Parution: 1980. L’an zéro du monde contemporain?

Le mois de mai dernier a vu la parution du dernier numéro de la revue de la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne, Etudes de Lettres. Le volume propose près de cinquante contributions qui s’articulent autour du thème « 1980. L’an zéro du monde contemporain? ».

Le couple Müller dans l’émission de débat «Magazin TV», 15 juillet 1980. © Schweizer Radio und Fernsehen.

Nous avons participé à l’initiative avec deux articles. François Vallotton et Anne-Katrin Weber signent le papier « Un scandale télévisuel dans l’été chaud zurichois » qui revient sur les manifestations de la jeunesse zurichoise de la période et en particulier sur une émission de télévision qui va, dans ce contexte, défrayer la chronique. Marie Sandoz propose quant à elle le texte « Une télévision satellite suisse? Libéralisation de l’audiovisuel public et «nouveaux médias»: l’année 1980 » qui s’attache à inscrire un projet de télévision satellite suisse dans le paysage médiatique en mutation du début de cette décennie 1980.

Le numéro est bien entendu riche de bien d’autres réflexions à découvrir alors que Gilles Philippe et Jérôme Meizoz (Section de Français), qui ont dirigé le volume, le présentent dans une vidéo.

L’audiovisuel au service de l’enseignement académique

A l’occasion du cinquantenaire de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) célébré en septembre 2019, Eugénie Constantin et Michael Wagnières, deux étudiant·e·s de la section d’histoire et d’esthétique du cinéma à l’Université de Lausanne supervisé·e·s par le Prof. Olivier Lugon,  ont réalisé plusieurs documentaires et interviews portant sur l’utilisation de l’audiovisuel à l’EPFL, de sa création jusqu’à ce jour. Dans cet article, tous deux reviennent sur l’histoire de ses usages dans l’institution ainsi que sur leur propre expérience d’une production audiovisuelle.

 

Photo personnelle prise sur le campus de l’EPFL.

 

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l’émergence des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) a fortement attiré l’attention des scientifiques et des institutions académiques. Les potentialités offertes par les dispositifs audiovisuels se sont d’ailleurs trouvées au cœur des préoccupations de l’EPFL dès sa création en 1969, dans le but d’optimiser les méthodes d’apprentissage. Mais à quel point sont-elles en mesure de révolutionner l’enseignement académique ? Nous postulons que les technologies audiovisuelles sont des dispositifs de production propre à être mis au service de l’analyse scientifique, et qu’elles sont également dotées d’une double fonction pédagogique : comme support d’enseignement pour les professeurs d’une part, et pris en charge par les étudiants d’autre part.

Lire l’article.

Conférence: La mobilité dans l’histoire des médias

 

L’historien des médias Gabriele Balbi (Université de la Suisse italienne) et le sociologue des médias Paolo Magaudda (Université de Padoue) donneront le séminaire « Between mobile privatization and privatized Mobility. Looking at the mobile media in historical perspective » le 27 mai prochain. Les spécialistes proposeront une perspective théorique sur la question et présenteront des études de cas plus particulièrement sur les technologies du son et la téléphonie mobile.

Organisée par le Centre for Advanced Studies in Mobility & Humanities de l’Université de Padoue, la séance devait se dérouler  dans la ville italienne. En raisons des circonstances actuelles, elle a été déplacée sur Zoom. Il est possible de s’inscrire dès maintenant ici.

CFP: Race and Europe’s TV Histories

La revue VIEW Journal of European Television History and Culture a lancé un appel à contributions pour un numéro spécial sur le thème « Race and Europe’s TV Histories ». Ce numéro entend participer à l’intégration de la problématique raciale dans la recherche européenne sur la télévision, quasiment absente sur le Vieux Continent alors que les études télévisuelles aux Etats-Unis mobilisent le concept de race depuis longtemps déjà. On assiste toutefois aujourd’hui à un regain d’intérêt interdisciplinaire sur les multiples implications du racisme dans l’Europe post-coloniale et post-socialiste. Ce numéro en est l’une des manifestations.

Une image du générique du soap opera Empire Road (BBC, 1978-1979). Plus d’informations ici.

Extrait de l’appel:

« This special issue will begin the work of documenting and understanding the many ways in which television has both perpetuated and critically interrogated racialized regimes in Europe and in European countries’ ongoing relationships to their postcolonial geopolitical spheres.

We welcome proposals that explore how postwar television in Europe has naturalized, confirmed and challenged racial categories and racialized relations in the course of the medium’s history, including its extended, postcolonial dimensions. We are interested in any work at the crossroads of race and television, both historical and contemporary, including areas such as aesthetics, representation, genre, labor, industry, marketing, advertising and reception. Those contributors engaging with issues of nation, region, ethnicity and culture are encouraged to situate/emphasize/explore the relation with race in their proposals. »

Les propositions sont à envoyer jusqu’au 1er juin 2020.

Parution: Seeing by Electricity: The Emergence of Television, 1878-1939

Doron Galili, chercheur en études médiatiques à l’Université de Stockholm, a récemment publié l’ouvrage Seeing by Electricity. The Emergence of Television, 1878-1939 chez Duke University Press. Le livre propose une histoire longue de la relation entre télévision et cinéma en la faisant remonter non pas aux débuts des années 1940, quand les deux industries commencent à être en concurrence, mais à la fin du XIXe siècle. Le chercheur s’intéresse alors à différents dispositifs télévisuels imaginaires et à la manière dont ils sont pensés en relation au film. Sa démarche – intermediale – s’apparente notamment à celle de l’historien des médias William Uricchio dont plusieurs travaux portent également sur le XIXe siècle et les « débuts » de la télévision (par exemple, ce texte).

Présentation de l’ouvrage:

« Already in the late nineteenth century, electricians, physicists, and telegraph technicians dreamed of inventing televisual communication apparatuses that would “see” by electricity as a means of extending human perception. In Seeing by Electricity Doron Galili traces the early history of television, from fantastical image transmission devices initially imagined in the 1870s such as the Telectroscope, the Phantoscope, and the Distant Seer to the emergence of broadcast television in the 1930s. Galili examines how televisual technologies were understood in relation to film at different cultural moments—whether as a perfection of cinema, a threat to the Hollywood industry, or an alternative medium for avant-garde experimentation. Highlighting points of overlap and divergence in the histories of television and cinema, Galili demonstrates that the intermedial relationship between the two media did not start with their economic and institutional rivalry of the late 1940s but rather goes back to their very origins. In so doing, he brings film studies and television studies together in ways that advance contemporary debates in media theory. »

L’introduction de l’ouvrage est en libre accès sur le site de l’éditeur.

Visitez également le site web de Doron Galili.

On peut finalement signaler deux textes du chercheur sur l’histoire longue de la télévision: une traduction française et un article dans un numéro de la revue View dirigé par Andreas Fickers et Anne-Katrin Weber. Les deux contributions sont librement accessibles:

Galili, Doron. « L’histoire des débuts de la télévision et les théories modernes de la vision ». In Télévision, le moment expérimental, édité par Gilles Delavaud et Denis Maréchal, 139‑50. Paris: Apogée, 2011.

Galili, Doron. « Tom Swift’s Three Inventions of Television: Media History and the Technological Imaginary. » VIEW Journal of European Television History and Culture, 4/7 (2015): 54-67.

 

Parution: Introduction à l’étude des cultures numériques

Raphaël Baroni, professeur associé à l’Ecole de français langue étrangère de l’Université de Lausanne, et Claus Gunti, enseignant à l’Ecole d’art de Lausanne et boursier au Centre allemand d’histoire de l’art de Paris, ont dirigé l’ouvrage Introduction à l’étude des cultures numériques. La transition numérique des médias, paru il y a quelques jours. François Jost, de l’Université Sorbonne Nouvelle, signe le chapitre sur la transition numérique de la télévision.

Présentation:

« Notre culture est entrée il y a près de 50 ans dans l’ère numérique. Impactant ses techniques de production, ses canaux de diffusion et ses modes de consommation, cette transformation a notamment redécoupé les frontières traditionnelles qui permettaient d’identifier différents « arts » ou « médias ». Cet ouvrage retrace l’évolution propre de chaque média confronté aux technologies numériques, puis envisage le phénomène de la convergence médiatique qui a conduit à l’interconnection des médias traditionnels. Il offre enfin un aperçu des principaux paradigmes et des problématiques incontournables qui émergent dans un tel contexte. »

Consulter la table des matières.

 

Ecoutez Raphaël Baroni et Claus Gunti au micro de l’émission de la RTS Médialogues du 7 mars 2020.

 

IIIe Congrès de la SPHM: le programme est en ligne!

Les inscriptions sont désormais ouvertes pour le IIIe Congrès de la Société pour l’histoire des médias (SPHM) consacré aux « Métiers et professions des médias (XVIII-XXe siècles) ». Il se déroulera du 4 au 6 juin à l’Université de Lausanne et accueillera plus de 90 chercheurs et chercheuses en histoire des médias et media studies.

Le congrès a également mis en ligne le programme de ses journées. Sept sessions se succèderont autour de thématiques variées. Parmi elles : les identités professionnelles, les métiers de l’ombre, le journalisme d’investigation, les professionnelles des médias mais aussi, sur un temps long, les gatekeepers, les spectacles itinérants et le dispositif de la lanterne magique.

Ces sessions seront jalonnées par les conférences de deux keynotes invitées : Brooke Kroeger (NYU) parlera du Journalism’s Women puis Yvonne Zimmermann (Université de Marburg) évoquera les « Performative Configurations of the Art of Projection for the Popular Transfer of Knowledge ».

Deux tables rondes feront également la part belle à l’histoire des médias en Suisse. La première « Cartographying Media History in Switzerland » sera animée par des chercheurs et chercheuses suisses tandis que la seconde, qui ponctuera ce congrès, réunira plusieurs professionnels des médias de Suisse romande autour d’une discussion sur le tournant numérique.

A vos inscriptions !

 

« La guerre des drones »: une autre approche du télévisuel

Notre collègue Anne-Katrin Weber a dirigé le dernier numéro de la revue A Contrario sur le thème « La guerre des drones ». Les articles réunis « mettent en évidence les dimensions multiples du dispositif dronique à travers un dialogue interdisciplinaire », explique l’historienne de la télévision dans l’introduction du volume. En effet, les contributions proposent des regards variés sur cet objet complexe, que ce soit en termes d’approche ou de période et de lieu étudiés.

L’introduction, « Le dispositif du drone », offre une revue efficace de la littérature en sciences sociales sur le sujet en fournissant simultanément des outils méthodologiques pour penser et problématiser la complexité du drone, conçu comme un « un assemblage, une matrice, un dispositif ».

Anne-Katrin Weber a par ailleurs contribué au numéro avec un article qui adopte une perspective historique: « «L’œil électrique» et «la torpille volante»: pistes pour une histoire du drone à partir de l’histoire télévisuelle ». Le texte « propose d’étudier l’histoire des drones par le biais de l’histoire de la télévision. S’intéressant plus précisément aux échanges entre les domaines militaire et civil, sa focale s’éloigne d’une étude stricte des drones pour embrasser une approche d’histoire des médias et d’archéologie télévisuelle ».

La « torpille volante avec un œil électrique » : esquisse d’un missile téléguidé intégrant un système télévisuel, proposée en 1934 par Zworykin, directeur des recherches télévisuelles à la RCA

Une autre collègue, Marie Sandoz, a pour sa part traduit un texte de Lisa Parks, « Guerre des drones, médiation verticale et la classe ciblée » ainsi que présenté les travaux de la chercheuse au MIT dans un article complémentaire, « Verticalité, drones et géopolitique : les travaux de Lisa Parks ». Ce dernier vient mettre en perspective la traduction et vise par ailleurs à faire mieux connaître l’approche intéressante de la spécialiste des médias étatsunienne au public francophone.

Le numéro est bien sûr riche de plusieurs autres contributions. Elles abordent le stress post-traumatique chez les pilotes de drones, la question de la légalité/l’illégalité des frappes sous l’administration Obama, l’usage des drones en Afrique, l’intégration de drones au sein de la Police neuchâteloise, la contestation générée par un projet au sein de Google visant à équiper les drones du gouvernement des États-Unis et finalement les liens entre représentations de la masculinité militaire et drones dans le cinéma hollywoodien.

Bonne lecture!

Genre et médias: séminaires et ateliers

Les séminaires en histoire du genre font désormais légion dans le paysage académique francophone et s’ouvrent notamment à l’histoire des médias. Tour d’horizon :

Les doctorant·e·s de l’équipe ISOR (Images, Sociétés, Représentations) de l’Université Paris I organisent en 2019 leur séminaire doctoral autour des « Femmes dans les métiers de l’audiovisuel et des arts du spectacle ». Les différentes contributions porteront sur diverses professions notamment les femmes cinéastes et photographes, les chanteuses de jazz et les réalisatrices de télévision.

L’INA et Sorbonne-Nouvelle lancent cette année la troisième édition de  leur séminaire fondé en 2018 et dédié aux professionnelles de l’audiovisuel. Des productrices, anciennes monteuses et femmes journalistes ainsi que des chercheuses spécialisées en histoire des médias sont notamment intervenues au cours de ces deux dernière années.

1954 : Arlette, la première speakerine de la TV genevoise puis de la TSR. ©TSR

 

Signalons également le séminaire « Genre, médias et communication » co-organisé depuis 2017 à Sorbonne-Nouvelle par l’Institut de Recherche Médias, Cultures, Communication et Numérique (IRMÉCCEN). La chercheuse Delphine Chedaleux (UNIL) est notamment intervenue lors de cette dernière édition au sujet de la culture sentimentale et de ses modes d’appropriation en féministe. L’historienne a d’ailleurs donné en automne 2019 un séminaire sur le « Soap opera et ses spectatrices : une approche par les cultural studies » à l’UNIL et partage ses réflexions dans son carnet de recherches « (É)toiles sociales. Genre et cultures médiatiques ».

Mentionnons pour finir l’atelier doctoral « Histoire du genre » organisé à l’EHESS qui réunit depuis 2017 les doctorant.e.s travaillant sur des périodes différentes, aussi bien sur l’histoire du genre, que sur l’histoire des femmes ou des masculinités, ou qui envisagent le genre comme un outil ponctuel à mobiliser dans leur travail de thèse.

Surveiller et contrôler par le tube cathodique : une autre histoire de la télévision (1950-1970)

A vos inscriptions!

Durant le semestre de printemps, notre collègue Anne-Katrin Weber, historienne de la télévision à la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’Unil, donne l’enseignement « Surveiller et contrôler par le tube cathodique : une autre histoire de la télévision (1950-1970) ».

Le cours se propose d’historiciser la surveillance de masse actuelle, où la collecte de données par des acteurs publics et privés est ubiquitaire et ininterrompue. Cette forme spécifique de pouvoir a en effet des origines qui précèdent l’ère du numérique et du Big Data. L’émergence de la télésurveillance dès les années 1950 est notamment un moment central dans le façonnement de la surveillance contemporaine.

Les séances prévoient d’aborder l’histoire de la télésurveillance à travers l’étude d’une forme particulière de télévision, la télévision industrielle.  Résultat de recherches militaires dans les années 1940, elle est ensuite repensée pour servir des objectifs en temps de paix. Son champ d’application est extrêmement divers. Il englobe l’automatisation de processus de fabrication industrielle, mais également la gestion de trafic, la rationalisation des systèmes d’information dans les bibliothèques, ou encore la surveillance de l’espace public. Cet enseignement se propose donc d’explorer l’histoire de la télévision industrielle des années 1950 aux années 1970 afin de comprendre ses multiples usages et ses nombreuses implications, ainsi que ses liens avec la société de surveillance actuelle.