de Film and Television Studies de Warwick où elle participe et dirige de nombreux projets de recherche sur la télévision, au niveau britannique comme international. Nous l’avons rencontrée à Coventry pour évoquer son travail et quelques-uns de ses ouvrages.
La BBC fêtera ses cent ans en 2022. Ce jubilé a nourri l’idée d’un vaste projet historique qui a l’originalité de s’appuyer d’une part sur une démarche d’histoire orale et d’intégrer d’autre part les nouvelles potentialités d’indexation et de mise en récit offertes par les Humanités Numériques. Rencontre à Brighton avec deux membres du projet, le Professeur David Hendy et le Dr Alban Webb.
A l’occasion des 75 ans de l’association Learning on Screen, un colloque s’est tenu à Londres les 23 et 24 novembre 2018 consacré au film et à la télévision éducatifs ainsi qu’à l’histoire des pratiques pédagogiques liées à l’écran. C’est l’occasion de revenir sur l’histoire de cette société créée au lendemain de la Seconde guerre mondiale et sur une thématique encore négligée, tout particulièrement en ce qui concerne la télévision.
En Suisse romande, les 50 ans du magazine de la RTS Temps présent mobilise chercheurs/euses et journalistes autour de son histoire. Que peut-on dire du développement des programmes d’information en Grande-Bretagne? Pour nous éclairer , nous avons rencontré Peter Goddard qui a consacré un ouvrage sur World in Action, diffusé par ITV entre 1963 et 1998.
Profitant d’un séjour prolongé à Londres, nous entamons une série consacrée à l’évolution des Television studies et du service public audiovisuel en Grande-Bretagne. Nous commençons celle-ci par un entretien avec Simon Dawes qui vient de publier sa thèse consacrée à l’évolution de la régulation audiovisuelle en Grande-Bretagne.
Au tournant des années 1970, les réalisateurs de la Télévision Suisse Romande font face à une modernisation des normes de production. Ces professionnels proposent néanmoins de nouvelles méthodes et organisations du travail, plus propices aux formes d’expression qu’ils défendent. Retour sur le projet d’émission Périscope présenté en 1976 à la TSR par dix de ses réalisateurs.
Présenté comme un concert planétaire diffusé par satellite, le show qu’Elvis Presley a donné à Honolulu en 1973 reste considéré comme un jalon de l’histoire de la télévision. Retour sur la construction de ce mythe à la croisée des utopies spatiales et communicationnelles.
A l’issue de la votation contre No Billag, le réalisateur Jean-Jacques Lagrange livre quelques réflexions sur les évolutions de la Télévision Suisse Romande. Ce pionnier de la télévision met en parallèle les premières années d’existence du média et le tournant que ses professionnels vivent aujourd’hui: après la création de la télévision en 1954, il s’agit maintenant de la réinventer.
Dans le cadre de sa conférence « How television used to be made? », John Ellis, chercheur et ancien producteur de télévision, a présenté le projet de recherche ADAPT qui vise à étudier les techniques et pratiques de la production télévisuelle en Grande-Bretagne avant la généralisation du numérique.
Les Archives de la Radio Télévision Suisse (RTS) sont plus visibles que jamais grâce à leur usage efficace des réseaux sociaux. L’ère du digital ouvre en effet un vaste éventail de possibilités aux documentalistes de l’audiovisuel public. Rencontre avec les archivistes Soazig Vaucher et Vincent Sériot.
Si la ville de Montreux vit depuis 1967 au rythme du jazz, la renommée du Montreux Jazz Festival a pourtant éclipsé un autre festival de six ans son aîné. En 1961 est créé sous la houlette de la Ville de Montreux, de la Société suisse de radiodiffusion (SSR) et de l’Union européenne de radiodiffusion (UER) le festival de télévision la Rose d’Or.
La série d’anticipation britannique Black Mirror rencontre un succès international depuis son lancement en 2011. Outre pour son analyse sombre et lucide de nos relations aux nouvelles technologies, Black Mirror est applaudie pour sa capacité à pressentir l’avenir. A tort?
Se déclinant sous la forme d’un documentaire à la télévision, de cinq émissions radiophoniques et d’un article hebdomadaire dans La Liberté, Histoire vivante lie la mise en contexte d’un sujet d’histoire à l’éclairage spécifique d’un·e expert·e. A l’occasion du changement de sa case de programmation, retour cette émission phare en Suisse romande avec son producteur Jean Leclerc.
Le Festival du cinéma documentaire de Nyon, aujourd’hui Visions du Réel, rend hommage, pour sa 15e édition en octobre 1983, au réalisateur de télévision Jean-Jacques Lagrange. Une rétrospective est organisée à cette occasion et revient sur les interactions entre cinéma et télévision suisses par le prisme du parcours professionnel du réalisateur.
La « révolution numérique » met la presse écrite en difficulté. Mais la crise actuelle n’est pas la première que traversent les journaux papier, coutumiers des défis posés par les nouvelles technologies. Retour dans les années 1980
Dank portablen Geräten und digitaler Technologie ist Fernsehen überall und jederzeit erhältlich. Die Digitalisierung und die Technik veränderten die Sehgewohnheiten und den Ort, an dem wir fern schauen. Bevor wir aber mediale Inhalte digital empfingen, am Anfang des Fernsehens in der Schweiz, bestimmte auch die geographische Lage, wo fernsehen möglich wurde. Das Beispiel der Geschichte des Fernsehens in Graubünden zeigt dies deutlich.
Profitant d’un séjour prolongé à Londres, nous entamons une série consacrée à l’évolution des Television studies et du service public audiovisuel en Grande-Bretagne. Nous commençons celle-ci par un entretien avec Simon Dawes qui vient de publier sa thèse (British Broadcasting and the Public-Private Dichotomy. Neoliberalism, Citizenship and the Public Sphere, Palgrave, McMillan, 2017) consacrée à l’évolution de la régulation audiovisuelle en Grande-Bretagne.
Par François Vallotton, novembre 2018.
Simon Dawes est Maître de conférence à l’Institut d’études culturelles et internationales (IECI) et chercheur associé au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC) de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) en France. Il participe également à la réflexion menée au sein du collectif, The Media Reform Coalition, qui réunit des représentants du monde universitaire, du monde médiatique et de la société civile pour réfléchir aux questions contemporaines de gouvernance médiatique. La thèse de Simon Dawes est l’opportunité de remettre cette problématique dans une perspective historique, tout en invitant à des comparaisons – qu’il reste à prolonger – sur la nature et l’évolution du service public en Suisse et en Europe.
Simon Dawes a répondu à nos questions par voie électronique. Nous le remercions très chaleureusement pour sa contribution.
François Vallotton: Tu insistes dans ton ouvrage sur la nécessité de repenser les catégories de public et de privé en rompant d’une part avec la dichotomie qui prévaut dans la littérature secondaire (le modèle américain versus le modèle européen) et en privilégiant d’autre part une perspective historique montrant comment cette interaction s’est constamment renégociée au fil du temps. Pourquoi cette prémisse etquelleconséquence sur la définition même de la notion de service public ?
Simon Dawes: La raison d’être de l’historicisation de la dichotomie public-privé était à la fois théorique, méthodologique et politique. Cette dichotomie a d’abord été identifiée comme une opposition importante, à la fois dans les documents réglementaires et politiques sur la radiodiffusion britannique et dans la littérature secondaire, dans le champ des études sur les médias et les communications au Royaume-Uni ainsi que dans la littérature anglophone en général. Du fait d’une certaine doxa liée à l’idée de service public, un engagement interdisciplinaire privilégiant une approche historique et étroitement reliée à certains concepts connexes (citoyenneté et consommation, sphère publique, néolibéralisme) est devenu nécessaire. Après tout, le travail de Habermas sur la sphère publique (si souvent cité en référence par les spécialistes de la radiodiffusion) est lui-même une historicisation de cette dichotomie à partir du développement de la liberté de la presse et de l’opinion publique, ainsi qu’une relecture critique de ces concepts dans les perspectives libérale, républicaine et marxiste.
En matière de radiodiffusion, le problème de l’application d’une dichotomie trop rigide (la radiotélévision de service public est bonne, la radiotélévision commerciale est mauvaise) est qu’elle tend à ignorer les aspects positifs des modèles commerciaux (que ce soit dans une économie réglementée de service public ou non) et les aspects négatifs des radiotélévisions de service public. Revenons sur ce dernier point : Il ne s’agit pas seulement de savoir dans quelle mesure, par exemple, le service des informations de la BBC a parfois échoué, dans sa pratique, à répondre aux normes d’impartialité qu’on attend d’elle, ou de critiquer le fait que les divertissements de la BBC n’ont pas toujours une plus-value à offrir en termes de qualité. Il s’agit aussi de savoir dans quelle mesure le service public a été véritablement «public», et d’examiner ce que cela signifie exactement. Souvent, cela signifie qu’il est indépendant (à la fois des intérêts du gouvernement et des intérêts de l’entreprise). Mais l’indépendance de la BBC est un enjeu de débats et de luttes permanent, et elle a récemment été rendue moins indépendante du politique, les membres du gouvernement ayant désormais un rôle dans la gestion quotidienne de l’organisation. En ce qui concerne ce dernier point, nous pourrions également nous référer aux interactions étroites qui existent entre les professions de la BBC d’une part, et des cadres du Parti conservateur et de l’establishment plus large de Westminster de l’autre. Ou encore à la montée de la culture de l’évaluation et des logiques néolibérales de concurrence et d’entrepreneuriat au sein de la BBC depuis les années 1990 (comme nous le démontre Georgina Born, 2005, et Tom Mills, 2016), malgré son caractère apparemment «public». L’indépendance concerne également celle de l’organisme de régulation de la BBC, qui a historiquement été toujours trop proche de la BBC elle-même et du gouvernement ; un radiodiffuseur public véritablement indépendant devrait donc être indépendant des influences de l’État comme du marché et responsable auprès d’un organisme de régulation lui aussi tout aussi indépendant.
Mais il s’agit aussi de savoir dans quelle mesure ce radiodiffuseur a déjà été une entreprise «publique», c’est-à-dire que le public lui-même a son mot à dire dans la façon dont elle est gérée. La notion (de plus en plus critiquée) de «service public» porte avec elle des références remontant au XIXe siècle et une certaine condescendance élitiste victorienne envers les masses. Il a peut-être été conçu «pour le public», et en ce sens il a recouvert beaucoup de choses positives, mais il n’a jamais été géré «par le public». Il s’agit d’une structure hiérarchique, fondamentalement «top-down», qui crée une citoyenneté aussi passive que les consommateurs, décrits longtemps comme «aliénés», de l’industrie culturelle. C’est un vœu pieux et naïf que de penser que le seul recours au terme de «citoyens» suffit à assurer la participation active du public.
De même, nous devons être prudents quant au recours stratégique à des notions de «public» qui relèvent du sens commun. Je sais bien que, si vous vivez dans un pays où les médias nationaux sont les relais de la propagande d’Etat, des concepts tels que «liberté de la presse» et «intérêt public» sont évidemment des valeurs importantes et essentielles à promouvoir. Mais l’exemple de l’histoire des médias britanniques montre que la liberté de la presse peut facilement être confondue avec le libre marché et/ou (ce n’est pas la même chose!) le pouvoir illimité des barons de la presse ; d’un autre côté, le terme d’«intérêt public» a été mobilisé dans les politiques successives de l’audiovisuel, et cela dès les années 1960, pour substituer au monopole du «service public» un équilibre entre les valeurs du service public et de la concurrence. Avec les dispositifs de régulation les plus récents, nous devons maintenant également composer avec la notion de «valeur publique», ce qui, une fois de plus, semble très séduisant, mais qui, à y regarder de plus près, ne fait que nous éloigner encore plus du «service public» : le terme, relevant du New Public Management, renvoie en effet à une approche qui essaie de rendre poreuse les frontières entre les organismes publics et privés.
FV: Ton cadre d’analyse est beaucoup influencé par une perspective foucaldienne et notamment sa réflexion sur le néolibéralisme présente dans ses leçons au Collège de France. Quel est l’apport de cette lecture et en quoi permet-elle de poser un regard différent sur la question de la régulation de l’audiovisuel ?
SD: L’historicisation de la dichotomie public-privé est elle-même profondément foucaldienne, notamment dans la manière dont la critique de la «gouvernementalité» a été reprise dans le travail de l’«école anglophone» des Foucaldiens, comme Nik Rose. Je suis venu à Foucault pour de nombreuses raisons. Dans la littérature secondaire sur la citoyenneté, la consommation, la sphère publique et le néolibéralisme, il y a souvent les débats théoriques entre les adeptes d’une approche foucaldienne et ceux plus proches de Gramsci ou d’Habermas, par exemple. D’un point de vue méthodologique également, j’ai commencé à utiliser l’analyse critique du discours (ACD), mais j’ai finalement trouvé que l’analyse archéologique et généalogique foucaldienne était plus utile pour l’étude archivistique à long terme et plus convaincante pour interpréter un large corpus de textes que l’approche marxiste générale qui essaie d’identifier les distorsions idéologiques. Mais je ne rejette pas les perspectives gramsciennes ou habermassiennes ; je m’intéresse plutôt à l’utilisation de perspectives multiples pour combler les lacunes qui apparaissent lorsqu’on privilégie une seule approche (théorique ou méthodologique).
En termes de (néo)libéralisme, le travail de Foucault est particulièrement important : en particulier, ses conférences sur le libéralisme (publiées sous le titre Sécurité, Territoire, Population) et le néolibéralisme (Naissance de la biopolitique). Le terme «néolibéralisme» a tendance à être utilisé dans beaucoup d’études anglophones sur la politique des médias (et dans beaucoup d’autres domaines) comme étant à peine plus qu’un raccourci pour tout ce qui ne va pas dans le monde. Dans d’autres disciplines cependant (notamment les études urbaines et la géographie), il y a eu une longue succession de débats sur la façon de comprendre le néolibéralisme, de s’intéresser à son histoire et de croiser des approches théoriques et méthodologiques plurielles pour le critiquer. Une grande partie de ce travail a bénéficié d’une lecture critique des conférences de Foucault (à l’origine inédites) sur le sujet. Une fois que vous les avez lues, vous ne pouvez plus continuer à utiliser le terme de façon désinvolte ; et si vous ne les avez pas lues, alors vous devriez peut-être l’utiliser avec prudence. Il existe maintenant des revues dans d’autres disciplines qui rejettent systématiquement tout article qui utilise ce terme sans reconnaître ce qu’il signifie et quelle approche est utilisée pour l’analyser. Plus globalement, je ne pense pas que le réductionnisme soit quelque chose de particulièrement fructueux dans les études sur l’audiovisuel.
Plus que le simple respect des standards de rigueur académique, c’est vraiment important parce que cela nous aide à comprendre ce qui se passe réellement dans le domaine de la radiodiffusion. La «néolibéralisation» de l’audiovisuel a été un processus de longue durée, avec des lobbyistes et d’autres personnes influant sur les débats en matière de régulation bien avant le tournant néolibéral évident des années 1980. Et cela nous aide à comprendre que le néolibéralisme ne concerne pas seulement la privatisation et la déréglementation de la radiotélévision de service public, mais aussi la re-réglementation de la radiodiffusion en termes de marché et de mécanismes concurrentiels. Ce n’est pas la même chose que le libéralisme classique du laisser-faire (la philosophie de la «liberté de la presse»). Il s’agit de concurrence, pas d’échange. Il s’agit de contrats plutôt que de droits de propriété. Ce n’est pas toujours facile à expliquer en termes d’idéologie, et certainement pas toujours en termes d’intérêts privés ou, selon une approche typiquement marxiste, de transfert de pouvoir à une classe d’élites (bien que cela puisse souvent être le cas). Il nous aide donc à comprendre que, bien qu’il serve les intérêts des citoyens et des consommateurs, l’Ofcom (l’organisme britannique de régulation des télécommunications), est l’incarnation même de la réglementation néolibérale.
FV: Dans la plupart des pays européens, les années 1970 apparaissent comme un tournant avec la reconsidération des monopoles sous la pression notamment de la nouvelle donne technique mais aussi de la mobilisation d’acteurs privés et médiatiques pour infléchir les principes de régulation. En Grande-Bretagne, le rapport Annan (1977) incarne cette évolution en affichant une position plus ouverte envers la publicité et en substituant le consensus autour de l’intérêt public par le principe du pluralisme. Au-delà des membres du comité Annan lui-même, quels sont les acteurs sociaux qui ont œuvré à cette reconfiguration ?
SD: Oui, c’est tout à fait le contexte du rapport Annan et du Royaume-Uni des années 1970. Mais dans ce cas-ci, c’était aussi une période où l’alternance politique était de mise entre le parti travailliste et le parti conservateur, ce qui a eu pour conséquence que l’enquête avait été arrêtée et recommencée plusieurs fois. En ce qui concerne ceux qui ont influencé l’enquête et la décision d’ouvrir celle-ci, ceux qui sont à gauche du Parti travailliste (comme Tony Benn), les universitaires impliqués dans des groupes comme le Groupe 76, la Conférence permanente sur la radiodiffusion et le Glasgow University Media Group, ainsi que divers syndicats et groupes de pression affiliés, ont été particulièrement actifs. Comme l’ont montré des universitaires comme Des Freedman (2001), le rapport était un juste compromis entre leurs appels radicaux à la réforme (qui comprenaient l’élimination des radiodiffuseurs existants) et les propositions plus conservatrices des radiodiffuseurs eux-mêmes.
Outre les critiques du pouvoir politique des radiodiffuseurs et de la couverture par la BBC des conflits du travail en particulier, Annan réagissait également à une certaine «crise de représentation» de la société britannique, le rapport reconnaissant celle-ci comme une «formation sociale fracturée» et diverse, plutôt qu’un public universel et homogène de sujets impériaux ; le pluralisme allait donc de pair avec la diversité (culturelle). Comme Graham Murdock (un des pionniers des Television studies et de l’économie politique de l’audiovisuel) l’a fait valoir il y a de nombreuses années, cela a eu pour conséquence que la nouvelle chaîne de télévision créée par le rapport – Channel Four – comprenait une contradiction fondamentale. Elle était en effet chargée de représenter les voix des minorités et les questions auxquelles ni le marché ni la BBC ne parvenaient à répondre, tout en dépendant (quoique indirectement au début) des recettes publicitaires et donc des incitations commerciales.
La reconnaissance de l’hostilité du public à l’égard du monopole (double monopole en fait dans la situation britannique depuis la création d’ITV en 1955) d’une part, des différences culturelles entre les citoyens d’autre part, justifiait l’émergence du «choix» comme nouveau principe directeur de la régulation, compliquant ce qui était jusqu’alors une distinction raisonnablement claire entre ce qui était «public» et ce qui était «privé». Cela dit, le rapport maintient néanmoins une distinction claire entre les «intérêts des consommateurs» et l’«intérêt public», les premiers n’étant abordés que sur une page d’un rapport qui en compte 522.
FV: Une autre borne est constituée par le rapport Peacock de 1986. Dans la littérature secondaire, il est souvent vu comme l’emblème d’une forme de thatchérisme et l’émergence du tournant néolibéral. Ton analyse est plus nuancée et pourtant comment contester la recrudescence des logiques économiques et managériales depuis ce moment ?
SD: Certes, il suffit de jeter un coup d’œil aux divers rapports pour constater un clair changement de ton. Le Rapport Peacock a été rédigé par les mêmes économistes qui avaient fait partie du mouvement néolibéral de réflexion des décennies précédentes, et ils avaient été mandatés par Margaret Thatcher. Mais comme le reconnaissent tous les spécialistes des médias (voir par exemple O’Malley & Jones, 2009), Peacock n’a pas fait ce que Thatcher espérait, et dans son évaluation économique de la radiotélévision de service public, il a conclu que même si la redevance n’était pas aussi positive qu’un marché libre, elle était meilleure qu’un système financé par la publicité ; il a donc proposé que le statu quo soit maintenu (au moins dans le court terme). Il n’y a pas eu d’autres rapports depuis (ils avaient été publiés à peu près tous les dix ans jusque-là), et il est vrai qu’il a changé le langage et l’orientation du débat réglementaire.
Mais à trop se focaliser sur le caractère néolibéral du rapport Peacock, on néglige son engagement impartial et nuancé sur certaines questions. Et aucun document n’a développé ce caractère nuancé depuis. Le rapport Hunt sur la radiodiffusion par câble fait passer le rapport Peacock pour le Manifeste du parti communiste ! L’accent mis par Peacock sur la «souveraineté des consommateurs», par exemple, représentait en fait une forme de troisième voie par rapport à la redevance et au financement par la publicité. Bien que la critique ait eu tendance à se concentrer sur l’absence ou la marginalisation des intérêts des citoyens ou du service public depuis Peacock, il est important de reconnaître que la souveraineté des consommateurs n’a pas été beaucoup considérée non plus. Au contraire, la liberté de choix du consommateur a été tenue pour synonyme de concurrence (et donc contraire au service public). Et par rapport aux rapports précédents, bien que je convienne bien sûr qu’ils privilégient davantage l’importance sociale de la radiodiffusion, il faut aussi reconnaître que nulle part l’idée d’un public actif n’est autant mise en avant qu’au sein du rapport Peacock.
Une façon d’aller de l’avant serait que les réformateurs se réapproprient la souveraineté des consommateurs des néolibéraux et l’utilisent pour plaider en faveur d’un média public qui privilégie l’influence et la participation active du public.
L’émission Newsnight sur BBC-2 analyse la sortie du rapport Peacock, le 29 mai 1986
FV: Aujourd’hui le service public semble fragilisé un peu partout en Europe, même si le résultat de la votation suisse contre l’initiative No Billag montre que le principe de la liberté du consommateur n’a pas annihilé les principes d’universalité et d’indépendance qui restent au cœur d’une des déclinaisons du service public. En Grande-Bretagne, l’actualité récente a été marquée par différents rapports sur le futur de la BBC. Quelles en sont les grandes tendances et comment vois-tu l’évolution de ce débat dans les mois et années à venir ?
SD: Récemment, l’influence du gouvernement sur la gestion quotidienne de la BBC a ranimé de nombreuses craintes, et les documents récents produits par le gouvernement conservateur ont souligné que le rôle de la BBC doit être un rôle de «distinction», un nouveau terme qui renvoie à la nécessaire correction de la défaillance du marché (il faut donc que la BBC fasse que ce que les autres chaînes ne feront pas). Un autre avenir pour les «médias publics» pourrait être de démocratiser la BBC en faisant participer le public à l’élection du conseil d’administration, et en faisant participer les employés à l’élection du directeur général, plutôt que de laisser au gouvernement le soin de les nommer. Comme indiqué précédemment, l’organisme de régulation de la radiotélévision de service public devrait également être indépendant et faire participer davantage le public, tandis que les points de vue des groupes BAME (minorités noires et ethniques) devraient être clairement pris en compte dans le cadre de cette participation publique. La Media Reform Coalition, actuellement dirigée par Natalie Fenton, et maintenant le Parti travailliste de Jeremy Corbyn, ont récemment proposé de telles mesures, tandis que des écrivains comme Tom Mills (2016) et Dan Hind (2012) ont également proposé un rôle plus actif pour le public dans la commande des programmes. Si les travaillistes gagnent les prochaines élections, il pourrait y avoir de grands changements.
L’approche de la BBC en matière d’impartialité et d’équilibre soulève également des questions plus spécifiques et plus urgentes. L’approche actuelle qui consiste à suivre la ligne éditoriale des tabloïds, à donner aux extrémistes de droite et aux négationnistes du changement climatique une plate-forme d’expression de manière peu légitime, ainsi qu’à ne pas contester ou nuancer les affirmations litigieuses, signifie que la BBC risque de devenir avant tout un problème pour la démocratie.
Mettre l’accent sur l’indépendance et le caractère public de l’espace médiatique est évidemment important, mais cela ne nous permet pas d’aller bien loin. Pour construire le type de «médias publics» que nous voulons vraiment, nous devons repenser et préciser ce que nous entendons par «public», et évaluer de manière critique les défaillances des modèles antérieurs comme actuels.
Références
Born, G (2005) Uncertain Vision: Birt, Dyke and the Reinvention of the BBC, London: Vintage
Freedman, D (2001) ‘What use is a public inquiry? Labour and the 1977 Annan Committee on the Future of Broadcasting’, Volume: 23, issue: 2, page(s): 195-211
Hind, D (2012) The Return of the Public: Democracy, Power and the Case for Media Reform, London: Verso.
Mills, T (2016) The BBC: The Myth of a Public Service, London: Verso.
O’Malley, T, and Janet Jones (eds.) (2009) The Peacock Committee and UK Broadcasting Policy, Hampshire: Palgrave Macmillan.
Pour en savoir plus sur le travail de Simon Dawes, nous renvoyons à son très intéressant blog, et pour en savoir plus sur les débats sur les médias britanniques, au site de la Media Reform Coalition
A l’issue de la votation contre No Billag, le réalisateur Jean-Jacques Lagrange livre quelques réflexions sur les évolutions de la Télévision Suisse Romande. Ce pionnier de la télévision met en parallèle les premières années d’existence du média et le tournant que ses professionnels vivent aujourd’hui: après la création de la télévision en 1954, il s’agit maintenant de la réinventer.
A l’issue de la votation contre No Billag, le réalisateur Jean-Jacques Lagrange livre quelques réflexions sur les évolutions de la Télévision Suisse Romande. Ce pionnier de la télévision met en parallèle les premières années d’existence du média et le tournant que ses professionnels vivent aujourd’hui: après la création de la télévision en 1954, il s’agit maintenant de la réinventer.
Par Roxane Gray, mars 2018
Jean-Jacques Lagrange a été réalisateur pour la Télévision Suisse Romande (TSR) de 1954 à 1994. Il en perpétue aujourd’hui la mémoire, en partageant, notamment sur le site Notrehistoire.ch, récits et témoignages sur ses années de télévision. Ce réalisateur a, non seulement suivi, mais également accompagné et pensé les transformations successives de la télévision. En témoignent son exposé consacré aux nouvelles techniques de reportage « De la Bolex à la Microcam » présenté en 1978 lors de la Quinzaine de la télévision, mais aussi la production de nombreux écrits. Citons, pour exemples, l’article « La télévision en Suisse Romande » paru dans l’Annuaire de la Nouvelle Société Helvétique en 1968 ; l’ « Etude sur le métier de réalisateur et de producteur » rédigée l’année suivante ou encore le rapport « Prévoir l’avenir » produit en 1976.
Par le prisme de ses écrits destinés aux professionnels de la TSR comme à son public et de ses participations à des rencontres nationales et internationales, ce chef des réalisateurs a pris part aux réflexions, aux discussions ainsi qu’aux expérimentations portant sur les transformations techniques et organisationnelles de la télévision et des métiers qui la constituent. Le 5 mars 2018, au lendemain de la votation contre No Billag, Jean-Jacques Lagrange est revenu, en quelques lignes, sur les évolutions plurielles qu’a connues la télévision suisse. Non pas pour les mythifier mais bien au contraire pour inscrire la réforme que connaît aujourd’hui la SSR dans un temps long, jalonné par des mutations et restructurations constantes.
Nous publions sur cette page son texte intitulé « Réflexions après le vote du 4 mars » dont voici le contenu:
« Le refus par 71,6 % de l’initiative No Billag pour une participation de 54,1 % des citoyens est un véritable plébiscite pour une redevance du service public audiovisuel. Ce vote signifie que les Suisses veulent une information générale et de proximité qui soit indépendante et de qualité, outil nécessaire à notre démocratie directe et ils font confiance au service public SSR. C’est un démenti aux propos du conseiller national UDC et rédacteur en chef de la Weltwoche, Roger Köppel, qui écrivait que « le service public fabrique des fakenews et est une institution étatique, surdimensionnée, surpayée, surestimée et surannée ».
Sans attendre le résultat du vote, le nouveau directeur général de la SSR, Gilles Marchand, a proposé un plan de réforme-choc qui doit adapter la SSR au nouveau monde numérique. Contrairement à ce que disent les initiants qui pensent que la SSR « est un mammouth qui s’est endormi sur l’oreiller de paresse de la redevance », la proposition coup-de-poing de Marchand n’est de loin pas la première réforme de notre radio-tv.
Pour avoir vécu la TSR depuis sa naissance en 1954, je peux témoigner qu’elle n’a fait, en un demi-siècle, que se réformer et s’adapter techniquement. Petit rappel : évoluer de deux heures d’émission par jour à vingt heures quotidiennes, passer du kinescope à l’enregistrement magnétique et du noir-blanc à la couleur, affronter dès 1959 la concurrence des tv étrangères voisines arrosant notre petit pays (situation unique en Europe à ce moment-là), former des dizaines de réalisateurs et spécialistes tv en l’absence d’une école de cinéma, résister plus tard à la concurrence de la tv par câble qui amène un défi de centaines de chaînes, s’adapter aux restructurations du plan Hayek et du plan Andersen, abandonner la pellicule film et prendre le virage de la vidéo légère, du son stéréo, de la radio et de la tv numérique, du montage virtuel, de l’internet, de la TVHD, etc…et finalement fusionner radio et tv tout en produisant un programme généraliste conservant une audience majoritaire de 35% de part de marché est le résultat de l’effort de tout un personnel hautement qualifié qui a assuré une place de choix de la SSR au sein de l’UER. Sans parler des coupes budgétaires et des économies imposées régulièrement aux créateurs de programmes et aux techniciens avec un double slogan : « faire plus avec moins » et « les bonnes idées ne coûtent pas cher ».
Ces soixante-quatre ans d’histoire sont la réponse des professionnels aux partisans néo-liberaux des lois du marché et de la concurrence comme un certain M. Bessard qui affirme que « le service public radio-tv est un outil ringard, non rentable et politiquement dévoyé qui ne peut tenir la cadence de l’initiative et de l’innovation privées ».
Dans l’émission après le vote contre No Billag, on a entendu les représentants des partis politiques et des autres médias commenter la réforme Marchand en salivant déjà sur la part supplémentaire qu’ils pourraient tirer de la redevance ou en discutant des limites à mettre au périmètre de la SSR qui devrait se contenter de ce que les privés ne veulent pas faire…ça nous promet de rudes batailles pour l’enjeu politique de la discussion parlementaire à venir !
En provoquant un faux débat sur la redevance, l’initiative libertarienne No Billag a vraiment court-circuité le vrai débat planifié ce printemps pour la rédaction d’une nouvelle loi sur les médias qui tienne compte des bouleversement technologiques de l’ère numérique qui nous menacent tous : presse, radio, tv, web, services publics et privés doivent s’allier plutôt que se combattre. Car le paysage suisse des médias n’est pas brillant. La diversité des titres est mise à mal, l’ATS est en crise profonde. Les grands éditeurs fusionnent les rédactions, licencient les journalistes et peinent à assumer leur rôle en matière de débat démocratique, plus préoccupés qu’ils sont à garantir des rendements pour leurs actionnaires sans oublier l’effondrement des revenus publicitaires accaparés par les grandes chaînes étrangères qui, en retour, n’investissent pas un centime dans la production suisse. Chacun lorgne vers un partage de la redevance qui laisserait les miettes à la SSR. Il est pourtant primordial de définir d’abord le mandat de prestations d’un service public plébiscité par les citoyens avant de parler de la mission de la SSR puis éventuellement de toucher à la redevance.
Mais, il faut surtout penser à l’enjeu essentiel du XXIe siècle face à ce géant qui menace tous les médias : l’emprise des réseaux sociaux GAFA et de Netflix qui siphonnent déjà 80% des revenus publicitaires mondiaux sur le web, amassent des sommes colossales sans payer d’impôts, veulent devenir producteurs-éditeurs-diffuseurs et colonisent nos vies avec les algorithmes qui en savent plus sur nous que nos plus proches parents.
No Billag a été heureusement balayée…mais tout reste à faire ! L’enjeu est aussi grand que celui que nous avons rencontré en créant la télévision suisse il y a soixante-quatre ans ! »
Pour consulter les textes de Jean-Jacques Lagrange:
« La télévision en Suisse Romande », Annuaire de la Nouvelle Société Helvétique, 1968.
« Etude sur le métier de réalisateur et de producteur », 12 juin 1969, Fonds « Télévision suisse » PP 525/1919, Archives cantonales vaudoises.
Rapport « Prévoir l’avenir », novembre 1976, extraits consultables dans le dossier de la rétrospective, « Jean-Jacques Lagrange, documentariste. Hommage à l’un des fondateurs de la télévision suisse romande », 1983, Fonds Moritz et Erika de Hadeln, boîte n°187, Cinémathèque suisse.