Pascal Crittin, directeur de la RTS, analyse, pour la revue française en ligne Inaglobal, les causes, caractéristiques et enjeux de la votation sur No Billag. Pascal Crittin revient sur l’objet de cette votation qui aura lieu le 4 mars 2018, sur les intentions de vote actuelles, sur les arguments des deux camps ainsi que sur les conséquences, en cas d’une victoire du « Oui », sur le paysage audiovisuel suisse.
Extrait:
« Nous sommes prêts à discuter du périmètre du service public. Évidemment, il y a des domaines de programmes qui sont au cœur du service public : l’information, la culture, le sport d’une certaine manière aussi. Il y a certains sports ou certaines séries TV qui peuvent être plus à la périphérie du service public. On peut en débattre. Maintenant, le fait est que derrière ces domaines de programmes, il y a du public. Aujourd’hui, le public a accès à ces offres moyennant la redevance, qui va coûter l’année prochaine 1 franc suisse par ménage et par jour.
Si demain, le public, pour avoir accès à ces offres doit payer beaucoup plus cher, je pense qu’on ne rend pas service au public. Je ne dis pas que les médias privés ne peuvent pas diffuser eux-mêmes ce genre de programmes. Ce que je constate, c’est que le meilleur service qu’on peut rendre au public, c’est de l’offrir dans un « bouquet » global, ce qui correspond aujourd’hui au service public. »
Dans l’hypothèse d’une votation en faveur de « No Billag », Le Temps se lance dans un exercice d’anticipation et imagine le paysage audiovisuel suisse de demain sans sa télévision publique. Celui-ci, occupé par des prestataires privés, proposerait des modèles de consommation à la carte, à l’image de la plateforme numérique Netflix. Si ce système semble être davantage adapté aux nouvelles habitudes de consommation, son coût reviendrait néanmoins, pour une offre semblable à celle de la SSR, plus cher que celui de la redevance actuelle.
Cet écosystème flou profiterait également aux chaînes étrangères, au détriment de la visibilité de l’actualité helvétique dans les médias. Un scénario catastrophe donc, nuancé par l’espoir que la SSR puisse survivre à une votation pour « No Billag ».
A quelques semaines de la votation pour ou contre « No Billag », RTS Info donne une explication détaillée et chiffrée sur les modalités de financement et d’utilisation de la redevance radio-télévision. Si la priorité est donnée à l’information, la SSR constitue également un soutien à la culture en Suisse, via notamment le financement du cinéma helvétique et la valorisation des manifestations culturelles et sportives du pays.
Extrait:
« L’information est au coeur de l’action de la SSR. Celle-ci y consacre près de 40% de son budget, soit 605 millions en 2016. Cette part augmentera encore à l’avenir puisque le Conseil fédéral demande qu’elle y voue la moitié de ses ressources. Outre l’information, la SSR dépense 23% de son budget pour les divertissements et films, 18% pour la culture et la formation, 13% pour le sport et 7% pour la musique et la jeunesse.
Le soutien à la culture, un des piliers du système, passe notamment par des fonds pour le cinéma helvétique, mais aussi par la diffusion de musique suisse. Illustration: la SSR paie chaque année 54 millions de francs de droits d’auteur destinés aux artistes du pays.
Enfin, la SSR soutient des manifestations phares: des événements culturels, comme le Festival de Locarno ou Visions du réel à Nyon, et des événements sportifs. »
Le directeur de la SSR, Gilles Marchand, livre, lors d’une interview pour LeTemps,la vision qu’il porte sur le fonctionnement de la SSR et les menaces auxquelles elle fait face. Gilles Marchand revient notamment sur la campagne « No Billag », sur les contenus et processus de production actuels de la SSR et imagine à quoi ressemblera, selon lui, le service public audiovisuel dans 10 ans.
Extrait:
« J’imagine qu’il y aura moins de canaux linéaires classiques en télévision et en radio. Peut-être un par média, dans les trois grandes régions, avec des rendez-vous, notamment d’information et de sport, en direct. Mais avec, à côté de cela, un vaste portail numérique ouvert à tous, à la demande, avec des contenus originaux par thèmes et des archives que nous reproposerons. »
Pas de SSR sans redevance? Radio Canada démantelée? France Télévisions malmenée? TV5 Monde revient, le 14 décembre dernier, sur les menaces auxquelles font face ces trois institutions de service public. Si l’initiative « No Billag » menace l’existence de la SSR en Suisse, France Télévision et Radio Canada voient également leur fonctionnement menacé par des coupes budgétaires et des mesures politiques.
Patrick Eveno, spécialiste des médias et professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, interrogé par TV5 Monde, apporte son éclairage sur les facteurs de cette remise en cause et l’avenir des médias de service public.
Les Archives de la Radio Télévision Suisse (RTS) sont plus visibles que jamais grâce à leur usage efficace des réseaux sociaux. L’ère du digital ouvre en effet un vaste éventail de possibilités aux documentalistes de l’audiovisuel public. Rencontre avec les archivistes Soazig Vaucher et Vincent Sériot.
Par Marie Sandoz, octobre 2017.
«Au sein de la RTS, le compte Facebook des Archives est leader des consultations, avant Nouvo ou 26 Minutes» lance non sans fierté Vincent Sériot, responsable des contenus du service Documentation et Archives (D+A). En effet, depuis quelques années, de nombreux instants d’histoire de la télévision suisse rencontrent un franc succès sur différents espaces numériques. En témoignent les 20’000 visiteurs·euses hebdomadaires du site web des Archives et les 10 millions de vues au total que comptabilise la chaine Youtube. Quant aux abonné·e·s Facebook, leur nombre est passé de 400 en 2015 à 200’000 aujourd’hui. Et le service D+A continue d’étendre sa présence sur internet avec la plus récente ouverture d’un compte Instagram.
Réseaux sociaux et poly-compétence
Vincent Sériot occupe l’un des deux seuls postes entièrement dédiés à la valorisation des fonds audiovisuels auprès du grand public, avec celui consacré au site internet. Quant à ses collègues, ils et elles jonglent entre les autres tâches quotidiennes du service, qui se multiplient. C’est le cas de la documentaliste Soazig Vaucher, dont le temps de travail est consacré à archiver les émissions télévisées et à répondre aux besoins en images et en informations des rédactions RTS. Elle est également en charge de la formation continue à D+A, d’alimenter régulièrement le compte Instagram rtsarchives et d’éditer des contenus pour les plateformes numériques.
«Editer». Le mot est lâché. Cette activité ne faisait a priori pas partie du cahier des charges d’un·e documentaliste. Or, avec la numérisation des archives audiovisuelles et l’investissement des réseaux sociaux, les compétences requises se diversifient. Et c’est justement ce travail «d’édition», voire de «rédaction», que souhaite développer le service D+A. «Notre compte Facebook ou Instagram n’est pas un simple relai de nos fonds ni de notre site web, explique Vincent Sériot. Nous agissons sur les contenus de manière différenciée selon le vecteur visé». C’est ainsi qu’une vidéo d’une quinzaine de minutes sur les skateurs vaudois des années 1970 sera diffusée telle quelle sur Youtube, remaniée dans un format de 2 à 3 minutes pour Facebook et finalement réduite à une minute essentielle pour Instagram. Cela implique des opérations de montage, de découpage ou de remaniement du son et des commentaires qui peuvent aller jusqu’à changer la chronologie originale des séquences pour «dynamiser la capsule». Du texte explicatif ou des sous-titres peuvent aussi être incrustés. De même, des fondus lissent le passage d’un plan à l’autre ou adoucissent la fin d’une séquence. Selon leur nature et leur esthétique, des contenus sont exclusivement réservés à une seule plateforme, et il arrive encore aux documentalistes de littéralement créer un court film à partir de plusieurs documents d’archive. Par exemple, une vidéo publiée dernièrement retrace la mode vestimentaire chez les jeunes romands dans les années 1990 grâce à un patchwork d’images télévisées qui jalonnent la décennie.
En dévoilant les nombreux traitements qu’ils effectuent sur les documents audiovisuels, tant Soazig Vaucher que Vincent Sériot insistent sur le fait qu’ils font «très attention à ne pas les dénaturer». Mais que signifie cette notion et quelle est sa limite ? Sortir les archives de leur contexte, raccourcir les vidéos, parfois jusqu’à l’extrême, et les diffuser sur des plateformes qui, comme les documentalistes le disent eux-mêmes, ont leur propres codes et langage auxquels le document s’adapte, n’est-ce pas justement les dénaturer? Répondre à ces interrogations dépasse les limites de cet article. Elles nous pousseraient d’ailleurs à réfléchir à la réelle faisabilité, voire à la pertinence dans ce contexte donné, de ne pas vouloir «dénaturer». La nécessité d’une réflexion critique et inscrite dans la longue durée, propre au métier d’historien·ne, n’est donc pas remise en cause par ces nouvelles pratiques. Celles-ci permettent en revanche de visibiliser la richesse du patrimoine audiovisuel de la télévision et de la radio publiques, et d’éventuellement légitimer leur sauvegarde auprès de l’opinion publique. Ces petites tranches du passé romand, distillées sur les réseaux sociaux, suscitent par ailleurs des émotions chez celles et ceux qui s’en saisissent. Peut-être donneront-elles simplement l’occasion de rire ou de s’étonner. Peut-être provoqueront-elles parfois le sentiment d’appartenir à une histoire culturelle, politique ou sociale commune. « Les gens s’intéressent à leur passé. Nos archives parlent à ceux qui les regardent, nous dit Soazig Vaucher. Nous recevons d’ailleurs de nombreux commentaires de remerciement et d’encouragement. »
Sauvegarde et valorisation: chemin de croix?
Malgré leur agenda garni, les documentalistes en charge de la valorisation s’approprient avec plaisir ces nouveaux usages, heureux « de trouver des perles et de leur donner une seconde vie ». D’ailleurs, ils et elles y sont pour beaucoup dans la reconnaissance de ces nouvelles pratiques. En effet, leur émergence au sein de la RTS n’est pas le fruit d’une politique venue du haut. Au contraire. Ainsi, avant que cela ne devienne son activité principale, Vincent Sériot a identifié très tôt le potentiel des réseaux sociaux : «c’est un peu dans mon coin que j’ai commencé à réfléchir aux possibilités qu’ils offraient et à les utiliser dans mon travail». C’est seulement une fois le succès de la démarche entériné qu’elle s’est institutionnalisée. Quant à Soazig Vaucher, elle souligne l’importance d’étendre les formations des documentalistes à ces nouveaux domaines : «il peut être parfois délicat de faire reconnaitre la nécessité de qualifications nouvelles, même si elles me semblent essentielles pour mettre en valeur nos ressources de manière professionnelle.»
En regard du passé récent, assurer la sauvegarde des fonds d’archives radio et télévision et légitimer leur mise en valeur s’assimile à un chemin de croix. Dans un article de 2013, les historiens Olivier Pradervand et François Vallotton (Université de Lausanne) dressent le bilan de la politique helvétique en matière de conservation des archives audiovisuelles. Ils soulignent notamment le caractère récent de la notion de «patrimoine audiovisuel», dont l’émergence se situe au tournant des années 1980. Il se produit à cette époque «une prise de conscience de l’intérêt culturel et historique de formes relevant non seulement de la création, comme dans le cas du cinéma, mais également et plus largement des médias et de l’information.»
En Suisse, malgré des discussions dès le milieu des années 1980, une politique volontariste en matière de conservation, d’accessibilité et de valorisation du patrimoine audiovisuel émerge seulement en 1995, avec la création de Memoriav. Cette association fédère un réseau d’institutions intéressées par la question, comme la SSR, la Cinémathèque ou encore la Bibliothèque nationale. Mémoriav assure non seulement une mission de préservation mais c’est aussi dans son cadre que les premiers projets de valorisation sont élaborés. Les deux historiens rendent cependant attentif aux limites de ce système décentralisé. La question de la sauvegarde des ressources radio et télévision est certes plus ou moins réglée et des démarches de mise en valeur sont initiées. Mais l’accessibilité publique à la documentation reste aléatoire.
A la RTS, les archives sont longtemps cantonnées à un usage essentiellement interne : « jusque dans les années 1980, voire 1990, le potentiel patrimonial de nos archives n’est pas vraiment pris en compte, confirme Vincent Sériot. On a longtemps perçu ces documents comme n’étant que du matériel d’illustration à bas coûts, sans considérer leurs qualités propres. » L’avènement du numérique va cependant offrir de nouveaux outils techniques, alors que les mentalités, elles aussi, évoluent. En 2005, la création de la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine audiovisuel de la Radio Télévision Suisse (FONSART) constitue à cet égard un moment clé. Non seulement instituée pour assurer la numérisation à grande échelle des archives de la RTS, la FONSART a également pour mission de favoriser l’accès du grand public à ce patrimoine. Dans cette perspective, le site web Les Archives de la RTS voit le jour en 2005, dans la foulée du travail réalisé pour le 50e anniversaire de la TSR. En 2009, c’est la plateforme notrehistoire.ch qui est mise sur pied. Cet espace en ligne a pour but d’encourager les particuliers à partager leurs propres documents, que ce soit des photographies, des vidéos ou des témoignages écrits. Ces nouveaux terrains, encore élargis par les réseaux sociaux, ont modifié le travail des documentalistes de la section D+A : «l’utilité des archives à l’usage des rédactions n’est désormais pas la seule priorité, explique Soazig Vaucher. Maintenant, on peut partir à la recherche de trésors et les faire découvrir pour ce qu’ils sont.»
«Si No Billag passe, tout trépasse»
Quant aux projets d’avenir, l’esprit de Vincent Sériot en déborde. Il suffit de jeter un œil à la multitude de post-it éparpillés sur son bureau et sur lesquels il semble noter une idée par minute. Actuellement, il se passionne par exemple pour la réalité virtuelle ou augmentée et la vision à 360 degrés. Une prochaine collaboration avec la Fête des Vignerons 2019 va dans ce sens : «nous réfléchissons à un dispositif immersif qui permettrait d’effectuer un voyage dans le temps grâce à nos archives des Fêtes précédentes.» Soazig Vaucher exprime quant à elle son envie d’améliorer le graphisme des contenus diffusés et de rendre les incrustations de texte plus dynamiques. L’usage d’un programme informatique spécialisé dans ce domaine est à l’agenda. Autre ambition de ces hyperactifs : filmer des chercheurs et chercheuses en train de travailler sur les ressources de la RTS, et éventuellement créer de courts films où ils et elles présenteraient leurs travaux que des images d’archive viendraient illustrer. Un projet similaire à vu le jour à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) en France, qui a réalisé cette idée sous le nom de « Bref, je cherche ». Dans la vidéo ci-dessous, l’historienne et responsable de la valorisation scientifique à l’INA, Géraldine Poels, se prête au jeu.
Les idées fleurissent, certes. Mais une menace plane : l’initiative pour la suppression de la redevance radio et télévision. «Si No Billag passe, tout trépasse», résume non sans ironie Soazig Vaucher. L’obligation de conserver les archives serait sûrement maintenue, notamment grâce à la FONSART et à l’aide de ses fonds privés, mais on peut craindre que les activités seraient réduites au strict minimum. «Notre pierre à l’édifice dans la campagne contre No Billag? Montrer au mieux la richesse du patrimoine audiovisuel romand, et donc l’importance du service public qui le produit, le protège et tend à le rendre accessible à tous».
Références principales
Rencontre avec Soazig Vaucher et Vincent Sériot le jeudi 28 septembre 2017 à la RTS à Genève.
En juillet 2016, le magazine L’Hebdo s’est entretenu avec plusieurs personnalités romandes au sujet de l’avenir de la SSR et de son financement. L’article s’intitulait « Le débat sur la SSR continue ».
Extraits:
« Le divertissement peut-il être financé par l’argent de la redevance? L’audiovisuel public remplit-il sa mission? A l’heure de la redéfinition du mandat, des personnalités s’expriment. Et proposent des pistes pour l’avenir.
«La SSR est prise dans une contradiction insoluble, analyse la journaliste Joëlle Kuntz. Elle doit rechercher l’audience et le rendement tout en remplissant son mandat de service public.» A l’approche de la votation sur l’initiative «No Billag», qui veut supprimer la redevance, l’audiovisuel public se retrouve au centre des débats. Le Conseil fédéral s’apprête d’ailleurs à publier un rapport à son sujet. Et dans le monde culturel et médiatique, la question passionne. »
Sait-on vraiment ce que l’on voit, quand on se balade sur la plateforme internet de la RTS ? Et si l’on y va cherchant une information, que trouve-t-on ? Quelques observations et certaines réponses en guise d’orientation.
Par Roland Cosandey, août 2021.
Les sources et leur critique
L’exploitation des sources télévisuelles soulève des problèmes méthodologiques particuliers dont il est singulièrement peu question. Nous y avons été confrontés dans deux circonstances d’ampleur et d’enjeu différents. L’une tient à notre collaboration à l’établissement de la filmographie neuchâteloise et au constat inattendu de la richesse du corpus télévisuel cantonal préservé pour la seule première décennie d’activité de la Télévision suisse romande. L’autre est une recherche monographique qui prend comme point de départ le sujet d’une émission de 1971 fondé sur l’exploitation d’une œuvre cinématographique documentaire ancienne.
Dans le premier cas, nous sommes intervenu au titre d’éditeur d’une synthèse publiée en ligne par Memoriav. Dues à Laurence Gogniat, rédactrice de la filmographie télévisuelle neuchâteloise (1953-1969), ces considérations constituent, à partir d’un corpus particulier, une sorte de vade mecum pour l’exploration des ressources audiovisuelles de la RTS. Complété par un ensemble de notices données en exemple, ce travail a servi d’orientation pour notre propre étude, Cinq “lectures“ et quelques adages pour un film (presque) retrouvé, dont l’intégralité figure ici-même en pdf. L’émission de la TSR C’était hier du 19 avril 1971 constitue le point de départ de cette étude et fournit par ailleurs les illustrations présentées ici.
Que me donne-t-on à voir ? Une question de mise au point
Notre approche supposant l’examen de la source primaire, le film, au sens non exclusif de ce terme, nous saluons les possibilités d’accès, si indirect soit-il, offert par l’outil digital. Pour ce qui est de la Suisse, les deux ressources majeures sont aujourd’hui le site agrégateur établi par Memoriav d’une part, et, d’autre part, la reprogrammation sur le net que représente le site RTSarchives. Il sera question ici plus particulièrement des problèmes que soulève ce dernier pour chercheur et chercheuse.
Cet ensemble présente une homogénéité particulière puisqu’il concentre une double qualité de producteur. Ce que la Télévision rend depuis 2005 accessible en ligne, via Fonsart, c’est ce qu’elle a produit elle-même pour le petit écran.
La proximité que cette production entretient avec notre histoire récente explique la satisfaction qui saisit toute personne intéressée par la représentation de ce passé proche, partagé par trois générations, auquel le site public de la RTS donne abondamment accès en puisant dans son fonds d’archives et que démultiplie depuis 2009 le site interactif également initié par Fonsart, notreHistoire.ch.
Son bonheur augmente encore quand, d’innocent curieux, cette même personne passe à la recherche historique et qu’elle constate que scriptorium.bcu-lausanne.ch met à sa disposition Radio TV Je vois tout, organe des programmes et magazine illustré, jusqu’à TV8, couvrant ainsi la période de production 1953-2010 (mais en remontant plus haut, au temps de la radio, il est évidemment déjà question de télévision).
Il arrive que ce changement de qualité de l’usager·ère s’accompagne vite, et sainement, d’une forme de soupçon. Dois-je croire que ces images d’une école de recrues de 1928, qui constituent en 1971 l’attraction d’un sujet de l’émission « C’était hier », furent tournées par un amateur, comme l’affirme la notice du site ? Et comme le sujet apparaît sans autre titre que celui de l’émission elle-même dans l’annonce des programmes publiée à l’époque, via le service d’information de la TSR, d’où peut bien provenir l’intitulé que j’ai sous les yeux, ce « 1928, dure école » qui ne figure pas dans ce qui m’est donné à voir ?
Une fois le contact établi avec une très disponible personne du service « Patrimoine, Données et Archives » de la TSR, une fois obtenu l’accès direct à l’intranet de la maison, comment se fait-il que l’on doive constater, à propos de ce même « C’était hier », que les deux seules personnalités interviewées, pourtant dûment nommées par le journaliste, ne figurent pas dans la fiche interne établie sur cette émission, pas plus d’ailleurs qu’elle ne mentionne deux des cinq collaborateurs dûment crédités dans le générique ?
Pour prendre un autre sujet, si le site de RTSarchives précise bien que Découvrir les Welches n’est pas le titre original d’École en liberté, comment ne pas être surpris par une telle substitution d’intitulé s’agissant d’un reportage dont les actions se déroulent à la Chaux-de-Fonds (ville par ailleurs non identifiée comme telle) mais aussi au Tessin ?
Quant à « la découverte de l’altérité romande » qu’y voit le descriptif de l’émission, il ne faut guère d’attention pour déceler rapidement l’inconsistance d’une telle qualification devant des images illustrant en fait une expérience d’enseignement in situ. La fiche interne n’est guère moins approximative, qui ne retient qu’une seule catégorie d’élèves, là où la démarche du film consiste à mettre en valeur un effort pédagogique mené ici avec les élèves d’une école de commerce, là avec des écoliers de 11-12 ans.
La mise en ligne fait fi d’un effort minimal de contextualisation, qui aurait entraîné en l’occurrence à signaler que ce sujet était un des produits du vaste projet télévisuel avec lequel la Télévision suisse s’était donné pour tâche, dès 1962, d’accompagner l’Exposition nationale de 1964, et peut-être aussi à expliquer pourquoi l’équipe de réalisation n’est pas romande, mais alémanique, la réalisatrice, Ludy Kessler, étant alors une importante réalisatrice de la Télévision suisse alémanique.
Ah si la retraite de Russie avait été filmée!
Les termes “Archives“, “Histoire” sont des mots de passe. Le slogan dont la RTS les accompagne, « Mille et une archives. Le passé comme si vous y étiez », fait écho à une idée d’immédiateté et d’objectivité qui est le régime de perception généralisé de la ressemblance visuelle, analogique ou digitale. C’est une vieille idée, qui escamote le discours pour asseoir la présence, qui substitue la transparence à la forme.
S’agissant d’images en mouvement, on en trouve l’expression achevée dès que la photographie s’est mise à bouger, à la fin du 19ème siècle, chez un Boleslas Matuszewski par exemple. Et si nos récriminations ne sont pas pertinentes, c’est qu’en fait nous ne sommes pas confronté à des archives.
La seule façon d’aborder sereinement RTSarchives n’est pas de regretter que le site soit autre chose que ce qu’il est, mais bien de considérer sa nature et sa fonction réelles. Cette plateforme est un canal de (re)programmation. A ce titre elle répond à tous les canons du recyclage. Et ce qui est programmé dans ce processus de réédition, ce n’est pas la télévision comme phénomène caractérisée par un flux d’émissions souvent composites, mais des sujets puisés selon diverses raisons – l’actualité, un thème, une personnalité, l’histoire de la Télévision aussi… – dans le riche fonds que représente la production conservée, soit les archives audiovisuelles de la Télévision proprement dites, c’est-à-dire les images et les sons dont elle détient les droits.
Je te tiens, tu me tiens par la barbichette…
Toute recherche historique suppose une collaboration avec les lieux d’archivage qu’elle sollicite et autant qu’avec les lieux, dont la digitalisation des ressources permet aujourd’hui de ne pas toujours fréquenter physiquement l’espace, elle suppose une relation avec les conservateurs, en l’occurrence gens d’archive, de catalogue, de documentation, de restauration.
Depuis quelques années, cette collaboration est acquise avec la TSR. La révision de la Loi fédérale sur la radio et la télévision de 2015 (LRTV) stipulant que la SSR a l’obligation de sauvegarder ses archives audiovisuelles et de les mettre à disposition, le service public a ouvert ses fonds à la communauté scientifique et en a soustrait cet accès à la logique commerciale qui prévalait jusqu’alors.
Toute approche d’une source suppose la compréhension de la fonction et de la pensée catalographique à l’oeuvre. Pas de transmission sans histoire de cette transmission et sans les métadonnées qui en configurent l’identité. Ce point aussi est acquis et on conçoit, aux deux cas mentionnés plus haut, à quel point le dialogue est essentiel pour la compréhension des objets par les uns comme par les autres.
Les limites sont celles auxquelles se heurtent à l’interne les archivistes eux-mêmes. D’une part, les données dont ils.elles ont hérités furent constituées à des fins pratiques par des documentalistes indexant les images dans la perspective d’un éventuel réusage; d’autre part, la qualité de l’indexation varie passablement dans le temps. L’écart entre des formes de saisie variables, répondant essentiellement à des fins productionnelles, et une méthodologie conforme aux normes archivistiques va probablement demeurer pour longtemps encore le principal objet du dialogue instauré.
Un regard non prescriptif
Nous disions plus haut sur quelles pratiques reposent nos réflexions. Revenons-y.
Dans le premier cas, il s’agit de l’élaboration d’un outil filmographique rendant compte d’un corpus d’émissions définies par leur relation à un lieu, le Canton de Neuchâtel. Les notices individuelles rendent compte de quatre aspects: l’émission télévisée saisie comme expression formelle et discours; l’identification de la chose montrée – lieu, personne, événement; la contextualisation du sujet; la contextualisation de l’émission ou collection à laquelle appartient le sujet.
L’élaboration de ces champs est facilitée ou compliquée par l’état des sources primaires – les films – , comme par l’état des métadonnées et celui des archives administratives (sur lesquelles nous n’avons pas travaillé).
Dans le deuxième cas, nous nous sommes interrogé sur la présence, l’usage et l’origine d’un film de 1929 (c’est sa date) repéré dans une des nombreuses émissions que la Télévision a produites au cours de son histoire à partir d’images antérieures, dites « d’archives ». Parti d’une découverte – le film en question était parfaitement inconnu ! – et d’un premier souci d’identification, nous avons fini par considérer l’émission en question non pas comme une source secondaire fortuite nous renseignant sur l’existence d’une production suisse nulle part signalée, mais comme une réinterprétation propre de ce matériau ancien, méritant comme telle toute notre attention. Et il était naturel que l’accès donné aujourd’hui à ces images sur RTSarchives fasse à son tour l’objet de la même attention. Une école de mitrailleurs des compagnies attelées d’Arthur Adrien Porchet (Film AAP, 1929) se trouve ainsi saisi dans les divers avatars de sa transmission. Restait à s’interroger sur l’existence matérielle du film, mais ceci est une autre histoire.
Nous avons dit plus haut à quelle opération de re-programmation correspondait la part de sa production archivée que la Télévision met à disposition via l’internet. Nous avons souligné que l’entreprise s’accompagnait de la production, sous forme de ré-intitulé et d’introduction, d’une sorte de méta-métadonnées témoignant de la vision contemporaine établie par l’institution à propos de ce qu’elle choisissait de donner à voir au public. Mais l’“institution“ est une abstraction : quel comité de production? quelles compétences éditoriales? quelles formes de décision à propos des contenus? quelle vision des destinataires? quelle évaluation de la fréquentation et de la satisfaction?
La mise en ligne est effectuée sans embarrasser l’internaute d’informations sur les manipulations éditoriales venant modifier ce qui est effectivement archivé, sans l’encombrer de commentaire sur la part absente par force (tout ce qui relève du direct: habillage de l’émission, générique, commentaire off prononcé à l’antenne…), ni d’indications sur la place du sujet dans la composition originale de l’émission ou encore sur le jour et l’heure de son passage à l’antenne. C’est le régime d’une conception éditoriale fort courante, qui considère que tout ce qui est “spécialisé“ ne peut qu’éloigner le chaland.
Considérer le remontage d’images dites d’archives, dans une émission comme « C’était hier » par exemple, non pas comme une trahison du document original, mais comme sa reformulation, le déplacement de perspective est de taille, puisqu’il revient à abandonner une position de prescription pour une attitude descriptive, un préjugé pour une analyse.
Ce déplacement nous oblige, en toute rigueur, d’envisager également l’exploitation de son patrimoine auquel se livre la Télévision sur l’internet comme une politique de programme et non comme un mésusage de ses archives. Une politique qui produit, entre autres, une relecture du passé de l’institution par l’institution elle-même, comme elle traduit, de façon plus ou moins explicite, une vision du public.
Ainsi se définit la part des choses: voir RTSarchives comme un nouvel objet d’histoire; aborder les archives audiovisuelles de la Télévision proprement dites comme une source primaire, en sachant toutefois que celle-ci n’est guère saisissable autrement que sous la forme réinterprétée de sa digitalisation.
Mit dem neuen Mediengesetz – genannt BGeM – will Bundesrätin Doris Leuthard die technologischen und ökonomischen Entwicklungen der Medienbranche sowie das veränderte Mediennutzungsverhalten gesetzlich regeln. Der Fokus liegt folglich auf den elektronischen Medien. Aber auch klassische SRG-Radio- und TV-Programme sind betroffen. Neu wird eine unabhängige Kommission für elektronische Medien geschaffen, die den Auftrag hat, die Konzession für die SRG festzulegen und Leistungsaufträge an Private zu vergeben. Ausserdem wird sie eine Kontroll- und Bestrafungsfunktion einnehmen, dann nämlich, wenn Konzessionsvorgaben von Medienakteuren verletzt würden. Eine Übersicht über die Kommentare und die Berichterstattung der Medien in der Deutschschweiz.
Neue Zürcher Zeitung
«In einer Hinsicht ändert sich allerdings wenig: Die SRG behält ihre privilegierte Stellung. Sie steht weiterhin im Zentrum der Medienförderung. Ein Grossteil der ab dem kommenden Jahr von den Haushalten zu bezahlenden Abgabe kommt dem nationalen Rundfunk zugute. Der Auftrag der SRG wird teilweise ausgedehnt. So soll sie regelmässig im täglichen Informationsangebot, das von grossen Teilen des Publikums beachtet wird, über die jeweils anderen Sprachregionen berichten.»
«Ein revolutionärer Akt ist das Papier keineswegs. Im Kern bestätigt es die derzeitige Ordnung, die vor allem auf die Hege und Pflege der SRG ausgerichtet ist. Deren Dominanz im elektronischen Sektor soll unangetastet bleiben.»
«Der Bundesrat hat die Vernehmlassung zum neuen Gesetz über elektronische Medien eröffnet. Die Online-Mediennutzung nehme zu, sagte Medienministerin Doris Leuthard am Donnerstag in Bern. Service public müsse dort präsent sein, wo das Publikum sei. Online-Medien sollen aber nur unterstützt werden, wenn sie hauptsächlich Audio- und Videoinhalte anbieten. Damit will der Bundesrat die Presse vor subventionierter Konkurrenz schützen. Für eine direkte Förderung von Zeitungen – ob gedruckt oder online – fehlt ohnehin die Verfassungsgrundlage, wie Leuthard betonte.»
«Der Plan des Bundesrats, neben Radio- und Fernsehstationen auch Online-Medien mit Audio- und Videoinhalten Geld aus der Medienabgabe zukommen zu lassen, scheidet die Geister. SVP und FDP lehnen das Vorhaben ab, SP und CVP unterstützen es.»
Erfahren Sie hier, welche Meinungen die jeweiligen Parteien und Verbände vertreten.
AZ Medien
«Die Schlacht war mit der gewonnenen Abstimmung der No-Billag-Initiative geschlagen und gewonnen. Entspannt hat die SRG deshalb dem neuen Mediengesetz entgegenblicken können, das nun als Entwurf vorliegt: Es unterstreicht wie erwartet die Bedeutung des öffentlich-rechtlichen Rundfunks.»
«Welche bestehenden Online-Angebote in den Genuss von Geldern kommen könnten, wollte Leuthard nicht sagen. Es müssen hauptsächlich Audio und Videoinhalte angeboten werden. Dies um die klassischen Printtitel nicht weiter zu konkurrenzieren.»
« In der Schweiz gab es bislang immer einen Konsens, dass direkte Medienförderung abzulehnen ist. Der Staat soll keinen Einfluss nehmen auf die einzelnen Angebote und diese nicht bewerten. Wenn der Bundesrat dies ändern will, ist eine verfassungsmässige Grundlage unumgänglich. Es ist mir schleierhaft, was den Bundesrat dazu gebracht hat, solche Vorschläge zu publizieren.»
Lesen Sie hier das Interview mit Gregor Rutz, SVP-Nationalrat und Vorstand der Aktion Medienfreiheit.
Auch die francophonen Medien haben den Gesetzesentwurf kommentiert und über seine Form berichtet. Hier erhalten Sie eine Übersicht über die Presseerzeugnisse der Westschweiz zu diesem Anlass.
In einem Monat, am 09.05.2018 feiert Tamedia, das grösste private Medienhaus der Schweiz, seinen 125 jährigen Geburtstag. Dunkle Wolken hängen über dem Unternehmen, wenn man dem Bericht der NZZ Glauben schenkt. Nicht nur boykottierten Mitarbeiter das geplante Fest, die Angestellten müssten künftig mit Sparübungen und Entlassungen rechnen. Die NZZ berief sich in ihrem Artikel auf Informationen der anonymen Betreibern des Twitter Accounts Inside-Tamedia.
« Tatsächlich wird immer klarer, dass bei Tamedia eine Entlassungswelle bevorsteht. «Die Verunsicherung nimmt stark zu», sagt Jürg Steiner, Präsident der «BZ»-Peko. «Illusionen macht sich niemand mehr.» Per Anfang Jahr sind bekanntlich die überregionalen Ressorts sämtlicher Tamedia-Titel in der Deutschschweiz und der Romandie zusammengelegt worden. Das deutschsprachige Publikum wird nun mit einem beinahe identischen Mantelteil aus der Zürcher Zentralredaktion versorgt – egal, ob es die «Zürichsee-Zeitung», das «Thuner Tagblatt» oder den «Tages-Anzeiger» abonniert hat. »
Neben Tamedia muss auch die SRG SSR sparen. Nach der No-Billag-Initiative prüft das staatliche audiovisuelle Medienhaus im Rahmen des Effizienzsteigerungs- und Reinvestitionsplans ein Umzug der Radioredaktion von Bern nach Zürich, wie die Berner Zeitung verlauten liess. Was aber nicht ohne Probleme geschehen würde:
« Die Vorteile der Konzentration in Zürich liegen auf der Hand: Die Informationsinhalte für TV, Radio und Online könnten am selben Standort hergestellt werden.Klar ist aber auch: Die Regionalredaktion Bern, Freiburg, Wallis, die Bundeshausredaktion sowie einige Fachredaktionen Inland würden nicht aus Bern abgezogen. «Bern bleibt als Produktionsstandort in jedem Fall zentral», bemüht sich SRF um einen föderalistischen Diskurs. »