Appel à communications Transbordeur: l’image verticale

Dirigé par nos deux collègues Anne-Katrin Weber et Marie Sandoz à l’Université de Lausanne, le sixième numéro de la revue Transbordeur. Photographie Histoire Société abordera l’histoire et la politique des vues aériennes autour de la notion d’image verticale. Ce concept permet non seulement de renvoyer à  un arrangement spatial spécifique mais aussi de souligner les relations de pouvoir qui le soutiennent et le modélisent.

Résumé de l’appel à lire dans son intégralité ici :

« Des premières montgolfières aux drones contemporains, les dispositifs de vision aérienne génèrent une iconographie au croisement de l’expérimentation militaire, scientifique et artistique. Ce numéro souhaite revisiter cette histoire de la vue d’en haut en éclairant en particulier sa dimension politique et épistémologique. »

La publication du numéro 6 de la revue Transbordeur sera précédée par une  journée d’étude en février 2021, qui réunira les futures auteur·e·s à l’Université de Lausanne et permettra de construire un échange entre les participant·e·s et les éditeur·e·s.

 

Les textes peuvent être soumis en français, allemand, italien et anglais. L’abstract à envoyer avant le 15 septembre ne doit pas excéder les 600 mots. Il est accompagné d’un dossier iconographique (6-8 images), d’une brève bibliographie et d’une notice biographique.

Les contributions peuvent être adressées à Anne-Katrin.Weber@unil.ch

Parution: Her Stories. Daytime Soap Opera and US Television History

Le début de l’année a vu la parution de l’ouvrage « Her Stories. Daytime Soap Opera and US Television History » chez Duke University Press. Signé par la professeure en Media, Cinema et Digital Studies à l’Université du Wisconsin–Milwaukee, Elena Levine, le livre propose une histoire culturelle et économique des feuilletons télévisés aux États-Unis, depuis leurs débuts à la fin des années 1940 jusqu’à leur déclin au 21e siècle. L’étude approche ainsi l’histoire de la télévision en croisant des questions industrielles, de genre, de génération et de race.

La chercheuse dit au sujet du texte sur lequel elle a travaillé pendant douze ans: « I started to realize that there was a story to tell here that would arch over all of television history from the 1940’s and 50’s up to the present. One of the things that led me to the focus of my book was in the late 2000’s, a number of daytime soap operas started to get canceled and there were four shows that were on for decades that got canceled between 2009 and 2012. It made me realize that there was a kind of an end to this story. »

 

Présentation de l’ouvrage:

« Since the debut of These Are My Children in 1949, the daytime television soap opera has been foundational to the history of the medium as an economic, creative, technological, social, and cultural institution. In Her Stories, Elana Levine draws on archival research and her experience as a longtime soap fan to provide an in-depth history of the daytime television soap opera as a uniquely gendered cultural form and a central force in the economic and social influence of network television. Closely observing the production, promotion, reception, and narrative strategies of the soaps, Levine examines two intersecting developments: the role soap operas have played in shaping cultural understandings of gender and the rise and fall of broadcast network television as a culture industry. In so doing, she foregrounds how soap operas have revealed changing conceptions of gender and femininity as imagined by and reflected on the television screen. »

Signalons par ailleurs que notre collègue de la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’Université de Lausanne, Delphine Chedaleux, proposait en 2019 un séminaire intitulé « Le soap opera et ses spectatrices : une approche par les cultural studies ». Elle prépare actuellement un ouvrage sur le soap opera que nous ne manquerons pas de relayer!

 

BLM II: Black Is Beautiful, 1973 et Jetzt reden wir Schwarzen, 2020

A la lumière des violences policières contre la population afro-américaine aux États-Unis, et du mouvement international Black Lives Matter qui mène une lutte acharnée pour combattre ces violences, nous publions ici des documents issus des archives télévisuelles. Ceux-ci éclairent l’histoire des luttes anti-racistes et anti-impérialistes américaines et leur représentation à la télévision en Suisse .

Après l’entretien réalisé dans l’émission La Voix au chapitre en 1975 avec Angela Davis, nous poursuivons la série avec la présentation d’une émission réalisée en 1973 par la TSR sous le titre Black is Beautiful. En plus d’être une redécouverte d’une production télévisuelle largement oubliée, cette émission fait directement écho aux vifs débats qui ont accompagné très récemment l’Arena sur la SRF – la version suisse allemande d’Infrarouge. En porte à faux avec les déclarations de bonnes intentions de la part de ses producteurs, cette émission a permis la diffusion d’un discours discriminatoire et niant les problèmes structurels de racisme quotidien que les personnes de couleur rencontrent toujours en Suisse. Ayant ainsi trahi son objectif de donner la voix aux personnes concernées par le racisme, la SRF a programmé une deuxième discussion censée corriger le discours porté par le premier débat télévisé.

Black is Beautiful, 17 mai 1973: « Des Noirs parlent des Noirs »

Radio TV je vois tout, 10 mai 1973

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diffusée le jeudi 17 mai 1973 à l’heure du prime time, de 20h15 à 22h45, Black is Beautiful fait partie d’un nouveau format d’émissions promu sous le titre Grand Soir. Une première émission-test, dédiée à l’Irlande, a été diffusée en août 1972; Black is Beautiful est présentée comme la « véritable première édition de cette nouvelle émission ».

La spécificité de Grand Soir consiste à réunir des productions de genres divers – spectacle, variété, informations – autour d’une seule thématique. Celle-ci est ainsi explorée sous de nombreux angles pendant deux heures et demie. Chaque volet propose de mobiliser « plusieurs moyens de la télévision »: le reportage, le direct, le plateau… Le second volet de Grand Soir est diffusé le vendredi 2 novembre 1973 et est entièrement dédié au sujet de Folie, ma soeur; en avril 1975, la TSR se penche sur le sujet Vivre son corps, alors qu’en 1976, lors de la dernière mouture, une soirée est dédiée à la musique.

Le réalisateur de Black is Beautiful, Raymond Vouillamoz, revient sur les ambitions du concept quelque peu expérimental dans un article publié à l’occasion du second volet de Grand Soir, en novembre 1973. Il explique:

« Trop souvent, la télévision sert uniquement de véhicule aux moyens d’expression classiques tels le journalisme, le cinéma ou le théâtre. Or, nous pensons que la richesse technique et la souplesse horaire dont dispose la télévision lui permettent, tout en empruntant à des domaines connus, de rechercher un langage spécifique. Avec « Grand Soir », nous essayons d’explorer toutes ses possibilités. » (Radio TV – Je vois tout, 25 octobre 1973)

La première partie de Black is Beautiful mélange ainsi des débats en direct sur le plateau, des intermèdes de danse contemporaine, de musique folk et des performances de théâtre auxquels s’ajoutent des reportages enregistrés. Outre l’envie d’expérimentation qui caractérise l’émission et qui la rend précieuse d’un point de vue de l’histoire des programmes de la RTS, c’est sa thématique et sa mise en scène qui la rendent particulièrement pertinente dans le contexte actuel. Sur le plateau du journaliste Pierre-Pascal Rossi se réunissent des invité·e·s illustres: l’écrivain James Baldwin, le chanteur Richie Havens, Ernst Morgan, danseur et chorégraphe, Eleanor Hicks, consule des USA à Nice et première femme noire à avoir accédé à ce poste, Stanislas Spero Adotevi, philosophe, Albert Tevoedjre, sous-directeur général du Bureau international du travail, Jean-Pierre N’Diaye, sociologue, Maryam Maxim, comédienne. L’émission s’ouvre sur un gros plan de Maryam Maxim qui cite un texte de Stanislas Spero Adotevi tiré de son ouvrage Négritude et Négrologues :

Le nègre n’est pas une couleur, c’est une valeur. Le nègre qui n’a pas foi dans la réhabilitation de sa race n’est pas un homme. Black is Beautiful.

S’enchaînent ensuite des interventions en direct d’artistes et d’intellectuel·le·s présents sur le plateau ainsi qu’une série de reportages organisée autour des trois thématiques: servitude, choc de deux cultures et libération. Dans toutes ces réalisations, une large place est donnée aux personnes noires et à leurs expériences aux États-Unis et en Europe. Si certains éléments de l’émission nécessitent un regard critique – je pense en particulier à l’utilisation à des fins décoratives de l’art africain dans le studio qui rappelle l’héritage colonial des musées occidentaux – la réalisation de la TSR est remarquable dans sa manière de faire une place aux artistes, intellectuel·le·s et figures de la vie politique noir·e·s :

 

Arena, 12 juin 2020: « Jetzt reden wir Schwarzen »

A travers ses thématiques, Black is Beautiful aborde ainsi non seulement des sujets tels que le racisme ou les inégalités structurelles qui en découlent, mais honore également sa devise « des noirs parlent des noirs » en ouvrant le plateau à des femmes et hommes noir-e-s.

Le 12 juin 2020, suite au meurtre de George Floyd et au mouvement BLM qui prend de l’ampleur dans les villes suisses, l’émission Arena de la SRF emprunte ce même titre, « Jetzt reden wir Schwarzen », maintenant, nous les noirs parlons. Déjà en amont de l’émission, toutefois, de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux dénoncent la composition des invité·e·s qui ne respecte pas le slogan choisi, et dont la photographie de plateau rend compte au premier coup d’oeil:

Sur le devant de la scène discutent outre le présentateur Sandro Brotz (au milieu): Andrea Geissbühler, conseillère nationale UDC et policière; James Foley, représentant du parti des républicains américains et supporter de Trump; le comédien Kiko et la conseillère nationale PS Samira Marti. Placées sur les bancs du public (absent en raison du COVID-19) en arrière-fond figurent Angela Addo, membre de la JUSO et militante dans le mouvement Black Lives Matter et Gabriella Binkert, UDC. Manuel Obafemi Akanji, footballeur, intervient via un entretien enregistré. Ainsi, 3 des 4 interventant·e·s principaux sont blancs; la parole des personnes de couleur est littéralement reléguée à la marge. Au lieu de faire une place aux expériences des personnes noires en Suisse, on entend avant tout les voix privilégiées de personnes blanches niant tout problème de racisme ou d’inégalités structurelles. Ainsi, Andrea Geissbühler proclame qu’ « aucun membre de l’UDC n’est raciste ».  James Foley s’était déjà fait un nom en 2016 sur le site watson.ch lorsqu’il proclamait qu’Obama n’était pas américain puisque son certificat de naissance était falsifié.

A la suite de l’émission, 130 plaintes sont déposées auprès de l’Ombudsman de la SRF. Dans la presse et sur les réseaux sociaux, les critiques fusent quant aux nombreux problèmes soulevés par la conception même de l’émission. Face à ce désastre politique et institutionnel, Sandro Botz s’excuse publiquement de l’échec de son émission et organise une deuxième mouture le 19 juin 2020, avec cette fois exclusivement des invité·e·s de couleur.

L’émission Arena de juin 2020 représente ainsi un cas d’école à la fois des préjugés et discriminations racistes qui persistent en Suisse et de l’importance des résistances contre cette forme d’oppression. Le détour via les archives de la télévision suisse permet un éclairage historique de ces débats et nous fait découvrir une réflexion sur la représentation des questions raciales à la télévision qui, presque 50 ans après, n’a malheureusement en rien perdu de son actualité.

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Un grand merci à RTS Archives, et en particulier à Marielle Rezzonico, pour la mise à disposition du clip de Black is Beautiful.

 

Parution: Minor Cinema. Experimental Film in Switzerland

L’ouvrage Minor Cinema: Experimental Film in Switzerland est paru en mai 2020 aux Presses du Réel. Edité par François Bovier, Adeena Mey, Thomas Schärer et Fred Truniger, il retrace l’évolution du cinéma expérimental suisse du milieu des années 1960 au début des années 2000. Cette première étude exhaustive sur le cinéma alternatif et d’avant-garde helvétique réunit des essais sur des artistes multimédia et des cinéastes expérimentaux, sur des critiques d’art et de cinéma ainsi que sur des commissaires d’exposition suisses et américains.

« Abordant les relations entre l’art contemporain et le cinéma underground, les films formels et amateurs, la vidéo, le « cinéma élargi » et la performance, la scène locale et les influences extérieures, il souligne également le rôle vital des écoles d’art, des festivals et de divers protagonistes clés ».

Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre du projet de recherche Le cinéma expérimental en Suisse depuis les années 1950 financé par le Fonds national suisse de la recherche (un colloque éponyme a été organisé par l’UNIL et la Cinémathèque en 2012). Il fait également suite à plusieurs ouvrages édités par François Bovier sur le cinéma expérimental et l’art vidéo :

Early Video Art and Experimental Film Networks, Lausanne, ECAL, 2017.

Avec Adeena Mey, René Berger. L’art vidéo2014.

Parution: In the studio. Visual Creation and Its Material Environments

L’historien de la culture visuelle et des médias à l’Université de Toronto, Brian R. Jacobson, a dirigé un ouvrage qui est paru ce mois chez University of California Press. Intitulé In the Studio. Visual Creation and Its Material Environments, l’ouvrage se propose de penser la diversité des significations et enjeux que revêt le studio, « at once, material environments and symbolic forms, sites of artistic creation and physical labor, and nodes in networks of resource circulation ». Ce faisant, le volume aspire à démontrer que, « when we foreground these worlds, we gain new insights into moving-image culture and the dynamics that quietly mark the worlds on our screens. »

Studio de la BBC à l’exposition Radiolympia, 1938.

Notre collègue Anne-Katrin Weber a contribué à l’initiative avec le chapitre « Ephemeral Studios: Exhibiting Televisual Spaces during the Interwar Years ». Elle y montre comment le studio était un élément central dans les modalités de présentation de la télévision dans les exposition et foires de l’entre-deux-guerres. 

« Contrary to permanent studios, exhibition’s studios were built to be disassembled: their ephemerality corresponded to the exhibition’s own temporality as a fleeting event for the celebration of consumer culture and new technology » souligne l’historienne de la télévision dont la contribution permet un éclairage nouveau sur l’histoire du média et sur la manière dont son identité s’est construite avant qu’il ne devienne un media de masse.

 

Série de podcasts: Aujourd’hui à la télévision

L’historien Thibault Le Hégarat a lancé en 2018 une série de podcasts sur l’histoire de la télévision française. Ce docteur en histoire contemporaine, enseignant et spécialiste de l’histoire culturelle de la télévision partage depuis plusieurs années ses connaissances sur le média par le biais de formats originaux.

Dans sa série de podcasts Aujourd’hui à la télévision, l’historien présente les programmes de la télévision d’une journée entière, quelque part entre 1949 et 2018, et dans un ordre aléatoire. Le site propose par ailleurs une transcription de chaque épisode pour les personnes sourdes et malentendantes.

 

Cinq épisodes composent cette série :

« 1962. Le temps des copains »

« 1967 ou le passage à la couleur »

« 1969, les Français écrivent aux Shadoks »

« 1987. La privatisation de TF1 »

« 2001. Les attentats du 11 septembre »

 

 

Pour suivre les projets de Thibault Le Hégarat:

Lire son ouvrage « Chefs-d’oeuvre et racines: Le patrimoine à la télévision, des origines à aujourd’hui », paru en 2019 dans la collection Médias et Humanités de l’Ina.

Découvrir le carnet de recherche « Patrimoine et télévision » qui a accompagné le chercheur lors de ses travaux doctoraux et post-doctoraux.

Visionner d’autres vidéos de l’historien sur sa chaîne YouTube.

Parution: Displaying the “Big Family of Telecommunications”

Notre équipe a le plaisir d’annoncer la parution de l’ouvrage collectif History of the International Telecommunication Union (ITU). Transnational techno-diplomacy from the telegraph to the Internet aux éditions De Gruyter. Dirigé par Gabriele Balbi et Andreas Fickers, il retrace l’histoire de la plus ancienne organisation internationale, l’Union internationale des télécommunications (UIT), de sa création en 1865 jusqu’à aujourd’hui. Les 13 chapitres qui composent le volume reviennent, dans une perspective transnationale, sur les stratégies de régulation et les manœuvres techno-diplomatiques qui ont entouré la coordination des technologies de l’information et de la communication : des télégraphes au satellite, en passant par la téléphonie mobile, la radio, la télévision et Internet.

 

 

Sous la direction d’Anne-Katrin Weber, l’équipe TV élargie a participé à cette réflexion collective et s’est intéressée au cas suisse. Alors que le gouvernement helvétique occupe dès 1875 une place de premier plan dans le fonctionnement de l’UIT, la Suisse perd ses privilèges lorsque l’organisation, à l’origine européenne, se voit rattachée en 1947 aux Nations Unies. Notre étude s’intéresse à l’une des stratégies mises en oeuvre par le pays pour renégocier sa place au sein de l’organisation mondiale : les expositions de télécommunications.

 

 

 

 

 

Le chapitre « ITU Exhibitions in Switzerland : Displaying the « Big Family of Telecommunications », 1960s-1970s » retrace donc les différentes expositions organisées en Suisse sous l’égide de l’UIT et souligne leur rôle stratégique pour les deux partis. Plateforme de promotion des nouvelles technologies de télécommunications et d’une tradition d’un savoir-faire helvétique, lieu de diffusion des valeurs phares de l’UIT et voie d’accès de l’industrie helvétique aux marchés internationaux, ces expositions, véritable arènes techno-diplomatiques, permettent à la Suisse de maintenir une position privilégiée au sein de la grande famille des télécommunications.

L’introduction et la table des matières de l’ouvrage sont disponibles en libre accès ici.

 

 

Télévision et football en Suisse (1950′-1970′)

Nous avons le plaisir d’accueillir sur notre site web une contribution du chercheur à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne, Philippe Vonnard. Ce spécialiste de l’histoire du football européen nous a en effet proposé l’article « Télévision et football en Suisse. « Proto-histoire » d’une coopération (années 1950′-1970′) ».

Archives de la RTS. L’empire Servette (2), 30.10.81

« Les relations entre sport et télévision apparaissent de nos jours aller de soi. Il n’en a pas toujours été ainsi. Retour sur le cas suisse des années 1950 et 1970, une période que l’on pourrait qualifier de « proto-histoire » du football dans les programmes TV de la SSR. Car si les grands changements en matière de retransmission interviennent dans les années 1980-1990, ceux-ci prennent appui sur la coopération mise en place 30 ans plus tôt. »

A découvrir ici.

 

BLM I: Entretien avec Angela Davis à la TSR en 1975

A la lumière des violences policières contre la population afro-américaine aux États-Unis, et du mouvement international Black Lives Matter qui mène une lutte acharnée pour combattre ces violences, nous publions ici des documents issus des archives de la RTS  éclairant l’histoire des luttes anti-racistes et anti-impérialistes américaines, ainsi que leur représentation à la Télévision suisse romande.

Nous commençons cette série avec l’entretien d’Angela Davis diffusé le lundi 9 juin 1975 dans l’émission La voix au chapitre. Cette émission culturelle d’une demie-heure, à l’antenne de 1971 à 1980, donne la parole principalement à des personnalités du domaine littéraire. L’invitation d’Angela Davis fait suite à la publication, en 1974, de son autobiographe, traduite l’année suivante en français et publiée chez Albin Michel.

Loin de l’entretien promotionnel accompagnant la sortie d’un nouvel ouvrage, Angela Davis propose ici une analyse de l’histoire des luttes des populations noires aux États-Unis, une réflexion sur les liens entre marxisme et féminisme et l’importance d’une analyse intersectionnelle de ces problématiques, ainsi qu’un bref retour sur son parcours universitaire, dont une partie s’est déroulé en Europe.

 

 

Un mois avant cet entretien, les lectrices et lecteurs de Radio TV Je vois tout, le magazine officiel de la SSR, publie un article d’une page accompagnée d’une photo de Davis au poing levé, geste iconique des membres du parti des Black Panther. Retraçant sa trajectoire de sa naissance en 1944 à Birmingham aux années révolutionnaires, l’article souligne également en quoi l’ (auto-)biographie de cette militante, intellectuelle et auteure afro-américaine demeure d’actualité – et ceci encore aujourd’hui:

 

Radio TV Je vois tout, 8.5.1975

 

Si le cas retentissant d’Angela Davis a pu faire oublier à l’opinion publique que les prisons américaines sont peuplées de prisonniers politiques noirs – qui y ont connu et y connaissent des sorts plus tragiques que le sien – elle se charge de le rappeler en les intégrant très largement dans cette autobiographie de militante. Ces condamnés s’ajoutent aux «frères de Soleda» qui font partie et sont à l’origine de «l’affaire Angela Davis».

 

Hommage à Liliane Annen, réalisatrice de télévision

La réalisatrice de télévision Liliane Annen est décédée le 14 mai 2020. Scripte à la Télévision Suisse Romande depuis 1959, elle travaille aux côtés de Claude Goretta ou encore de Jean-Claude Diserens à la réalisation de dramatiques. Liliane Annen exerce également son métier de script en-dehors de l’institution télévisuelle et se lance dans des projets à la fois ambitieux et originaux. Elle assiste Michel Soutter pour la réalisation des long-métrages de fiction L’Escapade (1974) et Les Arpenteurs (1982) et participe en tant que script free-lance à la production d’émissions médicales et scientifiques pour l’entreprise pharmaceutique Ciba.

Nommée réalisatrice en 1972, Liliane Annen travaille à la TSR pour des genres d’émissions très variés – culturels, scientifiques et ethnographiques – et signe à partir de 1980 de nombreux reportages pour Temps Présent avant de prendre sa retraite en 1996. Avec Evelyn Bovard, Catherine Borel, Krassimira Rad et Simone Mohr, elle fait partie des premières femmes à avoir investi la réalisation télévisuelle en Suisse romande ; métier qu’elle a pratiqué avec talent et audace.

 

Hommage à Liliane Annen - rts.ch - Grands formats

 

« Hommage à Liliane Annen », Les Archives de la RTS, 26 mai 2020.

Voir son reportage « Les gens du Rôtillon » réalisé le 11 octobre 1976 pour l’émission A vous de choisir votre avenir.