Le 32ème numéro de la revue Théorème « Dans l’intimité des publics. Réceptions audiovisuelles et productions de soi » est paru en septembre 2020 aux éditions Presses Sorbonne Nouvelle. Dirigé par trois spécialistes en études cinématographiques et audiovisuelles, Delphine Chedaleux, Myriam Juan et Thomas Pillard, il explore dans une optique inter et pluridisciplinaire les usages et les appropriations intimes des images animées autour de diverses études de cas, allant du cinéma muet aux médias numériques en passant par le petit écran.
Un tel projet se situe dans le prolongement du renouveau des études de réception et du tournant émotionnel des sciences sociales, qui voient l’essor de recherches sur les publics d’une part et sur l’intime en tant qu’objet et catégorie analytique d’autre part. Il semble dès lors pertinent d’adosser ces notions en apparence contradictoires, la première renvoyant censément au « privé » et la seconde à la sphère dite « publique », pour mieux dépasser cet antagonisme afin d’évaluer toute la fécondité de leur rapprochement. Plonger dans « l’intimité des publics » revient, de ce point de vue, à interroger l’imbrication des mondes sociaux et des pratiques liées aux écrans, en envisageant celles-ci tant comme des lieux de négociation ou de tension entre l’individu et le collectif que des techniques de production et de connaissance de soi.
Si, à ses débuts, la télévision en Suisse est parfois vivement attaquée par certains acteurs du monde radiophonique, elle va bénéficier d’un soutien inattendu, celui de Radio-Genève à travers son émission le « Magazine de télévision ». Diffusé dès 1953, ce programme affiche clairement son ambition : promouvoir la télévision. Cette émission offre ainsi un angle original pour observer les premiers pas du nouveau média.
L’historienne Mireille Berton réagit aux polémiques suscitées par la diffusion de la quatrième saison de la série The Crown sur Netflix et partage sur notre site une réflexion stimulante sur les fictions historiques :
« Comment expliquer la polémique autour de la dernière saison de The Crown ? Pourquoi chercher à distinguer le faux du vrai alors que toute fiction audiovisuelle à univers historique consiste à réécrire l’histoire en des termes (un langage, une esthétique, une mise scène) qui lui sont propres ? Pourquoi faire, dans ce cas précis, le procès de la fictionnalisation de l’histoire ? »
Dès 1971, le quartier grenoblois de la Villeneuve voit se mettre sur pied un projet audiovisuel participatif : on apprivoise la vidéo légère, produit un magazine et propose des stages de formation. L’initiative débouche sur une chaîne locale ouverte aux habitant·e·s et élèves du quartier. Retour sur l’expérience avec Logan Charlot, chargé de son archivage et de sa valorisation à la Maison de l’Image de Villeneuve.
Visiter le site web de Vidéogazette et découvrir les activités et ateliers proposés.
Historique de l’expérience
Années 1960: Développement du projet de la Villeneuve. L’installation des premiers habitants commence au tout début de la décennie 1970.
1972: Une équipe commence à travailler avec la vidéo dans le nouveau quartier de l’Arlequin, l’une des entités du vaste complexe de la Villeneuve. Elle met en place les outils techniques utilisant la technologie du câble.
1973: La SFT (Société française de Télédistribution), filiale de l’ORTF et des PTT, est chargée de présider aux essais de câble en France. Les lieux choisis sont deux villes nouvelles de la région parisienne et 5 villes de province. Grenoble, via son maire Hubert Dubedout très impliqué dans des projets d’animation culturelle, lance un réseau de télévision par câble au sein du quartier de la Villeneuve qui va disposer de son propre studio. Le projet bénéficie aussi du soutien de l’OFRATEME, Office français des techniques modernes d’éducation. On va ainsi utiliser le câble pour diffuser des programmes éducatifs.
Les premières émissions sont réalisées et diffusées dans les coursives par un système de vidéobrouette (en mettant magnétoscopes et télévisions dans des caddies de supermarché), car le réseau n’est pas encore au point. À la fin de l’année, le Centre AudioVisuel commence les premières diffusions de Vidéogazette sur les récepteurs des habitant.e.s pour tester le réseau câblé.
1974: Vidéogazette commence à être diffusée et enregistrée sur des bandes d’un pouce et d’un demi-pouce.
Cette offre est complétée par des émissions réalisées par la communauté et pour elle. On va désormais traiter aussi de sujets locaux et de questions intéressant la communauté d’habitation.
C’est le début d’une véritable politique de programmation. Des soirées-débats, généralement en direct, ont pour thème l’avortement, la drogue, le conflit chez Lip, etc. Dans le même temps, des émissions culturelles avec des acteurs musicaux et théâtraux du quartier sont mises en place.
1976: Fin de l’expérience suite à l’arrêt du financement par le Fonds d’intervention culturel, un organisme interministériel.
« Ce colloque entend s’interroger sur la manière dont les pratiques sérielles contribuent à déterminer et façonner le récit cinématographique et télévisuel, notamment en matière de tension narrative, de temporalité, de point de vue et de construction des personnages. Les principes de segmentation (en volets, épisodes, chapitres, saisons), de répétition/variation et d’amplification (potentiellement infinie) seront au cœur des analyses proposées, ainsi que le rapport au spectateur/ à la spectatrice induit par les différents modes de consommation de ces productions ».
Les propositions privilégiées seront celles qui viseront à dégager des enjeux théoriques qui excèdent l’étude de cas et qui intègrent, dans la mesure du possible, la question de la sérialité au cinéma (plutôt qu’exclusivement dans le contexte télévisuel, plus largement traité aujourd’hui).
Concernant le dossier thématique de ce premier numéro, dirigé par Evelyne Cohen et Laurent Martin, il réunit huit contributions qui s’articulent autour de la question « La culture, ça sert aussi à gouverner ? ».
Le volume est par ailleurs riche de plusieurs autres textes qui ne s’inscrivent pas dans le dossier (débats épistémologiques, compte-rendus, varia, entretiens…), et notamment de plusieurs hommages au grand historien de la culture, Dominique Kalifa.
Le 2e numéro abordera « l’Histoire culturelle des relations entre Juifs et Arabes en Palestine / Israël » alors que le 3e numéro sera consacré aux usages du temps libre.
L’émission « Hiérarchie toxique et harcèlement dans le monde des médias », menée par Anne-Claire Adet, mettait en perspective la question des harcèlements à la RTS révélés fin octobre par Le Tempsavec trois invitées. Notre collègue Roxane Gray est ainsi revenue sur ses recherches sur l’histoire des réalisatrices à la télévision suisse romande. Elle parle entre autres des stratégies adoptées par les femmes en position de pouvoir à la télévision pour se faire respecter par des équipes essentiellement masculines et soulignait aussi la richesse et la nécessité d’adopter la grille de lecture du genre pour comprendre l’histoire de la production télévisuelle. Aux côtés de Roxane Gray, Radio Vostok recevait Claire Burgy, présentatrice et responsable de la presse éditoriale du 12h45 à la RTS, et Valérie Perrin, secrétaire syndicale romande du Syndicat Suisse des Mass Médias.
Nous sommes par ailleurs ravi·e·s que le quotidien Le Courrier nous ait accordé un grand format dans la rubrique Contrechamps, dirigée par la journaliste Corinne Aublanc.
L’ouvrage collectif Formes et plateformes de la télévision à l’ère du numériqueest paru en 2020 aux Presses Universitaires de Rennes. Dirigé par Marta Boni, Professeure au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques à l’Université de Montréal, il tend à montrer l’identité profondément instable de la télévision, issue de la convergence de plusieurs autres médias dont le cinéma, la radio et le téléphone. Préfacé par William Uricchio, le volume s’organise en quatre sections : l’archéologie, les narrations sérielles, le transmédia ainsi que les spectateurs et leurs usages.
Les contributions de l’ouvrage, réunissant 18 chercheuses et chercheurs, s’intéressent à la manière dont la télévision réinvente son identité au gré des impératifs de nature technologique, géographique et contextuelle. Notre collègue Anne-Katrin Weber ouvre cette réflexion collective autour « des pellicules et des signaux : convergence médiatique et télévision de l’entre-deux-guerres ». Partant d’une perspective archéologique, l’historienne met en évidence la nature hybride et instable du média bien avant l’essor du numérique. A partir de l’exemple du « système de film intermédiaire » dans l’entre-deux-guerres, elle démontre que le concept de télévision découle de logiques de bricolage résultant de stratégies de consolidation industrielle.
La formation doctorale interdisciplinaire (FDI) de l’UNIL organise le mardi 8 juin 2021 une journée d’étude consacrée aux media studies. Sur l’initiative de trois doctorantes en histoire des médias, Emmanuelle Paccaud (Centre des sciences historiques de la culture), Audrey Hostettler (section d’histoire et d’esthétique du cinéma) et Roxane Gray (section histoire), la journée « Penser les médias: terrains, sources, approches » se propose de revisiter plus concrètement notre rapport à la recherche sur les médias.
Cette journée d’étude s’adresse aux doctorant·e·s qui, en début ou en fin de thèse, approchent les médias ou mobilisent des approches médiatiques dans leur recherche, et ce dans des disciplines variées (lettres, sciences sociales, sciences du sport, etc.) et à différentes périodes. Les communications pourront prendre des formes diverses : présentation du projet de thèse, d’un problème méthodologique spécifique, d’un article en cours de rédaction, ou d’une étude de cas (liste non exhaustive). Les approches comparatives, interdisciplinaires et transmédiatiques sont vivement encouragées ; les présentations de groupe sont bienvenues. Les participant·e·s bénéficieront également d’échanges avec un·e spécialiste en histoire des médias, qui ouvrira cette journée par une conférence.
Les propositions (environ 1800 signes, avec un titre, un descriptif et une courte bibliographie de travail) sont à envoyer avant le 15 janvier 2021 à Roxane.Gray@unil.ch, Audrey.Hostettler@unil.ch et Emmanuelle.Paccaud@unil.ch, avec copie à fdi@unil.ch.
La recherche est un maillon important qui participe à une meilleure compréhension et prise en charge du patrimoine audiovisuel. Avec votre contribution, vous ouvrez la voie à de nouvelles possibilités d’appréhender le patrimoine audiovisuel dans le cadre universitaire. Memoriav souhaite souligner le caractère exemplaire de ce projet et vous en félicite !
Nous en sommes ravi·e·s et nous remercions Memoriav pour la reconnaissance de notre travail que nous poursuivons depuis 4 ans.
Pour en savoir un peu plus, vous pouvez consulter la présentation de nos usages pluriels des sources audiovisuelles, que ce soit dans le cadre de la recherche, de l’enseignement ou au sein de notre démarche de médiation avec un plus large public. Mais il est aussi possible de tout simplement naviguer sur notre site web!